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"La prison à la maison": le quotidien d’un assigné à résidence durant la COP21

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Afin d’empêcher des militants écologistes de manifester lors de la COP21 à Paris, le préfet d’Ille-et-Vilaine a notifié 24 assignations à résidence par prévention, dans le cadre de l’état d’urgence. Pour BFMTV, l’un d’entre eux témoigne de son quotidien.

Il y a une semaine, le quotidien de Gauthier a soudainement basculé: "Les policiers sont venus chez moi dans la matinée avec des fusils d’assaut (…) Ils m’ont menotté, plaqué au sol et ont fouillé l’appartement", se rappelle le jeune homme. Depuis, Gauthier doit pointer au commissariat de Rennes trois fois par jour, à 9h, 14h et 19h. Le jeune homme est également contraint de rester chez lui de 20h à 6h.

"C’est un peu la prison à la maison", témoigne-t-il.

Comme lui, 23 autres militants écologistes ont été assignés à résidence pendant la conférence sur le climat qui se tient à Paris jusqu’au 11 décembre.

Motif? Pas question pour eux de se rendre dans la capitale pour battre le pavé en marge la COP21. Il s’agit là d’une mesure préventive prise par le préfet dans le cadre de l’état d’urgence. Les manifestations restent interdites sur l’ensemble du territoire.

Une atteinte aux libertés?

Selon Ouest France, cinq militants écologistes et assignés à résidence ont saisi le tribunal administratif de Rennes. Eux soutiennent que cette assignation est "une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales".

"On les assigne à résidence non pas pour ce qu’ils ont prétendument fait, mais pour ce qu’ils sont supposés être. On n’est véritablement plus dans un État de droit", plaide Marie Dosé, l’avocate de Gauthier.

Cette sanction ne pourra pas être annulée. Le recours déposé par l’avocate ne sera pas étudié avant l’année prochaine. Or, tous les assignés à résidence seront à nouveau libres de leurs mouvements au lendemain de la fin du sommet sur le climat.

Dans son jugement, le tribunal administratif considère que les militants font partie "d’une mouvance contestataire radicale" et qu’il existait un risque qu'ils participent "à des actions revendicatives" pendant la COP21.

Pierjean Poirot avec Antoine Heulard et Pierre-Emmanuel Becet