Francis Collomp de retour en France après son évasion inattendue

Francis Collomp, au centre, juste après son arrivée en France, encadré par le ministre Laurent Fabius à l'arrière-plan et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à droite. - -
Il est enfin libre. Francis Collomp, otage d'un groupe islamiste au Nigeria, a réussi à s'enfuir dimanche au terme de onze mois de captivité. Lundi, il est arrivé sur le tarmac français de Villacoublay en compagnie du chef de la diplomatie Laurent Fabius, et a été accueilli par le Premier ministre et quelques proches.
Souriant, les traits tirés, vêtu d'un pardessus bleu et d'une chemise à carreaux, Francis Collomp s'est rapidement engouffré dans un monospace escorté par des motards, pour être conduit à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il doit être examiné. Il souffrait par le passé de problèmes cardiaques, et a perdu plus de trente kilos durant sa captivité.
"Je ne l'ai pas reconnu"
La nouvelle de l'évasion a rendu folle de joie l'épouse de Francis Collomp, Anne-Marie, qui vit à la Réunion avec ses proches. "Enfin, il est libre! On l'attend maintenant. Je le vois très fatigué, amaigri, mais souriant!", a-t-elle confié avec émotion sur BFMTV. Un peu plus tôt, elle avait confié ne pas avoir reconnu son mari tout de suite tant il a changé physiquement.
Son frère, Denis Collomp, a lui aussi fait part de ses sentiments sur l'antenne. "Francis m'a épaté avec son évasion mais en même temps, on le savait capable de le faire. Il avait tout de suite dans sa tête l'objectif de s'évader."
Le récit d'une évasion spectaculaire
Cet ingénieur de 63 ans avait été enlevé le 19 décembre 2012 par une trentaine d'hommes d'un groupe islamiste dans le nord du Nigeria, où il travaillait sur un projet de ferme éolienne pour le compte de la société française Vergnet.
Retenu captif durant onze mois, Francis Collomp a réussi, seul, à sauver sa vie. Voici ce que l'on en sait selon les premiers éléments donnés par des proches du dossier. Dimanche, l'ex-otage, qui graissait la serrure de sa cellule régulièrement, s'est rendu compte que la porte n'était pas fermée à clé. Pendant le moment de la prière, qui durait quinze minutes selon ses calculs, il s'est alors évadé, non sans avoir recadenassé la porte avec du fil de fer, pour cacher plus longtemps son absence, raconte son frère Denis.
L'ingénieur aurait alors marché près de 5 km dans la brousse avant de tomber sur un taxi-moto, qui l'a amené au poste de police le plus proche, à Zaria. Malgré son amaigrissement dû aux conditions de détention, Francis Collomp avait réussi à se maintenir en forme physique et mentale durant sa captivité, en marchant inlassablement -en rond- dans sa cellule, et en noircissant des carnets pour réfléchir à l'avenir de l'Afrique et à sa détention.
Il aurait d'ailleurs discuté plus d'une heure avec le ministre Laurent Fabius dans l'avion qui l'a ramené en France, avant de finalement sombrer dans un sommeil mérité, selon des proches du dossier.
Après la libération, le débriefing des Renseignements
Le président François Hollande, en visite en Israël, a salué cet épisode digne "d'un livre d'aventures", et a souligné le "courage exceptionnel" de Francis Collomp, qui "au péril de sa propre existence, a pu saisir une occasion", comme deux autres otages français par le passé.
Comme tous les otages après leur libération, Francis Collomp doit être débriefé par les services de renseignement sur les conditions de sa captivité et de son évasion. Ce nouveau rebondissement intervient après trois semaines au cours desquelles les nouvelles heureuses et tragiques se sont succédées sur le sort des Français enlevés dans le monde.
Les quatre otages enlevés il y a plus de trois ans à Arlit, au Niger, ont été libérés fin octobre. Quelques jours plus tard, deux envoyés spéciaux de la radio RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, ont été enlevés puis tués dans le nord-est du Mali. Le choc à peine passé, c'est un prêtre français, le père Georges Vandenbeusch, qui a été enlevé dans le nord du Cameroun la semaine dernière, avant d'être très probablement emmené au Nigeria. François Hollande a assuré que la France continuerait "inlassablement à travailler" pour la "liberté" des sept Français encore retenus dans le monde, en Syrie, au Mali et au Nigeria.