Gilets jaunes: quelles revendications pour la suite du mouvement?

Les gilets jaunes à Paris - Image d'illustration - AFP
Au terme d'un premier weekend de manifestations qui, selon différents éditorialistes, ne sont "ni un échec ni une réussite", la question de la suite du mouvement des gilets jaunes se pose. Si ce lundi à la mi-journée, plusieurs dépôts de carburants étaient bloqués par quelques centaines de manifestants encore mobilisées, ils sont bien loin des 287.000 protestataires présents dans les rues ce samedi. Mais pour quelles revendications?
Dès les prémices du mouvement, qui remontent à maintenant quelques semaines, le fil rouge de la colère restait la hausse des taxes sur le carburant annoncée par le gouvernement. Interrogé à proximité d'un point de blocage, ce gilet jaune livrait son ressenti: "Moi j'ai une entreprise de nettoyage et on en a marre de payer le gazoil. Ça nous coûte 154.000 euros de plus sur l'année."
Mais au-delà de cette seule taxe, c'est un ras-le-bol général qui semble émaner des manifestants. Présent au Puy-en-Velay aux côtés des gilets jaunes, le président des Républicains Laurent Wauquiez dressait le tableau des revendications.
"C’est la CSG, c’est l’augmentation de la fiscalité sur l’épargne, ce sont les contrôle techniques… Leur sentiment c’est toujours plus de taxes et toujours pour les mêmes."
Risque de perte du message?
Après leur premier tour de force de cette fin de semaine, les échéances des gilets jaunes sont multiples, et vont directement impacter le reçu de leurs revendications auprès de l'opinion publique. Comme le notait l'éditorialiste Christophe Barbier, le premier objectif sera de montrer qu'il existe "un jour J+1" à ces rassemblements, avec par exemple le renfort "des routiers ou des agriculteurs" pour créer de nouveaux points de blocage.
Puis, à moyen terme, il s'agit d'inclure ce mouvement dans le temps. Et la tâche s'annonce ardue, en particulier "avec l'arrivée de l'hiver" et le besoin pour de nombreux manifestants de travailler et de "gagner leur salaire". "L'hiver ne va pas rendre simple les blocages des routes" complétait-t-il.
A long terme, les figures du mouvement, qui émergent peu à peu, vont également devoir remobiliser les troupes, avec de nouveaux mots d'ordre.
"Il y aura la hausse du gaz en janvier, l'application des taxes sur les carburants, les mesures du gouvernement qui vont entrer en application dès le 1er janvier."
Tant de revendications qui, si elles sont structurées, peuvent donner lieu à une seconde manche.
Reste que ces manifestations peuvent très vite perdre leur message premier, et surtout le soutien de l'opinion publique sur la durée, souligne de son côté Laurent Neumann.
"Attention de ne pas se rendre impopulaires. Bloquer les raffineries, très bien, jusqu’au moment où ça posera problème dans les stations-service, et là ça gênera un plus grand nombre, ça peut devenir impopulaire. Gêner les supermarchés où les gens vont faire leurs courses, ça peut devenir impopulaire. Pour le moment ce n’est pas le cas."
Appel à la démission du gouvernement
Tout au long de ces trois jours de mobilisation, les invectives au gouvernement ont été nombreuses, tout comme les appels à la démission d'Emmanuel Macron. La figure du Président semble d'ailleurs cristalliser toutes les tensions puisque ce lundi matin, sur les antennes de RTL, Laëtitia Dewalle, porte-parole du "collectif 95", a appelé à la tenue d'un référendum sur la légitimité du locataire de l'Elysée.
Pour Christophe Chalençon, porte-parole des gilets jaunes du Vaucluse, qui était interrogé par LCI, "notre seule revendication désormais, c'est la dissolution de l'Assemblée nationale qui ne nous représente plus".
Une volonté encore plus affirmée depuis l'allocution de ce dimanche soir du Premier ministre Edouard Philippe, qui, pour certains manifestants, "est complètement déconnecté de nos revendications."