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Incendies à répétition: quels traumatismes pour les évacués?

Incendie en Gironde : la vue du feu depuis Belin-Beliet.

Incendie en Gironde : la vue du feu depuis Belin-Beliet. - Juliette Chaignon RMC

Les incendies sont une véritable épreuve pour les 10.000 évacués girondins. Depuis près d'un mois, ils vivent dans une peur constante des flammes. Un traumatisme qui peut s'enraciner profondement.

La France est en proie aux flammes. En Gironde, la reprise des feux a provoqué 10.000 nouvelles évacuations dans la région. De nouveau, les maisons des habitants sont menacées, leurs quotidiens chamboulés. Pour les Girondins, la crainte de l'incendie s'intensifie et les traumatismes s'ancrent dans les esprits. Au risque laisser des séquelles.

"On se demande si notre maison va y passer"

Pour les habitants évacués, c'est un "cauchemar" qui recommence. "On a qu'une peur, c'est d'arriver chez nous et qu'il n'y ait plus rien", craint Gwladys Macé, propriétaire d'une boutique de confiseries à Saugnacq-et-Muret dans les Landes.

"Les informations nous arrivent au compte-gouttes, c’est très dur de savoir où en est le feu, s’il recule ou il avance. Psychologiquement c'est dur, on se demande si notre maison va y passer, même si le feu est loin. Mercredi matin, quand la pluie de cendres est arrivée sur ma voiture, j’ai commencé à paniquer", explique Gwladys.

Peur du feu, de perdre tous ses biens... c'est un véritable traumatisme que les évacués vivent et revivent. Un choc émotionnel qui peut, pour certains, avoir des conséquences pérennes et créer des craintes très profondes.

"On va se poser des questions existentielles, sur le sort du monde, sur nos craintes. C’est beaucoup plus vaste que ce qu’on pense", précise Hevy Nadjar, psychologue clinicienne spécialisée dans les traumatismes sur BFMTV.

Hevy Nadjar souligne que tout le monde ne va pas vivre les incendies de la même manière ou subir les mêmes blessures, "c'est très personnel".

"On peut ressentir les effets bien plus tardivement. Ça peut ressurgir dans un mois, dans un an, dans vingt ans. Il n’y a pas de règle, pas de généralité, juste un élément déclencheur comme une image, une odeur, un rêve ou un souvenir qui va faire ressurgir les effets emotionnels de l’incident, et à ce moment-là seulement on vivra le traumatisme, la blessure", décrit la psychologue.

Gwladys Macé en fait déjà les frais. "J'ai vécu l'incendie de ma maison il y a quatre ans et ça me fait remonter tous mes souvenirs", explique-t-elle, la voix tremblante. "Là, c’est plus qu’un traumatisme, c’est aussi une catastrophe écologique."

Selon Hevy Nadjar, la meilleure solution pour réussir à vivre les événements actuels est d'en parler: "La consultation n'est pas seulement pour le traumatisme, mais c'est aussi une manière d'extérioriser."

La communication, un outil très important également pour aider les enfants, qui sont nombreux à faire face aux incendies à répétition. "Il faut leur expliquer ce qu'il se passe et ce qu'il va se passer", insiste la psychologue. "On a tendance à croire qu'ils ne comprennent pas, mais ils voient et entendent tout."

Pour les rassurer, "il faut les écouter, leur demander s'ils ont des questions". Comme tout le monde, les enfants ont besoin d'exprimer leurs craintes et leurs ressentis.

Les images des hectares en flammes peuvent également être traumatiques pour les familles des victimes ou même les témoins à distance, qui regardent la situation se détériorer devant leurs télévisions ou leurs smartphones.

Deux numéros verts ont été mis en place suite à la reprise de feux en Gironde. Une cellule d'information est ouverte au public de 8 heures à 20 heures au 0.800.713.633 ainsi qu'une cellule psychologique au 0.800.719.912.

Juliette Moreau Alvarez