"Un défenseur des libertés, y compris face à Donald Trump": Léon XIV est-il un adversaire du président américain?

Politiquement et spirituellement, ces derniers mois marquent un recentrage brutal du monde autour des États-Unis. Après l'élection d'un bruyant Donald Trump à la tête des États-Unis, c'est un autre Américain, le cardinal Robert Prevost, qui prend la tête de l'Église, forte de plus d'un milliard de fidèles.
Si Léon XIV, élu à l'issue d'un conclave éclair, est le premier pape issu des États-Unis, il n'en reste pas moins une forme de citoyen du monde. Né à Chicago dans l'Illinois, celui-ci a vécu deux décennies au Pérou, dont il détient également la nationalité. Mais c'est aussi depuis plusieurs années un résident de Rome.
Reste que le symbole est fort: un pape états-unien. Mais pas celui qu'aurait voulu voir émerger Donald Trump. "Je dois dire que nous avons un cardinal qui se trouve être originaire d’un endroit appelé New York et qui est très bon", a-t-il fait savoir, en référence au très conservateur Timothy Michael Dolan, philosophiquement plus proche des idées de Donald Trump et de son vice-président JD Vance.
Le locataire de la Maison Blanche a toutefois bien félicité le nouveau chef du Vatican. "Quelle excitation et quel grand honneur pour notre pays", a-t-il lancé sur le réseau Truth Social, se disant "impatient" de rencontrer Léon XIV.
Des divergences sur les migrants et la crise climatique
L'ancien cardinal n'a jamais caché ses différents politiques avec le président des États-Unis. Le 3 février dernier, celui-ci a partagé un éditorial s'opposant frontalement au vice-président, un article intitulé "JD Vance a tort: Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour autrui", après que le bras droit de Donald Trump ait jugé qu'il était préférable de soutenir sa famille avant son voisin ou le résident d'un autre pays.
Guerre commerciale, désengagement international, agressivité avec des pays y compris des alliés, cette déclaration de Vance laissait transpirer le fort repli sur soi de l'administration Trump. Le pape a également partagé un article qui souligne que l’Évangile "demande à tous en matière d’immigration" d’"aimer notre prochain".
Avant la réélection de Donald Trump et y compris durant son premier mandat, le cardinal avait affiché cette forme de défiance. En 2015, il partageait l'éditorial du Washington Post intitulé "Pourquoi la rhétorique anti-immigrés de Donald Trump est si problématique". Puis, en 2017, il partageait un texte de la Conférence des évêques américains critiquant un décret anti-immigration du président.
Comme le note The College of Cardinals Report, le pape élu a aussi affiché sa volonté de s'opposer au dérèglement climatique, regrettant les effets "néfastes" du développement humain technologique sur notre monde. "Sur les questions environnementales, il ne transigera pas", a commenté sur RTL François Mabille, spécialiste des relations internationales, rappelant son engagement pour l'Amazonie.
"On sait qui était le cardinal Prévost, mais il est mort en quelque sorte"
Mais comme l'a noté sur BFMTV Jean-François Colosimo, historien des religions, il est important de dissocier les propos et positions d'un cardinal de celles d'un pape. "On sait qui était le cardinal Prévost, mais il est mort en quelque sorte", a-t-il résumé ce vendredi 9 mai.
"Je pense qu'on va avoir un défenseur des libertés, y compris face à Donald Trump", a-t-il analysé.
Pour le théologien, la principale différence entre l'administration Trump et la tête du Vatican tient de leurs visions fondamentalement différentes du christianisme. D'un côté, une conception identitaire de la foi, presque exclusive, portée par le gouvernement américain. De l'autre une foi "d'ouverture" portée par le Vatican et son nouveau souverain.
Reste qu'il est particulièrement délicat d'analyser sur la base de quelques éléments de contexte la nature profonde de la relation entre les deux Américains, qui partagent par ailleurs certains points de contact, à l'image de leurs points de vue sur les personnes LGBTQIA+.