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Religions

Pédophilie dans l'Eglise: que reproche-t-on au cardinal Barbarin?

Monseigneur Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en décembre 2014.

Monseigneur Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en décembre 2014. - Safin Hamed - AFP

L'archevêque de Lyon fait l'objet d'une pétition qui l'appelle à démissionner pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels dans son diocèse, dans les années 70 et 80.

Les affaires de pédophilie n'en finissent plus de faire des vagues au sein de l'Eglise. Mardi, dans la foulée de la lettre du pape François aux catholiques sur les abus sexuels dans l'Eglise, un prêtre de Valence a lancé une pétition appelant l'archevêque de Lyon à démissionner, relançant ainsi une affaire ancienne mais loin d'être classée.

Philippe Barbarin est accusé de ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles commises sur de jeunes garçons au sein d'un groupe scout de son diocèse par le père Preynat dans les années 70 et 80. Malgré les dénonciations intervenues dès 1991, le père Preynat a gardé ses responsabilités dans plusieurs paroisses, continuant à enseigner le catéchisme à des enfants jusqu'à 2015.

Un procès déjà reporté

Des accusations qui avaient poussé Mgr Barbarin à formuler un mea culpa dans une interview au Monde, il y a un an, le 12 août 2017:

"Je réalise aujourd'hui que ma réponse d'alors n'était pas à la mesure de l'enjeu. Je me suis aperçu avoir commis une autre erreur quand j'ai reçu les victimes. Car, pour elles, la souffrance était aussi brûlante qu'il y a 30 ans", disait-il.

Il se défendait également d'avoir "couvert" les agissements du père Preynat: "Quand en 2007, de façon informelle, je suis mis au courant de certains faits reprochés au père Preynat dans les années 1980, celui-ci me promet qu'il n'y a rien eu depuis 1991. J'ai cherché à vérifier et on n'a rien trouvé (…) Je n'ai rien couvert du tout."

En 2016, le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles à l'encontre du cardinal. Les faits ayant été prescrits, elle a été classée sans suite, mais l'association des victimes du prêtre, La parole libérée, a intenté une nouvelle action en justice. En attendant son procès, qui devait avoir lieu en avril 2018 et a déjà été reporté une fois, le cardinal Barbarin se voit donc poussé à la démission. Pour le père Vignon, à l'origine de la pétition, elle aurait dû avoir lieu dès cette phrase: "Grâce à Dieu, les faits sont prescrits".

Emmanuel Gobilliard, l'adjoint de Mgr Barbarin, a rappelé que ce dernier avait parlé au Pape d'une éventuelle démission. "Il été très clair. 'Si tu veux, je démissionne'. Le Pape lui a dit non. Et on ne peut pas dire que le pape François tergiverse sur cette question".

Ariane Kujawski