Pour Bernard Cazeneuve, "il n'y a pas de salafisme anodin"

"Il n'y a pas, il n'y a jamais de fondamentalisme pacifique; il n'y a pas de salafisme anodin; il n'y a pas d'intégrisme modéré". Bernard Cazeneuve a tenu ce lundi à parler "avec netteté" à ses interlocuteurs ce lundi à propos du chantier de "l’islam de France". Par la même occasion, le Premier ministre a aussi fixé le cap pour son successeur au ministère de l’Intérieur Bruno Le Roux.
La lutte contre le "salafisme" reste une priorité pour l’ancien locataire de Place Beauvau qui voit cette Fondation pour l’islam de France comme un "pont entre l’islam et la République". L’enjeu est de taille dans un pays frappé à plusieurs reprises par des attentats djihadistes depuis février 2012.
La formation des imams au centre des préoccupations
A l’ordre du jour de cette troisième "instance de dialogue avec l'islam", le projet de labellisation des imams et leur formation. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), souvent au centre des critiques, devait proposer "un dispositif de recommandation des imams ou de certification des imams", selon son président Anouar Kbibech. Celui-ci a expliqué sur France Info que ce projet était "en bonne voie".
Ce projet de labellisation est censé répondre aux prêches haineux et a pour but de mieux lutter contre la radicalisation violente. Pour obtenir ce futur label, il faudra que les imams puissent faire valider leurs connaissances théologiques, suivent une formation à l’éducation civique, puis signent une charte afin s'engager à respecter les "valeurs de tolérance, d'ouverture et de modération" qui sont celles de "l'islam du juste milieu".
Une labellisation qui a ses limites
Les limites de ce projet de labellisation? Cela serait basé sur la notion du volontariat, il n’y aurait donc rien de contraignant. Le président du CFCM, Anouar Kbibech, a promis de finaliser en décembre son projet de recommandation ("tazkiya" an arabe, a-t-il précisé) des imams.
La fondation, officiellement lancée jeudi dernier et présidée par le critiqué Jean-Pierre Chevènement, pourrait aider financièrement à la formation profane des imams et aumôniers. Une partie des frais d'inscription à un des 14 diplômes universitaires de laïcité existants pourrait ainsi être prise en charge.
Un vrai-faux passage de témoin
Une association cultuelle nationale, de loi 1905, devrait être mise sur pied début 2017 pour financer des projets en matière religieuse. "C'est par ses propres forces que l'islam de France devra trouver les ressources utiles à son fonctionnement", a prévenu le Premier ministre. Celui-ci a cité une "contribution volontaire sur l'abattage rituel" (halal) et un prélèvement sur le marché du grand pèlerinage à La Mecque, le hajj. Ce ne sont que des pistes à l'étude pour l'instant.
Cette journée avait des allures de passage de témoin entre Bernard Cazeneuve et le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux. Mais son prédécesseur a prévenu son auditoire qu’il n'était "pas venu faire” ses "adieux".