"Les jeunes n'en retirent rien": la sœur de Samuel Paty juge les minutes de silence "parfaitement inutiles"

Gaëlle Paty, sœur de l'enseignant Samuel Paty assassiné devant son collège de Conflans-Sainte-Honorine en 2020, lors d'une séance photo à l'occasion de la sortie de son livre le 8 octobre 2025. - Photo par JOEL SAGET / AFP
Cinq ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), les collèges et les lycées de France doivent observer une minute de silence ce jeudi 16 octobre, en hommage au professeur d'histoire-géographie tué par un terroriste à la sortie de son collège.
Pour la première fois cette année, le collège de Samuel Paty marquera cette minute de silence en portant le nom de l'enseignant, l'établissement ayant été rebaptisé en 2025.
En parallèle, la sœur de l'enseignant Gaëlle Paty sort un livre avec l’historienne Valérie Igounet et le dessinateur Guy Le Besnerais retraçant le procès des huit accusés dans l'affaire de la mort de son frère. À cette occasion, elle a donné un long entretien à nos confrères du Parisien, dans lequel elle dénonce le manque d'actions de l'État, qui se cache, selon elle, derrière les minutes de silence nationales.
Ces minutes de silence, "elles me semblent parfaitement inutiles", lance Gaëlle Paty. "J'imagine que les jeunes n'en retirent rien."
Concrètement, la sœur de Samuel Paty aimerait voir "des actions collectives et à visée pédagogique" plutôt que des minutes de silence sans explication ni approfondissement pour les élèves.
"Certains ne savent pas de quoi on parle, ou bien la rejettent avec parfois des oppositions qui n’apportent rien à personne. Aujourd’hui, on laisse cette minute de silence aux mains des professeurs enfermés dans leur classe", déplore-t-elle dans Le Parisien.
"La laïcité ne va pas rentrer de force"
Si Gaëlle Paty a écrit ce livre en premier lieu pour un "besoin personnel", elle espère aussi qu'il sera "partagé dans les classes". "On l’a fait pour les jeunes en général", explique celle qui a travaillé avec en tête "le souci du devoir de mémoire".
Elle appelle aussi l'Éducation nationale à "trouver le moyen de dépassionner ce débat sur la laïcité" et de "ne pas laisser les enseignants seuls face à leurs élèves", tandis que beaucoup de professeurs témoignent de la difficulté qu'ils ont à enseigner la laïcité à leurs élèves. "Je pense qu’ils ont peur, car ce n’est pas simple", appuie-t-elle.
"La laïcité ne va pas rentrer de force dans l’esprit des élèves qui en sont éloignés. C’est le sens du prix Samuel Paty porté par l’Association des professeurs d’histoire et de géographie", ajoute Gaëlle Paty.
Elle annonce également dans Le Parisien déposer une lettre du chanteur Bono écrite à ses parents au Musée mémorial du terrorisme, "qui doit ouvrir en 2027". L'artiste avait écrit une lettre à la famille de Samuel Paty après la diffusion de la chanson "One" de U2 lors de la cérémonie d'hommage en 2020 à la Sorbonne.