EDITO - Gilets jaunes: "Attention de ne pas se rendre impopulaires"

Le mouvement court le risque de devenir impopulaire. - GERARD JULIEN / AFP
A l'issue d'un week-end de mobilisation, les gilets jaunes poursuivent leur action ce lundi en changeant de cible: ils ont choisi cette fois de bloquer des dépôts de carburant. Opérations escargots, blocages et barrages filtrants, dont certains ont été maintenus dans la nuit, persistaient également au niveau de péages, autoroutes, périphériques. Le Premier ministre Edouard Philippe a dit dimanche sur France 2 vouloir maintenir "le cap" en dépit de la "colère" et la "souffrance" des manifestants.
Laurent Neumann, éditorialiste à BFMTV, analyse ce lundi les risques pour le mouvement d'une part, de devenir impopulaire, et pour l'exécutif d'autre part, qui reste pour l'instant inflexible.
"Attention, il y a une double bataille: il ne faut pas que ce mouvement se rende impopulaire. Bloquer les raffineries, très bien, jusqu’au moment où ça posera problème dans les stations-service, et là ça gênera un plus grand nombre, ça peut devenir impopulaire. Gêner les supermarchés où les gens vont faire leurs courses, ça peut devenir impopulaire. Pour le moment ce n’est pas le cas, pour le moment il y a bien trois quarts des Français qui soutiennent ce mouvement.
De l’autre côté, côté gouvernemental, même chose, attention à ne pas donner le sentiment qu’on traite tout cela par le mépris, par l’arrogance. On "entend" la souffrance, on "entend" la colère, et en même temps on ne bouge pas d’une virgule, on continue de la même manière avec quand même deux risques pour le gouvernement: d’abord que le mouvement s’enracine, même s’il est moins éloquent que samedi.
Et le deuxième risque, c’est la contagion. Pas simplement dans le choix des cibles, mais la contagion aux professionnels de la route, les routiers, les taxis, les VTC, les ambulanciers, d’autres professions, on parle par exemple des infirmières qui pourraient venir grossir les rangs des manifestants".