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Amérique Latine

Bolsonaro minimise la gravité des incendies en Amazonie et s'en prend à la presse

Jair Bolsonaro

Jair Bolsonaro - Evaristo Sa - AFP

Des centaines de nouveaux départs de feu ont pourtant encore été enregistrés en seulement 24 heures dans la forêt amazonienne.

Jair Bolsonaro a accusé la presse de "nourrir" l'inquiétude internationale sur l'Amazonie. Le président brésilien a de nouveau minimisé jeudi la gravité des incendies qui sévissent actuellement dans la région.

Il "n'est pas vrai" que la forêt amazonienne soit "en feu", a affirmé le chef de l'Etat en direct sur Facebook, tout en assurant que "les incendies cette année sont inférieurs à la moyenne de ces dernières années".

La Nasa a pourtant récemment confirmé, grâce au repérage de ses satellites, que la région n’avait pas connu d’incendies aussi nombreux et intenses depuis 2012 : près de 80.000 feux de forêt ont été répertoriés au Brésil depuis le début de l'année, dont un peu plus de la moitié en Amazonie.

Les brûlis temporairement interdits

Cette nouvelle déclaration de Jair Bolsonaro intervient alors que jeudi est entrée en vigueur l'interdiction temporaire des brûlis agricoles, annoncée pour freiner la progression des incendies en Amazonie et tenter de démontrer la réactivité du Brésil. Les brûlis sont pratiqués le plus souvent pour faire de la place aux cultures et à l'élevage bovin, gros secteur exportateur du Brésil.

Mais beaucoup doutent de l'efficacité de cette mesure. "Il est difficile de croire que cela aura le moindre impact sur le terrain", a dit à l'AFP Rodrigo Junqueira, agronome et porte-parole de l'Institut socio-environnemental. "Celui qui brûle (la forêt) sans permis ne va pas respecter" un décret. La police a d'ailleurs arrêté jeudi trois personnes pour avoir incendié plus de 5.000 hectares dans une zone protégée de l'Etat amazonien du Para.

L'armée pour l'instant inefficace

L'entrée en action de l'armée brésilienne le week-end dernier n'a encore pas eu d'effets probants: plus de la moitié des 1628 nouveaux départs de feu enregistrés en 24 heures par l'Institut national de recherche spatiale (INPE) l'ont été en Amazonie, malgré le déploiement de 18 avions et 3900 hommes.

Le nombre d'incendies évoluait de manière très inégale dans les neuf Etats amazoniens, avec de fortes hausses mais aussi de nettes baisses. Il n'est pas possible d'attribuer ces dernières à l'intervention de l'armée : elle ne communique pas sur ses opérations et des pluies ont arrosé certaines régions.

Le Brésil toujours frileux face à l'aide internationale

En parallèle, le Brésil a accueilli très fraîchement une idée avancée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres d'une réunion sur l'aide à l'Amazonie en marge de la prochaine assemblée générale, du 20 au 23 septembre.

"La situation en Amazonie est, clairement, très grave", a déclaré Antonio Guterres. "La communauté internationale doit se mobiliser avec force pour soutenir les pays d'Amazonie afin de mettre fin aux incendies aussi rapidement que possible, par tous les moyens possibles, et mener ensuite une politique complète de reforestation".

"Le secrétaire général de l'ONU n'a pas parlé de cette affaire avec le gouvernement brésilien, nous se sommes pas au courant", a déclaré le ministère des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP.

"Il serait important que les autorités étrangères connaissent mieux la politique du Brésil en matière d'environnement (...) et qu'elle s'informent (...) de la situation en Amazonie et des mesures prises pour combattre les incendies, avant de proposer de nouvelles initiatives".

L'envoi d'avions bombardiers d'eau au Brésil n'est par ailleurs toujours pas d'actualité, après que Jair Bolsonaro a créé la confusion sur la volonté de Brasilia d'accepter ou non l'aide du G7, Un premier avion financé par ce biais a décollé mercredi, mais au Paraguay, en coordination avec le Chili, a annoncé jeudi la présidence française. D'autres devaient décoller prochainement, notamment vers la Bolivie, pays lui aussi très touché par les feux de forêt.

Ju. M. avec AFP