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Réseaux sociaux

États-Unis: la police de l’immigration veut pouvoir surveiller les réseaux sociaux  24h/24 pour nourrir sa politique d'arrestations massives

Des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis à New York (photo d'illustration).

Des agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) des États-Unis à New York (photo d'illustration). - AFP

L’ICE, l'autorité américaine de l’immigration, veut créer une équipe travaillant 24h/24 et 7jours/7 pour analyser les réseaux sociaux et ainsi faciliter sa politique d'arrestations

Les autorités américaines de l’immigration préparent une expansion majeure de leur surveillance en ligne. L’agence Immigration and Customs Enforcement (ICE) prévoit, en effet, de recruter une trentaine de prestataires privés chargés d’analyser les réseaux sociaux afin d’en extraire des informations exploitables pour ses opérations de perquisition et d’arrestation.

Ces équipes fouilleront les publications, photos et messages diffusés sur Facebook, Instagram, TikTok, YouTube et d’autres plateformes, dans le but de transformer ces données publiques en pistes d’enquête.

Ouvert 24h/24 et 7j/7

D’après des documents fédéraux consultés par le magazine WIRED, l’ICE cherche à externaliser ce dispositif de surveillance à long terme en s’appuyant sur deux centres de ciblage discrets situés dans le Vermont et en Californie du Sud. Les prestataires seront responsables d’un service actif en continu, 24 heures sur 24, et devront fournir des résultats rapides et précis.

Le centre de Williston, dans le Vermont, couvrira l’est du pays, tandis que celui de Santa Ana, en Californie, supervisera la zone ouest. Ensemble, ces deux structures deviendront des relais centraux pour la collecte et l’analyse de renseignements au sein de l’agence. Les plans internes précisent également la composition de ces unités : des analystes seniors, des responsables d’équipe et des chercheurs travailleront de concert pour traiter un flux permanent de données.

Environ douze sous-traitants seront affectés au Vermont, tandis que seize personnes opéreront en Californie, avec une permanence assurée jour et nuit. Ces équipes regrouperont leurs découvertes dans des dossiers destinés à soutenir directement les bureaux de terrain de l’ICE.

Un dispositif hors-norme

Et le dispositif s’étendra bien au-delà des réseaux sociaux. Les prestataires auront accès à des bases de données puissantes comme LexisNexis, Accurint et Reuters, leur permettant de croiser les informations en ligne avec des données personnelles issues de registres fonciers, de factures et d’immatriculations.

Un manifestant contre l'ICE arrêté lors d'un rassemblement à Chicago, le 4 octobre 2025
Un manifestant contre l'ICE arrêté lors d'un rassemblement à Chicago, le 4 octobre 2025 © Photo par OCTAVIO JONES / AFP

Les délais de traitement imposés seront stricts: trente minutes pour les urgences liées à la sécurité nationale, une heure pour les cas prioritaires et vingt-quatre heures pour les autres. L’agence attend de ses futurs partenaires un taux de conformité “d’au moins 75% aux délais, avec un objectif optimal de 95%”.

Parallèlement, l’ICE cherche à renforcer la dimension technologique du projet. Elle demande aux prestataires de proposer des solutions intégrant l’intelligence artificielle afin d’automatiser la détection de comportements suspects et d’améliorer la précision des alertes. Ce programme s’inscrit dans la continuité de projets antérieurs, révélés par The Intercept et 404 Media, portant sur l’analyse automatisée des discours négatifs envers l’agence et sur l’usage de la reconnaissance faciale.

Et la surveillance de masse ne s’arrête pas là. Il y a quelques jours, la police de l’immigration a finalement annoncé qu’elle utiliserait les données de géolocalisation de centaines de millions de smartphones dans sa chasse aux immigrés illégaux. En bref, George Orwell peut se féliciter, il avait vu juste.

Raphaël Raffray