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Société

Une scientifique finlandaise agacée par le sexisme des recherches sur Internet associées à son nom

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Patrick Kovarik-AFP

Lorsque Tuuli Lappalainen a tapé son nom dans le célèbre moteur de recherche, les mots "mari" et "mariage" sont apparus dès les premières requêtes associées. Cette scientifique finlandaise estime que c'est parce qu'elle est une femme que sa vie privée l'emporte sur sa carrière professionnelle.

"Je veux une communauté scientifique qui traite les femmes comme des professionnelles, pas comme des objets de désir ou des épouses." Scientifique reconnue, cette chercheuse finlandaise ne comprend pas pourquoi sa vie privée figure dans les premières recherches associées à son nom sur Internet.

"La vie privée des femmes scientifiques ne vous regarde pas"

Tuuli Lappalainen s'est indignée sur Twitter du sexisme dont elle dit faire l'objet. Elle reproche à ses collègues scientifiques de rechercher des informations sur son mariage ou son mari plutôt que sur ses travaux de scientifique. Dans une série de tweets, la jeune femme a assuré être furieuse.

"Chers confrères scientifiques. La prochaine fois que vous allez sur Google pour une information sur le mari ou le mariage d'une collègue, réfléchissez-y à deux fois. Si vous êtes curieux, demandez-vous pourquoi vous faites cela. La vie privée des femmes scientifiques ne vous regarde pas. Je n'ai pas de vie publique en dehors de la science. Ce sont donc mes collègues qui font ces recherches, apparemment plus intéressés par mon mari que par mon travail. Imaginez simplement ce que l'on peut ressentir. C'est déprimant, ça rend furieux, c'est intrusif, ça fait peur et c'est insultant. C'est du sexisme pur (...) Je veux une communauté scientifique qui traite les femmes comme des professionnelles, pas comme des objets de désir ou des épouses."

Dans un post suivant, la scientifique indique que ses collègues masculins ne sont pas non plus épargnés bien que le phénomène concerne davantage les femmes. À la suite de ce coup de gueule, d'autres scientifiques ont tenté la même expérience et ont obtenu des résultats similaires, comme le rapporte 20 minutes. Les maris de ces scientifiques internationales reconnues apparaissent systématiquement dans les recherches les concernant.

Mari et "husband" pour les Françaises

En France, les résultats sont partagés. Pour la généticienne et biochimiste Emmanuelle Charpentier, lauréate de nombreux prix, les recherches portent, entre autres, sur son mari. Tout comme Françoise Barré-Sinoussi, qui a découvert le VIH, ce qui lui a valu le prix Nobel de médecine.

Pas mieux pour la mathématicienne française Nalini Anantharaman, qui a reçu le prestigieux prix Henri-Poincaré. Avant même son CV, c'est son "husband", soit son mari en anglais, qui arrive en tête des recherches.

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Mais pour la physicienne Françoise Balibar, ce sont ses travaux sur Albert Einstein qui semblent particulièrement intéresser. Pour une autre physicienne et ancienne présidente du CNRS Catherine Bréchignac, les passionnés de sciences cherchent visiblement à la contacter. Et pour l'astrophysicienne Françoise Combes, professeur au Collège de France, c'est son parcours qui suscite la curiosité.

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Autre cas de figure: pour la spationaute Claudie Haigneré, de nombreux internautes recherchent une photo "jeune" de la première femme française à être allée dans l'espace.

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Ce n'est pas la première fois que des femmes s'insurgent contre le sexisme dans le milieu de la science. Il y a quelques mois, le hashtag #ILookLikeASurgeon, soit "J'ai l'air d'un chirurgien", s'était répandu sur les réseaux sociaux. Des femmes médecins du monde entier s'étaient photographiées en tenue et en salle d'opération pour dénoncer le manque de mixité.

Céline Hussonnois-Alaya