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"Le jeûne du patriarcat": pour Carême, les femmes catholiques appelées à faire grève de leur service bénévole en paroisse

Une femme à l'intérieur de la basilique du Sacré-Cœur, à Paris, le 30 octobre 2020.

Une femme à l'intérieur de la basilique du Sacré-Cœur, à Paris, le 30 octobre 2020. - THOMAS COEX / AFP

Pendant les 40 jours du Carême, des associations dont le Comité de la Jupe appellent les femmes à ne plus officier dans les tâches du quotidien dans leur paroisse afin de montrer leur importance et de réclamer plus d'égalité dans l'Église.

"Cette année, les femmes jeûnent du sexisme et du patriarcat". À l'occasion du Carême, qui a débuté le 5 mars et qui dure jusqu'au 12 avril, des associations veulent faire reconnaître le travail et l'importance des femmes dans les paroisses catholiques. Pour cela l'organisation américaine Women's Ordination Conference, suivie notamment en France par le Comité de la Jupe, appelle à la grève.

"En France, les paroisses fonctionnent en grande partie grâce au travail bénévole des femmes", écrit ainsi l'association féministe catholique. Selon France Bleu, elles représentent 80% des bénévoles dans les paroisses.

Pourtant, malgré ce rôle central, les femmes "sont invisibilisées parce qu'on ne voit que les hommes, que les prêtres, que les diacres", déplore Sylvaine Landrivon, co-présidente du Comité de la Jupe, auprès de BFM Lyon.

"Se réinterroger sur la place des femmes dans l'Église"

"Les femmes sont écartées des prises de décision à tous les niveaux de l'institution catholique. Seul le curé est décisionnaire en sa paroisse et l’évêque en son diocèse: le pouvoir est toujours associé à la fonction de prêtre et donc à la masculinité", écrit à cet égard l'association. En effet, pour être prêtre, il faut être un homme.

Pendant les 40 jours du Carême, l'association appelle donc les femmes à ne plus officier dans les tâches du quotidien, comme le catéchisme, l'entretien de l'église, les obsèques ou les préparations au mariage. En se retirant temporairement, elles espèrent que leur contribution essentielle sera enfin reconnue.

"On s'est dit qu'on pouvait exploiter ces 40 jours pour se réinterroger sur la place des femmes dans l'Église catholique", ajoute Sylvaine Landrivon.

Concernant les fidèles, les femmes sont encouragées à mettre un petit papier "en grève" lors de la quête, refuser de chanter ou encore porter un badge. Elles sont également invitées à refuser d'être lectrices ou acolytes.

Les femmes "au service des hommes"

Selon le Comité de la Jupe, "cette discrimination affaiblit l'Église et menace son unité". En 2022, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (CIASE) a d’ailleurs recommandé de renforcer la présence des femmes dans les sphères décisionnelles après son rapport sur les violences sexuelles dans l'Église, rappelle l'organisme.

"On est quand même la moitié de l'humanité, on a les mêmes compétences. Rien dans le Nouveau Testament ne nous interdit, au contraire, Jésus a montré que les femmes étaient très importantes, et lui, il avait demandé une horizontalité parfaite", ajoute à ce titre Sylvaine Landrivon.

"Les femmes sont, non pas au service de Dieu, mais au service des hommes, et c'est là que ça ne va pas", conclut-elle.

Salomé Robles