Faut-il revoir l’allocation de rentrée scolaire ?

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Ce mardi, 2 millions 800 000 familles vont découvrir une bonne surprise sur leur compte en banque : le versement de leur allocation de rentrée scolaire (ARS), revalorisée de 25% comme le gouvernement l’avait promis. C’est donc une allocation en hausse de 72 à 77 euros qui sera versée par la CAF (Caisse d'Allocation Familiale) aux familles les plus modestes, pour leurs enfants de 6 à 18 ans.
L’augmentation de la prime, en période de difficultés financières, fait évidemment débat. La promesse de François Hollande était de soutenir le pouvoir d’achat tout en donnant la priorité à l’école, mais cette promesse a un prix : ce coup de pouce coûtera 1,5 milliard d’euros à l’Etat pour des primes qui vont de 356 à 388 euros par enfant.
« D’abord agir sur les enseignants »
Un coup de pouce loin d’être nécessaire pour Corinne Tapeiro. Responsable à Paris de la Peep, une fédération de parents d’élèves, elle estime que les efforts peuvent être faits ailleurs. « Il est important d’abord d’agir sur les enseignants, explique-t-elle, pour leur demander des listes de fournitures scolaires moins tarabiscotées. Par exemple des cahiers 24x32 au lieu des 21x29,7, où parfois le prix varie du simple au double ». Autre point : l’étalement des dépenses dans le temps : « On a l’impression que les parents vont tout faire à neuf, des chaussures aux vêtements en passant par la coupe de cheveux. Si le pantalon, c’est du 10 ans, et que l'enfant a 14 ans, et bien il faudra changer le pantalon quel que soit le moment de l’année », pas parce que c’est la rentrée, estime-t-elle.
« Ouvrir l'ARS à un plus grand nombre de familles »
Ancienne salariée de la Cnaf (Caisse nationale d'allocations familiales), qui distribue l'ARS, Christiane Therry estime, elle, que cette aide est nécessaire, mais pas forcément bien pensée. Membre de l’association Familles de France, elle estime que l'allocation mériterait d’être redéployée. « Elle représentait ces dernières années à peu près le montant des besoins pour une entrée au collège, mais déjà le double d’une entrée en primaire. Par contre, s’il fallait l’augmenter, c’était pour le lycée, pense-t-elle. Et surtout, ce qu’il fallait faire plutôt que de l’augmenter de cette façon, c’était l’ouvrir à un plus grand nombre de familles, bien sûr ».
« Faire confiance aux parents »
Pour Thierry Damien, en revanche, président de l’association Famille rurale, il faut apprendre à « faire confiance aux parents, complètement responsables. La rentrée scolaire, ce n'est pas qu’une trousse et un cartable, c'est aussi des vêtements, une calculatrice, parfois un ordinateur portable parce que des devoirs vont être à consulter sur Internet, évidemment le transport scolaire, la cantine, etc. » Même revalorisée, l’allocation est donc loin d’être superflue. « Rapidement on arrive au bout de ses indemnités. Peut-être que tout n’est pas dépensé dans les trois jours, mais le mois de septembre est un mois où les familles dépensent beaucoup pour leurs enfants ».