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"Il prend les grandes lignes de François": le pape Léon XIV est-il vraiment dans la lignée de son prédécesseur?

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Le nouveau pape Léon XIV, l'Américain Robert Francis Prevost, a rendu hommage à François, lors de son premier discours depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Si beaucoup de spécialistes parlent d'un pape dans la lignée de son prédecesseur, l'Historien des religions Jean-François Colosimo pointe également des différences sur BFMTV .

"Que la paix soit avec vous". Depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre au Vatican, le nouveau pape Léon XIV s'est présenté à la foule avec un premier discours pacifiste, comme l'avait fait François avant lui. Pour beaucoup de commentateurs, l'élection du cardinal Robert Prevost inscrira ce nouveau pontificat dans la lignée de celui de son prédécesseur.

Le nouveau souverain pontife est entré dans l'entourage du pape François en 2018, après une rencontre au Pérou, où Léon XIV a passé vingt ans, comme missionnaire, puis archevêque. En 2014, le pape François le nomme administrateur apostolique, puis évêque du diocèse de Chiclayo au Pérou en 2015, avant de l'appeler à Rome pour devenir en janvier 2023, préfet du dicastère pour les Évêques.

"Il suit les pas de François"

"C'est un succès posthume du pape François", souligne auprès de l'AFP François Mabille, directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux et auteur du livre Le Vatican: La papauté face à un monde en crise.

"C'est un candidat de consensus modéré qui s'inscrit dans une continuité soft, une continuité douce avec le pape François, qui ne va pas braquer les conservateurs. En tout cas, qui ne les a pas braqués", ajoute-t-il.

Pour beaucoup de commentateurs, Léon XIV est le choix de la médiation, de la transition douce dans un monde en crise. Aux États-Unis, le révérend Ronald Jameson, qui officie à la cathédrale Saint-Matthew à Washington explique par exemple: "Voir un nouveau pape qui va s'inscrire dans les pas de François signifie beaucoup pour moi".

"Un fervent défenseur des ouvriers"

"François a été très important pour moi dans ma vie", poursuit celui qui l'avait accueilli dans sa cathédrale Saint-Matthew lors d'une visite du souverain pontife en 2015. "Je suis très heureux d'avoir entendu (Léon XIV) parler de paix ce matin dans sa première adresse. Il suit les pas de François."

En choisissant son nom de pape, Léon XIV, le nouvel évêque de Rome s'inscrit en effet dans la continuité de François. Le dernier pape à s'être appelé ainsi était, à la fin du XIXème siècle, un fervent défenseur des ouvriers. Un pontificat tourné autour de la justice sociale et du respect de chacun, qui rassemble François et Léon.

Comme François, le pape Léon XIV devra s'inscrire dans les enjeux internationaux, les crises et les guerres, notamment face aux États-Unis de Donald Trump, qu'il lui est arrivé de critiquer sur les réseaux sociaux, notamment sur sa politique migratoire. Une hostilité qu'entretenait également son prédécesseur, souvent critique à l'égard de la Maison Blanche.

Du changement sur les questions sociétales?

Léon XIV devra aussi apaiser une Église en tension, bousculée par un pontificat de 12 ans ponctué de réformes qui ont fait l'objet de vives critiques internes, notamment sur des sujets de société comme l'avortement ou l'accès des femmes aux fonctions cléricales. François s'était souvent vu reprocher de s'être voulu réformateur, sans pour autant franchir le cap de la concrétisation de ces changements de dogme.

L'ancien pape n'a jamais changé de position sur l'avortement, le qualifiant de "dépréciation de la vie humaine" et dénonçant "la violence et le refus de la vie".

Sur les droits des minorités LGBT, si François avait ouvert la bénédiction des unions homosexuelles, son successeur lui, avait adopté dans le passé une vision plus conservatrice, qualifiant l'homosexualité de "pratiques contraires à l'Évangiles".

Polyglote, Léon XIV parle l'anglais, l'espagnol, l'italien, le français et le portugais et souhaite dialoguer avec toutes les cultures, comme François avant lui. Tous deux venaient d'Amérique, l'un de l'Argentine, l'autre des États-Unis, mais en ayant passé vingt ans au Pérou. Mais si la continuité de François semble assurée avec le choix de Léon XIV au Saint-Siège, il existe tout de même quelques divergences entre les deux pontifes.

"Leur différence, c'est la liturgie"

Pour François Mabille, Léon XIV ne sera pas un copier-coller de son prédécesseur. Selon lui, le nouveau pape aura "des accents et une incarnation de la fonction pontificale différente: je ne pense pas qu'on retrouvera chez lui les formules parfois clivantes que François a eues, ou des oppositions, des critiques aussi virulentes sur le libéralisme."

Léon XIV: un pape dans les pas de François?
Léon XIV: un pape dans les pas de François?
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"Il a fait des études de mathématiques et de droit canon, c'est un juriste, un homme rigoureux, modéré (...) d'un côté, il prend les grandes lignes de François et d'un autre côté, il s'est montré beaucoup plus réticent sur les mesures sociétales concernant les mœurs ou la discipline de l'Église, rappelle sur BFMTV Jean-François Colosimo, théologien et historien. Un pape intellectuel, ce que n'était pas François, qui était entré dans les ordres à 22 ans".

"Leur différence, c'est la liturgie", résume Jean-François Colosimo, évoquant la tenue de Léon XIV au balcon de la basilique Saint-Pierre. Il est apparu devant la foule vêtu de ses habits liturgiques, s'inscrivant dans la tradition du Vatican, ce que n'avait pas fait François, qui portait une simple soutane blanche après son élection comme pape. Un premier message de rupture qui pourrait en augurer d'autres dans les semaines à venir.

Lucie Valais avec AFP