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États-Unis

Face à la Corée du Nord, Trump redouble de virulence

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Engagé dans une escalade verbale avec Pyongyang depuis des mois, le président des Etats-Unis estime ce jeudi soir ne pas être assez loin dans ses menaces. Son ministre de la Défense tente de calmer le jeu.

Loin d'essayer de faire retomber la fièvre, Donald Trump a redoublé de virulence face à la Corée du Nord en estimant que sa formule "le feu et la colère" promis à Pyongyang n'était "peut-être pas assez dure".

Sur un ton moins martial, le ministre américain de la Défense Jim Mattis a insisté jeudi sur le fait que "l'effort américain est porté par la diplomatie".

Il y a "des résultats diplomatiques et je veux rester sur cette dynamique", a-t-il déclaré lors d'un déplacement en Californie, où il a mis en garde contre le scénario "catastrophique" d'un conflit armé.

Pyongyang détaille son plan

Accusé par le régime de Kim Jong-Un d'avoir perdu la raison, le président américain a lui défendu sa formule controversée sur "le feu et la colère", estimant qu'elle n'était "peut-être pas assez dure".

"Il est grand temps que quelqu'un parle haut et fort pour les habitants de notre pays et les habitants d'autres pays", a-t-il déclaré depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il passe des vacances.

Pyongyang a présenté son projet détaillé pour tirer quatre missiles au-dessus du Japon vers le territoire américain de Guam, avant-poste stratégique des forces américaines dans le Pacifique sur la route de l'Asie. Cela constituera "un avertissement crucial aux Etats-Unis", a prévenu la Corée du Nord.

Cette guerre rhétorique autour des programmes balistique et nucléaire de Pyongyang alimente les craintes d'une erreur de calcul qui aurait des conséquences catastrophiques sur la péninsule coréenne et au-delà.

Le spectre de frappes préventives

En juillet, le Nord a mené deux tirs réussis de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), mettant une bonne partie du continent américain à sa portée.Interrogé sur d'éventuelles frappes préventives, Donald Trump, est resté évasif.

"Nous ne nous exprimons pas là-dessus. Je ne le fais jamais (...). Nous verrons ce qui se passera", a-t-il dit, au lendemain d'un tweet particulièrement menaçant dans lequel il insistait sur la puissance de l'arsenal nucléaire américain.

"Nous nous préparons à de nombreux scénarios différents", a-t-il ajouté. "Si la Corée du Nord fait quoi que ce soit -ne serait-ce qu'en songeant à attaquer des gens que nous aimons, ou nos alliés, ou nous-mêmes- ils devront vraiment s'inquiéter". L'Australie a apporté vendredi matin son soutien aux Etats-Unis en cas d'attaque nord-coréenne.

Une mini-crise des missiles cubains ?

La région risque "une mini-crise des missiles cubains", a jugé John Delury, professeur à l'université Yonsei de Séoul. En 1962, l'installation de fusées nucléaires soviétiques à Cuba avait provoqué une surenchère et fait craindre à la planète une guerre atomique.

Réaffirmant que la Chine, principal partenaire économique de Pyongyang, pouvait "faire beaucoup plus" pour mettre la pression sur le régime de Kim Jong-Un, le président américain a affiché sa conviction que les lignes allaient bouger sur ce front.

"Ils savent ce que j'en pense. Cela ne va pas continuer comme ça", a-t-il assuré.

"Un dialogue sensé n'est pas possible"

Les propos incendiaires de Donald Trump sont autant "d'absurdités", a déclaré le général Rak-Gyom, commandant des forces balistiques nord-coréennes, cité par l'agence officielle KCNA. "Un dialogue sensé n'est pas possible avec un gars comme ça qui a perdu la raison".

L'armée nord-coréenne apportera les touches finales à son projet contre Guam d'ici la mi-août et le soumettra pour évaluation au jeune dirigeant nord-coréen, a-t-il ajouté.

Quatre missiles seront tirés simultanément et survoleront les préfectures japonaises de Shimane, Hiroshima et Koichi, a expliqué l'armée. Les engins "voleront 17 minutes et 45 secondes sur une distance de 3.356,7 km, et s'écraseront en mer à 30 ou 40 km de Guam". Ils s'abîmeraient ainsi à l'extérieur des eaux territoriales américaines.

Jé. M. avec AFP