Élections présidentielles américaines 2024
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Fake news, attaques personnelles, IVG... Les moments forts du débat entre Donald Trump et Kamala Harris

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Kamala Harris et Donald Trump ont débattu pour la première fois à quelques semaines de l'élection présidentielle. Le duel, tendu, a donné lieu à plusieurs passes d'armes sur l'avortement, l'élection de 2020 ou encore les guerres à Gaza et en Ukraine.

Près de deux heures d'arguments et d'invectives. Kamala Harris et Donald Trump ont ferraillé mardi 10 septembre lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique à moins de deux mois d'une élection présidentielle historique.

La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais rencontrés, ont échangé pendant plus d'une heure et demie sur de nombreux thèmes de campagne.

· Vive passe d'armes sur le droit à l'avortement

La question de l'avortement, centrale aux États-Unis depuis l'abrogation par la Cour suprême du droit à l'IVG au niveau fédéral, a fait l'objet d'une passe d'armes marquée entre les deux candidats.

Donald Trump, favorable à ce que l'avortement reste du ressort des États, accuse les démocrates de vouloir autoriser l'IVG jusqu'au terme de la grossesse. Une fausse information qu’il a répété face à Kamala Harris, s’en prenant cette fois à son colistier Tim Walz. “Il estime que l'avortement au cours du 9e mois est tout à fait acceptable. Il dit aussi que l'exécution après la naissance est acceptable. Il s'agit d'une exécution, et non plus d'un avortement, parce que le bébé est né”, a lancé l'ancien président. 

"Nulle part en Amérique, une femme ne va aller au terme de sa grossesse pour demander un avortement. Ça n'arrive jamais. C'est insultant pour les femmes d'Amérique", a répondu Kamala Harris.

"J'avais prévenu que nous allions entendre un tissu de mensonges et ce n'est en réalité pas une surprise. Il faut comprendre ce que l'on a là: Donald Trump a choisi lui-même trois membres de la Cour suprême sachant qu'ils mettraient fin à la protection (du droit à l'avortement partout aux États-Unis) et ils ont fait exactement ce qu'ils attendaient", a insisté la candidate démocrate, fervente défenseuse du droit à l'IVG.

· Échanges tendus sur l'immigration, Trump relaye une étonnante fake news

Alors que le débat s'orientait sur l'immigration, sujet central de la campagne, Donald Trump a repris une accusation mensongère venue de son camp selon laquelle des migrants mangent "des chats et des chiens" à Springfield, une ville de l'Ohio.

"À Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent (des migrants, NDLR), ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C'est ce qui se passe dans notre pays", a dit le candidat républicain et ex-président des États-Unis, en référence à une thèse colportée depuis lundi par des ténors républicains et démentie par les autorités au sujet de migrants haïtiens.

Kamala Harris a écouté son adversaire dérouler cette nouvelle fake news avec un visage dépité, avant d'asséner: "Voilà pourquoi j’ai le soutien de 200 républicains qui ont travaillé avec George W. Bush, Mitt Romney et John McCain".

La vice-présidente américaine a par ailleurs accusé Donald Trump d'alimenter la crise migratoire en faisant pression sur son camp pour bloquer un projet de réforme au Congrès. "Ce texte aurait permis d'augmenter les ressources afin de poursuivre les organisations criminelles transnationales pour trafic d'armes, drogues et d'êtres humains. Mais (...) Donald Trump a pris son téléphone, a appelé des membres du Congrès et leur a dit: 'Tuez ce projet de loi'", a-t-elle affirmé.

· L'élection de 2020 et les affaires Trump toujours au centre des débats

Le candidat républicain à la Maison Blanche a, une nouvelle fois, refusé de reconnaître avoir perdu la présidentielle de 2020. "Il y a tellement de preuves, tout ce que vous avez à faire c'est y jeter un œil", a-t-il dit, réitérant ses affirmations non fondées sur des fraudes supposées. "J'ai eu plus de 75 millions de suffrages, plus que n'importe quel président sortant. On m'a dit que lorsque l'on en obtient 63 millions, ce que j'ai obtenu en 2016, on ne peut pas être battu", a déclaré Donald Trump.

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Désormais libérée de Joe Biden, qui est vraiment Kamala Harris?
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Kamala Harris a elle déclaré que Donald Trump avait encouragé les émeutiers qui ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021, tout en rappelant les quatre mises en accusation qui pèsent contre lui. "Il n'y aura plus aucun garde-fou s'il revient à la Maison Blanche, il n'y aura plus personne pour l'arrêter: c'est au peuple américain de l'arrêter", a-t-elle mis en garde.

"Chacune de ces affaires a été intentée par eux [les démocrates] contre leur adversaire politique", a balayé Donald Trump.

· Gaza, Ukraine... Les conflits internationaux divisent

Interrogé sur la guerre à Gaza, Kamala Harris a insisté sur "le droit pour Israël de se défendre". "Mais la façon dont Israël le fait est importante", a-t-elle insisté, rappelant que "trop de palestiniens innoncents ont été tués". La candidate démocrate continue, comme Joe Biden, de plaider pour un "cessez-le-feu" dans l'enclave.

Donald Trump a de son côté accusé Kamala Harris de "détester Israël", affirmant que l’État hébreu “disparaîtrait" si elle était présidente. À l'inverse, Donald Trump a assuré que le conflit au Moyen-Orient n'aurait pas éclaté s’il était toujours aux affaires, tout comme l'invasion de l'Ukraine. "Pourquoi le monde entier explose-t-il? Il y a trois ans, ce n'était pas le cas. Pourquoi le monde explose-t-il?", a-t-il interrogé.

Avec Donald Trump, "Poutine serait actuellement assis à Kiev, son regard tourné vers le reste de l'Europe, à commencer par la Pologne", lui a répondu Kamala Harris, accusant son adversaire de vouloir "abandonner l'Ukraine". L'attaquant sur sa stature internationale, elle a affirmé que Donald Trump est "la risée" des dirigeants internationaux et qu'il risque être "manipulé" par les "dictateurs" s'il arrivait au pouvoir.

Donald Trump s'est lui félicité du soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orban. "Permettez-moi de dire, à propos des dirigeants mondiaux, que Viktor Orban est l'un des hommes les plus respectés", a-t-il affirmé. "On dit de lui que c'est un homme fort. C'est un homme dur, intelligent".

· Kamala Harris en candidate de la classe moyenne, Trump l'accuse de "marxisme"

Le débat s'était ouvert sur les questions économiques. Prenant la parole en premier, Kamala Harris s'est posée en candidate de la classe moyenne, qu'elle veut "tirer vers le haut". Elle a aussi défendu les petites entreprises, leur proposant des mesures de crédits d'impôt.

En face, Donald Trump a accusé Kamala Harris d'être une "marxiste" et d'avoir "détruit notre pays", déplorant les choix économiques de l'administration Biden depuis 2021. Le républicain veut de son côté protéger l'économie américaine et réclame, comme durant son premier mandat, une augmentation des droits de douane. "Cela fait 70 ans qu'on aide le monde entier, il est temps qu'on nous rende la pareille", a-t-il réclamé.

· Qui pour diriger un pays "divisé"?

Kamala Harris a accusé son rival Donald Trump de vouloir "diviser" le pays sur les questions raciales, tandis qu'elle "compte être la présidente de tous les Américains".

"Je pense que c'est une tragédie d'avoir quelqu'un qui veut être président et qui a constamment, tout au long de sa carrière, tenté d'utiliser les questions raciales pour diviser les Américains", a-t-elle déclaré.

Donald Trump a répondu à une question sur de précédents propos dans lesquels il accusait Kamala Harris d'être devenue noire pour des raisons électoralistes, en ironisant: "J'ai lu quelque part qu'elle n'était pas noire et ensuite, j'ai lu qu'elle était noire".

· Discours "ennuyeux" de Trump, Biden "pathétique": les attaques personnelles fusent

Les deux candidats ont multiplié les piques à l'égard de leur adversaire, chacun attaquant le point sensible de l'autre. Kamala Harris s'en est par exemple pris aux meetings de Donald Trump. "Les gens commencent à quitter ses meetings plus tôt, par épuisement et par ennui", a assuré la candidate démocrate, sachant que Donald Trump attache beaucoup d'importance au nombre de spectateurs qui participent à ses événements de campagne.

De son côté, Donald Trump a multiplié les attaques personnelles contre Kamala Harris, s’en prenant notamment à sa famille. “Son père est un professeur d'économie marxiste, et il lui a bien enseigné”, a-t-il lancé dès le début du débat. L'ancien président républicain a également cherché à atteindre indirectement son opposante en s'en prenant à Joe Biden, président "faible et pathétique".

"C'est important de le rappeler à l'ancien président: vous ne vous présentez pas contre Joe Biden, vous vous présentez contre moi", lui a rétorqué Kamala Harris.

· Un débat tendu, mais dans les règles

Le débat s'est déroulé selon des règles strictes fixées à l'issue d'un accord entre les deux équipes de campagne. Le micro étant coupé pour le candidat qui n'avait pas la parole, les échanges ont été clairs, bien que parfois tendus entre les deux candidats.

Le visage fermé, Donald Trump ne s'adressait qu'aux journalistes d'ABC qui modéraient le débat. À côté de lui, Kamala Harris se montrait plus expressive, affichant un visage tantôt affligé, tantôt moqueur. La candidate se tournait régulièrement vers Donald Trump, comme pour chercher son regard.

"C'est à moi de parler", a lancé au cours de la première partie du débat Donald Trump, dans un des rares moments d'énervement de la soirée. "C'est à moi de parler si vous voulez bien. Cela vous rappelle quelque chose?", a-t-il lancé à Kamala Harris en référence à la manière dont elle avait répliqué en 2020 lors d'un débat avec Mike Pence, l'ancien vice-président de Donald Trump.

Le débat se tenait au National Constitution Center, un musée de Philadelphie en Pennsylvanie, sans public. Les échanges ont duré plus d'une heure et 45 minutes, entrecoupés de deux pauses. Contrairement au débat organisé par CNN en juin dernier, les journalistes pouvaient intervenir en direct pour corriger certaines assertions, particulièrement celles de Donald Trump.

François Blanchard