Redoublement, brevet, groupes de niveaux... Ce qu'il faut retenir des annonces d'Attal pour les collèges et lycées

Alors qu'un nouveau rapport Pisa alerte sur le niveau des élèves dans l'Hexagone, le ministre de l'Éducation a présenté ce mardi 5 décembre son plan de réforme du système éducatif, un électrochoc à tous les étages de l'école".
Gabriel Attal a affiché la volonté d'une école "plus exigeante" et "synonyme d'efforts" pour les élèves. Il a également ambitionné un rétablissement de "l'autorité pédagogique". Groupes de niveaux, examens "plus difficiles"... Voici ce qu'il faut retenir de ce plan pour un "choc des savoirs".
• Sur le redoublement, les familles n'auront "plus le dernier mot"
Ce sera désormais "l'équipe pédagogique" et les professeurs, et non plus les familles, qui auront "le dernier mot s'agissant" du redoublement de l'élève. "Dès le premier trimestre de l’année 2024, je publierai un décret qui rendra à l’équipe pédagogique - et non plus aux familles - le dernier mot s’agissant du redoublement de l’élève", a précisé Gabriel Attal.
Deux cas de figure seront possibles. Soit l'élève présente un niveau en dessous des attentes mais peut profiter d'un "tutorat pendant les vacances scolaires", des stages qui existent déjà l'été et lui permettent de poursuivre si la remise à niveau est suffisante. Dans l'autre cas, pour des élèves "en très grande difficulté", le redoublement sera exigé sans repêchage.
Interdit en maternelle, découragé et soumis à l'approbation des parents en primaire, le redoublement est en baisse constante dans le secondaire. En 2020, on n'a compté que 0,7% de redoublants parmi les effectifs de 6e, 0,5% en 5e, 0,4% en 4e et 2% en 3e.
La mesure du redoublement ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté éducative. Selon le Centre national d'étude des systèmes scolaires, une instance indépendante, "dans la majorité des études, le redoublement n'a pas d’effet sur les performances scolaires à long terme". Il a "en revanche, toujours un effet négatif sur les trajectoires scolaires et demeure le meilleur déterminant du décrochage".
"Il vaut mieux faire sa primaire en 6 ans que de rater au collège", a jugé Gabriel Attal.
• Le brevet va devenir plus difficile et obligatoire pour accéder directement au lycée
Gabriel Attal a annoncé mettre fin au "correctif académique qui réévalue artificiellement" les notes du brevet. "Les épreuves terminales représenteront 60% de la note finale, au lieu de 50% aujourd’hui", peut-on lire dans son courrier à la communauté éducative.
Le diplôme du brevet conditionnera désormais l'accès direct au lycée. Les élèves en difficulté et qui n'obtiendront pas leur brevet ne feront pas leur entrée en seconde l’année suivante, "mais rejoindront une classe 'prépa-lycée' pour consolider leur niveau", avait ajouté le ministre, sans plus de détail, avant la présentation complète de son plan en début d'après-midi. Un dispositif dont les contours n'ont pas encore été précisés.
Cette prépa ne consistera pas à "refaire la même année de 3e" ou à anticiper l'année en seconde". Elle doit servir à "combler un certain nombre de lacunes et préparer au mieux l'entrée au lycée". La première rentrée dans cette année spéciale se fera en septembre 2025. Le reste des contours de cette mesure ne sont pas connus.
• Des groupes de niveau vont être mis en place pour les élèves de 6e et de 5e
Les élèves de 6e et 5e seront répartis en trois groupes de niveaux pour leurs enseignements de français et de mathématiques à partir de la rentrée 2024, une mesure évoquée par Gabriel Attal dès le mois d'octobre.
Ces groupes d'élèves en difficulté ne devraient pas compter plus d'une "quinzaine" de jeunes, qui pourront changer de groupe en cours d'année. La même organisation s’appliquera pour les classes de 4e et de 3e à compter de la rentrée de septembre 2025.
Cette mesure cherche à répondre aux mauvais résultats de l'étude Pisa. L'Hexagone se situe, certes, dans la moyenne des pays étudiés mais enregistre des résultats "parmi les plus bas jamais mesurés", avec notamment une "forte baisse en mathématiques".
Ces dédoublements impliqueront plusieurs "milliers" de nouveaux postes au collège. Le nombre précis doit encore être déterminé et sera détaillé courant décembre. Une promesse qui risque cependant d'être freinée par des difficultés de recrutement déjà importantes.
• Les collégiens en grande difficulté auront une "scolarité aménagée"
Le ministre de l'Éducation nationale veut mettre en place pour les collégiens "connaissant les plus grandes difficultés" en mathématiques et en français un dispositif particulier.
Concrètement, le volume horaire de ces deux disciplines pourra être "sensiblement augmenté" en parallèle d'une réduction temporaire des cours dans d'autres disciplines. Des adaptations décidées au cas par cas avec le personnel enseignant et les familles.
"Aucun élève ne doit être laissé sur le bord du chemin", a martelé Gabriel Attal.
• Les profs pourront "prescrire" des stages de réussite pendant les vacances
Les professeurs pourront "recommander, voire prescrire, à leurs élèves des stages de réussite durant les vacances scolaires conditionnant leur passage dans la classe supérieure", a encore annoncé Gabriel Attal, comme il l'avait expliqué dans un courrier aux professeurs.
La rémunération des professeurs volontaires sera désormais doublée pour atteindre "156 euros pour 3 heures" de stage.
• Une nouvelle épreuve de maths sera instaurée au bac dès le printemps 2025
Après le retour des mathématiques dans le tronc commun en première depuis la rentrée 2023, une nouvelle épreuve sera dédiée à cette matière en fin de première dans les épreuves du baccalauréat. Cette épreuve de culture mathématique et scientifique sera pour la première fois organisée en 2026.
• Les notes du bac ne seront plus "réévaluées artificiellement" à la hausse
Gabriel Attal veut durcir la notation des épreuves terminales du baccalauréat. Désormais passé en partie en contrôle continu, chaque copie du baccalauréat peut se voir noter à la hausse quand un élève est près de la moyenne nécessaire pour valider le diplôme. Le ministre veut mettre fin au "correctif académique" dès la session de la session de juin 2024.
Le ministre a "conscience" que les taux de réussite aux examens du brevet et du baccalauréat seront réduits par les différents changements de modalités. Une baisse anticipée qu'il dit "assumer" pour redonner de la valeur aux diplômes.
• Tous les lycéens seront "accompagnés" par un logiciel d'IA
Le ministre a en outre annoncé que dès septembre 2024, tous les nouveaux lycéens entrant en seconde pourront bénéficier d'un logiciel basé sur l'intelligence artificielle pour les aider en français et en mathématiques.
Nommé MIA, ce logiciel mis au point par une entreprise française sera proposée en février prochain à 200.000 élèves de première. Ils y trouveront 200.000 exercices de français et de mathématiques censés être faits à la maison par les élèves, avec possiblement un contrôle de l'enseignant.