Incendies: pourquoi les pompiers restent vigilants malgré l'accalmie générale amenée par la pluie

Un pompier allemand arrose le sol pour éteindre des points chauds dans la tourbe, le 13 août 2022. - THIBAUD MORITZ / AFP
Ce week-end, la fin du quatrième épisode caniculaire de l'été, marqué par l'arrivé dimanche de la pluie, a apporté un relatif répit aux pompiers sur le front des incendies. Pour la première fois depuis le début du mois d'août, aucun département français n'est placé en vigilance pour canicule.
Les feux en Gironde, dans l'Aveyron, dans la Drôme et dans le Jura ont tout été déclarés "fixés", un terme qui signifie que les flammes ne progressent plus. De quoi apporter un relatif répit aux pompiers, fortement mobilisés depuis le début de l'été.
"C'est un grand soulagement"
Près de Landiras, en Gironde, la reprise du feu qui s'était déclarée mardi 9 août a dévoré 7400 hectares de forêt. Dimanche, le sous-préfet d'Arcachon a finalement déclaré l'incendie "fixé", évoquant une situation "extrêmement favorable". Avec un ciel nuageux, des précipitations et des températures "relativement basses" autour de 25 degrés, les pompiers ont enfin pu "respirer".
Les 8000 évacués de Gironde ont reçu dimanche après-midi l'autorisation de regagner leurs domiciles mais ont été invités à faire preuve de "prudence" par le directeur des pompiers du département, Marc Vermeulen, qui a rappelé que la forêt n'était "pas sécurisée".
"On est partis précipitamment, on n'avait pas le choix. Le feu n'était pas loin et ça faisait vraiment peur", a témoigné un couple d'évacués de retour dans leur domicile.
Le danger des feux de tourbe
Mais comme l'a précisé Arnaud Mendousse, porte-parole du Sdis 33: "C'est un grand soulagement mais attention, feu fixé ne veut pas dire éteint, donc on reste extrêmement vigilants. Un très gros dispositif va rester encore plusieurs jours sur le terrain".
Car le travail des soldats du feu est loin d'être terminé dans cette zone. Bien qu'aucune flamme ne soit désormais visible, la forêt continue de se consumer. L'incendie est encore présent enterré sous 20 cm, avec ce que l'on appelle les feux de tourbe.
"C'est un condensé de végétation morte, de terre sèche, de racines, qui se consument. Ces particules incandescentes sont présentes sur les 7400 hectares qu'a parcourus le feu. C'est pour ça que le travail est extrêmement fastidieux", a expliqué le commandant Jomain, rattaché aux pompiers de Gironde.
Cette tourbe est d'autant plus surveillée qu'elle est riche en carbone, ce qui la rend hautement inflammable en cas d'éventuelle reprise des flammes. À l'aide de caméras thermiques, les sapeurs-pompiers parcourent la forêt, et mesurent parfois des endroits chauffés à 200 degrés. Les pluies annoncées pour cette semaine en Gironde ne seront pas suffisantes pour neutraliser ces points chauds.
"On s'affaire à tronçonner, déblayer, et nettoyer toutes les zones. Il faut vraiment gratter", a expliqué le sergent chef Jody, membre de la formation militaire de la sécurité civile.
Ailleurs en France, l'accalmie se dessine également
Entre la Lozère et l'Aveyron, autour du village de Mostuéjouls, la situation est là aussi "stabilisée", malgré une reprise des flammes virulente entre samedi et dimanche.
"Le feu n'est pas encore fixé, mais la situation est stabilisée. Il continue de brûler dans un périmètre qui n'évolue plus. Il est sous contrôle", a précisé à l'Agence France-Presse un porte-parole des pompiers de l'Aveyron, ajoutant que le dispositif devait être réduit dimanche soir.
Plus à l'Est, dans le Jura, l'incendie qui s'était déclaré mardi a été déclaré "fixé" dimanche après-midi par la préfecture. Une accalmie permise là aussi par l'arrivée de la pluie, et le largage de produits retardants par un avion Dash.
Dans la Drôme, le feu qui a détruit 383 hectares de végétation depuis le 5 août a aussi été fixé dimanche en début d'après-midi, ont fait savoir la préfecture et les pompiers. Une centaine de pompiers seront toujours mobilisés pour sécuriser l'incendie pendant "minimum" trois à quatre jours.
"Il est tombé dix millimètres de pluie ce (dimanche) matin, donc ça a fait du bien, ça nous a aidé et maintenant le feu ne progresse plus du tout", a affirmé le colonel Philippe Cassignol.
Enfin, en Bretagne, l'incendie qui a parcouru 630 hectares dans la forêt de Brocéliande, a été déclaré "fixé" dimanche matin, comme en Maine-et-Loire, où le feu a détruit 160 hectares dans le secteur de Trélazé.
Réfléchir à la prévention des incendies
Actuellement en vacances au fort de Brégançon, Emmanuel Macron a annoncé dimanche qu'il allait réunir l'ensemble des acteurs des départements concernés, une fois les feux éteints, afin de réfléchir au "modèle de prévention et de lutte contre les incendies" en France.
Une initiative qui intervient alors que les pompiers, très sollicités depuis le début de l'été, se disent "au bord de la rupture". Dans une tribune publiée sur le site du Journal du Dimanche les organisations de pompiers réclament plus de moyens financiers. Face à un "changement climatique (qui) va s'inscrire dans la durée et nous frapper tous de plus en plus fort", "les moyens doivent s'accroître, c'est une certitude", écrivent-ils.
Sur BFMTV ce lundi, Matthieu Jomain, porte-parole du SDIS 33, a appuyé: "Nous sommes physiquement fatigués, les femmes et les hommes ont été sollicités à rude épreuve. Mais pour autant, tout le monde reste déterminé à terminer cette opération".