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Immigré envoyé par erreur au Salvador: ramené aux États-Unis, Kilmar Abrego Garcia demande à rester en détention

Une manifestante tient une pancarte dénonçant l'expulsion par erreur de Kilmar Abrego Garcia au Salvador, à New York, le 24 avril 2025

Une manifestante tient une pancarte dénonçant l'expulsion par erreur de Kilmar Abrego Garcia au Salvador, à New York, le 24 avril 2025 - Michael M. Santiago

Kilmar Abrego Garcia, habitant du Maryland marié à une Américaine, avait été expulsé des États-Unis par erreur et envoyé en détention. Désormais renvoyé sur le sol américain, il a demandé à rester en prison par peur d'être expulsé une nouvelle fois.

Un immigré salvadorien expulsé par erreur puis ramené après des mois de guérilla judiciaire aux États-Unis, où il est désormais accusé d'avoir transporté des migrants clandestins, a demandé vendredi 27 juin une prolongation de sa détention, par crainte d'être expulsé dès sa libération.

Le cas de Kilmar Abrego Garcia, habitant du Maryland marié à une Américaine, cristallise l'opposition entre la justice fédérale, dont la Cour suprême, et l'exécutif, accusé d'obstruction vis-à-vis des tribunaux qui contrarient sa politique d'expulsions massives.

Après s'être déclarée dans l'incapacité de ramener Kilmar Abrego Garcia, expulsé vers le Salvador le 15 mars avec plus de 250 hommes, la plupart pour appartenance présumée à un gang vénézuélien, l'administration Trump l'a ramené aux États-Unis le 6 juin. Mais elle a aussitôt annoncé qu'il était désormais poursuivi pour trafic de migrants.

Une juge fédérale américaine de Nashville a rejeté son maintien en détention sur la base de ces poursuites pénales et a fixé mercredi les conditions de la libération. Elle a par ailleurs précisé que Kilmar Abrego Garcia était accusé d'aide au séjour illégal mais pas de "trafic" de migrants.

Une requête "paradoxale"

Mais les avocats de ce dernier ont officiellement demandé vendredi à la juge de surseoir à cette libération jusqu'à une audience dans ce dossier le 16 juillet, se disant "bien conscients du caractère paradoxal de cette requête".

Ils font notamment valoir que les représentants du gouvernement ont évoqué devant un autre tribunal la veille la possibilité "d'expulser Kilmar Abrego Garcia vers un pays tiers" une fois qu'il aura été relâché et affirment "ne pouvoir accorder aucun crédit aux déclarations du ministère de la Justice dans ce dossier".

De son côté, le gouvernement rappelle ne pas avoir fait mystère de sa volonté de reprendre la procédure en vue de l'expulsion de Kilmar Abrego Garcia s'il était libéré, mais indique ne pas s'opposer à cette prolongation de sa détention.

Donald Trump a érigé la lutte contre l'immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une "invasion" des États-Unis par des "criminels venus de l'étranger" et communiquant abondamment sur les expulsions d'immigrés.

Mais son programme d'expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.

J.D. avec AFP