Des groupes de soutien en 4e et en 3e? Borne appelle à "laisser de la liberté" aux collèges

Élisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, prononce un discours lors d’une cérémonie de passation de pouvoir au ministère de l’Éducation à Paris, le 24 décembre 2024. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le chaud et le froid. La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, ouvre la porte à une remise en cause des groupes de niveaux pour tous les collégiens. Ce dispositif existe depuis la rentrée 2024 et permet à l'heure actuelle aux enfants de 6e et de 5e d'avoir des groupes de niveau en français et en mathématiques.
En octobre dernier, sa prédécesseure Anne Genetet avait pourtant évoqué sa volonté de les étendre aux 4e et 3e, comme annoncé dès 2023 par Gabriel Attal.
"Il était prévu (pour eux) une heure de soutien en maths et en français chaque semaine. On dégage des moyens (...) Mais je veux laisser de la liberté aux établissements pour trouver les bonnes organsations", avance l'ex Première ministre ce jeudi 23 janvier sur France inter.
"Le maintien" des groupes de niveau en 6e et 5e
Quant aux groupes de niveau pour les collégiens les plus jeunes, "ils feront l'objet d'une évaluation en juin". "On va les maintenir", promet l'ancienne cheffe du gouvernement.
Faut-il comprendre que les collégiens les pus âgés n'auront jamais de groupe de niveaux, plus de deux ans après les propos de Gabriel Attal? Alors ministre de l'Éducation nationale, le macroniste avait promis "un choc des savoirs" qui passait notamment par ce dispositif qui devait se déployer en deux temps, en commençant d'abord par les collégiens les plus jeunes avant de s'appliquer à tous.
Dans une note à destination des chefs d'établissement, le ministère précisait en mars 2024 les contours du dispositif, considéré par les enseignants comme "un tri entre les élèves". L'objectif préconisé est alors de limiter à "une quinzaine d'élèves" les groupes comportant "un nombre important d'élèves en difficulté".
Un déploiement loin d'être effectif dans tous les collèges
"Ces groupes peuvent porter sur différents aspects", comme par exemple "une partie du programme" ou encore "des compétences plus transversales" telles que "la capacité à se concentrer, à mémoriser ou à organiser son travail". Ils doivent se faire sur les cases horaires prévues pour les cours de mathématiques ou de français, peut-on y lire.
Mais leur installation en septembre dernier dans les classes de 6e et de 5e se passe plutôt mal. Presque cinq mois après la rentrée scolaire, leur déploiement dans les classes est toujours loin d'être effectif partout.
"Les groupes de besoin sur ces savoirs fondamentaux sont en train d'être mis en place", défendait en octobre dernier Anne Genetet.
En juillet dernier, Nicole Belloubet, sa prédécesseuse, utilisait exactement les mêmes termes, assurant que la création des groupes de niveau serait assurée dès le mois de septembre dans "la souplesse".
"Élever le niveau d'exigence du brevet"
Les contours de la mesure controversée avaient bien été détaillés au Journal official en mars dernier. Elle devait d'abord "entrer en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième" avant de concerner "à compter de la rentrée scolaire 2025", "les classes de quatrième et de troisième".
Mais plusieurs points clefs du "choc des savoirs" semblent sur pause depuis des mois, entraînant donc le flou sur cette mesure. Le tout sur fond de rétropédalage des réductions de postes de professeurs dans le budget 2025, sous forte pression financière.
Exit par exemple la volonté de Gabriel Attal de conditionner le passage en seconde à la réussite du brevet des collègues. Annoncér pour le diplôme à l'été 2025, cette mesure n'est finalement pas maintenue, comme l'a annoncé le ministère mi-janvier. Anne Genetet avait pourtant promis que cela sera le cas pour juin 2027.
"Je veux élever le niveau d'exigence du brevet", cherche cependant à convaincre Élisabeth Borne sur France inter. Pour cela, "on va revoir le poids respectif du contrôle continu et de l'examen avec 60% de la note liée à l'examen final".
Le contrôle continu compte actuellement pour 50% de l'attribution du diplôme. Les résultats du brevet 2024 ont été en baisse en juillet dernier. Le taux de réussite a été de 85,6%, en raison de la suppression des correctifs académiques à l'examen, cette pratique qui permet de réviser à la hausse les notes obtenues.