"Ne pas vivre dans la peur": un père de famille, vivant aux États-Unis depuis 16 ans, s'auto-expulse

Kangethe, un père de famille de nationalité kenyane, a décidé de s'auto-expulser des États-Unis, où il vivait depuis 16 ans, pour "ne pas vivre dans la peur", rapporte CNN.
En effet, depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, près de 200.000 personnes ont été expulsées par l'ICE, les services américains de l'immigration. Par peur de se faire arrêter lui aussi, il a pris cette décision radicale de retourner au Kenya, en laissant son épouse et ses enfants aux États-Unis.
Malgré un travail stable, une vie bien insérée et une famille aux États-Unis, il s'est retrouvé en situation irrégulière car il n'a pas réussi à obtenir un rendez-vous pour le renouvellement de son titre de séjour.
Devenu expulsable depuis peu
Âgé de 39 ans, il était arrivé dans le pays de l'Oncle Sam en 2009 avec un visa étudiant pour "obtenir un diplôme universitaire", ce qui s'est produit. En parallèle de ses études, Kangethe a aussi fondé une vie de famille et a bénéficié d'une carte verte dite "conditionnelle" pendant deux ans.
Sauf qu'au moment du renouvellement, en 2014, les services de l'immigration ont estimé que le mariage était "frauduleux" et n'a donc pas obtenu de carte de résident permanent. "De 2014 à aujourd'hui, je retournais systématiquement aux bureaux fédéraux de l'immigration et ils tamponnaient mon passeport pour prolonger mon titre de séjour temporaire, ce qui me permettait de travailler", a-t-il déclaré à CNN.
L'année dernière, il n'a pas réussi à obtenir de date d'audience pour faire le prolongement de son titre de séjour. En dépit d'un nouveau mariage, de la naissance de sa fille et d'une situation professionnelle stable, il est devenu expulsable.
Après avoir déposé des recours et dépensé des dizaines de milliers de dollars en frais d'avocat, il a estimé qu'il préférait "rentrer avec dignité, en un seul morceau", plutôt que "d'arriver à l'aéroport enchaîné".
"Les enfants se sont effondrés"
Une situation difficile à accepter pour son épouse, Latavia. "J'ai essayé de le convaincre de rester, mais ça n'a pas marché", a-t-elle expliqué à CNN avant d'ajouter: "Je lui ai dit que nous pouvions solliciter une assistance juridique supplémentaire, mais à ce stade, il avait déjà pris sa décision."
Le choix de Kangethe et l'idée potentielle d'une expulsion sont aussi difficiles à comprendre ses enfants.
"Les enfants se sont effondrés et moi aussi. J'ai essayé d'être fort en leur disant que c'était la meilleure option pour moi afin d'éviter de vivre dans la peur", souligne Kangethe.
Pour essayer d'adoucir la situation, Kangethe a préparé son retour sur plusieurs mois. Il a commencé par démissionner en mai puis a passé tout l'été avec sa famille pour profiter de chaque instant. Sport, activités, jeux en plein air, longs repas de famille... Kangethe a essayé d'imprimer tous ces moments dans son esprit pour les emporter avec lui. Il a finalement quitté les États-Unis le 17 août.
Deux mois sont passés et la famille tente toujours de trouver un rythme. Entre le décalage horaire et les emplois du temps de chacun, il n'est pas toujours facile de trouver des moments pour caler des appels en visio. Kangethe et le reste de la famille espèrent toujours une régularisation de la situation, afin qu'il puisse revenir aux États-Unis et y vivre de façon légale.