Pollution au plomb à Paris: faut-il confiner Notre-Dame?

La cathédrale Notre-Dame de Paris vue du ciel, prise par un drone russe. - Gigarama - -
Depuis l'incendie qui a en partie détruit la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier, des taux de concentration importants de plomb, auxquels les enfants sont particulièrement exposés, ont été relevés aux alentours de l'édifice, laissant craindre des risques pour la santé.
Les prélèvements effectués sur l'île de la Cité indiquent que l'incendie a disséminé dans l'air pas moins de 400 tonnes de plomb fondu qui était contenu dans la charpente de la flèche et la toiture. Soit quatre fois plus que les émissions annuelles françaises. L'expertise n'appelle pas à des recommandations particulières à l'intérieur du palais mais il est préconisé de réaliser un nettoyage approfondi dans les cours extérieures.
- Le plomb, un risque invisible pour la santé
Un collectif d'associations et de syndicalistes pointe du doigt cet ennemi invisible, et réclame ainsi le confinement total de la cathédrale, alors que les travaux de rénovation doivent reprendre lundi prochain. Ils demandent également qu'un centre de suivi sanitaire soit créé "pour toutes les personnes exposées". Car le saturnisme, maladie due à une intoxication au plomb, est particulièrement oublié en France, bien qu'il puisse provoquer des séquelles bien réelles et irréversibles.
"Le plomb est l'un des toxiques majeurs, connu pour sa cancérogénité, sa neurotoxicité depuis extrêmement longtemps", rappelle sur notre antenne Annie Thébaug-Money, chercheuse à l'association Henri Pézerat. "En particulier chez les enfants. Cela agit aussi de façon négative sur les organes reproducteurs de l'homme et de la femme, et cela provoque des maladies digestives, rénales et cardiovasculaires".
"Cette maladie, qui rend stérile, complique les grossesses et fragilise les enfants ne se soigne pas, elle ne peut que se prévenir", met en garde Mathé Toullier, de l'association des familles victimes de saturnisme.
Souleymane Soumaro, responsable du collectif parisien de nettoyage CGT, affirme que les 500 employés qu'il représente n'ont "pas été informés du risque" lié à la pollution au plomb, ni "équipés" pour y faire face. "Ils ont continué à utiliser leurs balais" et, parfois, "ont lavé leurs tenues à la maison", faisant courir un risque de contamination à leur famille, a-t-il expliqué. Le collectif a également émis des doutes sur une éventuelle contamination des parcs, notamment du jardin du Luxembourg, et fontaines.
- La mairie de Paris rassure et prône une mise sous cloche "pas adaptée"
Malgré ces éléments, la mairie de Paris refuse de confiner le site, avançant que l'installation des infrastructures nécessaires prendrait trop de temps. Elle préfère une dépollution à l'air libre et annonce le début des travaux de dépollution du parvis dès mardi.
La "mise sous cloche" du chantier n'est "pas spécialement adaptée à la situation" et "pas pérenne", a répondu Anne Souyris, adjointe à la santé de la mairie de Paris, qui a regretté que la CGT ne soit "pas venue [la] voir".
Le confinement du site n'est "absolument pas envisageable", a abondé l'archiprêtre Monseigneur Chauvet. Le recteur de la cathédrale a estimé lundi sur Europe 1 que les personnels étant intervenus sur le chantier n'étaient "plus en danger", ajoutant: "tout le monde a fait une plombémie (analyse du taux de plomb dans le sang) et je peux vous dire: on n'est pas plombés".
- Une dépollution rapide annoncée
"Il faut aller vite", a jugé l'adjointe à la santé, annonçant que la "dépollution sérieuse" du parvis et des rues adjacentes commencerait le 7 août afin que "d'ici la fin du mois", ces sites soient "effectivement dépollués". Celle-ci a reconnu dans un entretien au Parisien: "malgré des tentatives de nettoyage, la pollution reste trop importante" sur le site et aux alentours.
Anne Souyris a donc promis que "les choses seraient rentrées dans l'ordre à la rentrée et que la dépollution devait être une réalité pour tous et pour toutes". Elle a également confirmé que la réouverture totale des écoles dépolluées était "possible".
"Jusqu'à présent, nous n'avons aucune indication d'aucun problème chez nos personnels", de nettoyage ou qui travaillent dans les parcs et jardins, a affirmé Anne Souyris. Interrogée sur une éventuelle contamination de l'eau de la Seine, l'adjointe a répondu que les prélèvements ne montraient aucune anomalie liée au plomb.