Huit jours avant son départ, Barack Obama met fin au régime spécial d'immigration pour les Cubains

Barack Obama, le 29 juin 2016 - Brendan Smialowski - AFP
Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi, avec effet immédiat, la fin d'un dispositif en place depuis des décennies accordant un permis de séjour aux immigrants clandestins cubains arrivés sur le territoire américain.
Deux ans après le début du spectaculaire rapprochement entre Washington et La Havane, l'abrogation de ce régime spécial répond à une demande de longue date du régime communiste qui y voyait une incitation à l'exil de ses ressortissants.
"Normaliser les relations avec Cuba"
Cette décision, prise à huit jours du départ de Barack Obama de la Maison Blanche, est un moyen pour le président démocrate de cimenter un peu plus un rapprochement sur lequel son successeur républicain Donald Trump s'est montré réservé.
"Aujourd'hui, les États-Unis franchissent des étapes importantes pour normaliser les relations avec Cuba (...) en mettant fin à la politique connue sous le nom de 'pieds secs, pieds mouillés' qui avait été mise en place il y a plus de vingt ans et avait été conçue pour une époque différente", a indiqué Barack Obama dans un communiqué.
Un an de négociations
Cette démarche signifie que "nous traitons désormais les immigrants cubains de la même façon que les immigrants d'autres pays", a-t-il ajouté. À présent, les Cubains qui tentent d'entrer illégalement aux États-Unis et ne répondent pas aux critères d'assistance humanitaire "seront expulsés", a explicité la Maison Blanche.
Cette mesure a été qualifiée d'étape "importante" par le gouvernement cubain. "Au terme de près d'un an de négociations (...) cet engagement doit contribuer à la normalisation des relations migratoires, marquées depuis la victoire de la révolution (castriste en 1959) par l'application de politiques agressives par les administrations américaines successives, qui ont encouragé la violence, la migration clandestine et le trafic de personnes, provoquant de nombreuses morts d'innocents", a relevé La Havane dans un communiqué.
"Pieds secs, pieds mouillés"
Depuis une loi entrée en vigueur en 1966 en pleine Guerre froide, les émigrants cubains se voyaient offrir des facilités d'installation aux États-Unis avec la possibilité d'obtenir une résidence permanente au bout d'un an. Après l'exode massif de la "crise des balseros" (de "balsas", les embarcations de fortune servant à prendre la mer) en 1994, les deux pays avaient conclu un accord migratoire prévoyant la délivrance par les États-Unis de 20.000 visas par an et le rapatriement à Cuba des immigrants illégaux interceptés en mer.
La combinaison de cet accord et de la loi migratoire a débouché sur la politique connue sous le nom de "pieds secs, pieds mouillés", selon laquelle les autorités acceptaient les immigrants qui touchaient terre et renvoyaient à Cuba ceux récupérés en mer.
Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a laissé plané le doute sur la position qu'il entendait adopter sur le dossier cubain. Fin novembre, l'homme d'affaires avait menacé d'un tweet de mettre fin au dégel si La Havane n'offrait pas davantage de contreparties sur les droits de l'homme ou sur l'économie de marché. Le président élu a par ailleurs qualifié Fidel Castro, décédé le 25 novembre à 90 ans, de "dictateur brutal qui a opprimé son peuple pendant près de six décennies". Des propos qui tranchaient avec ceux de Barack Obama qui avait qualifié Fidel Castro de "figure singulière" dont "l'Histoire jugera de l'impact énorme".