Les groupes de niveaux en français et mathématiques étendus à la 4e et la 3e?

La ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet veut étendre le dispositif des groupes de niveaux en français et en mathématiques actuellement en train d'être "mis en place" pour les 6e et les 5e. La ministre promet également le lancement d'un "acte 2 du choc des savoirs", lancée par Gabriel Attal en 2023.

Plus d'un mois après sa nomination surprise à l'Éducation nationale, Anne Genetet dévoile ses intentions. La locataire de la rue de Grenelle met ses pas dans ceux de son prédécesseur Gabriel Attal et lance le chantier des groupes de niveaux pour les élèves de 4e et de 3e.

"Il va s'agir de mettre en place tous les dispositifs à notre disposition" "pour accompagner nos élèves vers la réussite", juge Anne Genetet ce jeudi sur France info, souhaitant "étendre" ce dispositif à tous les collégiens.

Un dispositif très critiqué

La ministre compte donc étoffer la mesure qui vise actuellement les élèves de 6e et de 5e en mathématiques et en français. Elle avait été annoncée par Gabriel Attal qui avait promis "un choc de niveau" en décembre 2023. Ce dispositif annoncé en 2023 avait été vivement critiqué par le monde éducatif et rebaptisés "groupes de besoins" par Nicole Belloubet, à qui Anne Genetet a succédé.

Le ministère a communiqué aux organisations syndicales plusieurs pistes: soit elle étend les groupes de niveau en 4e et 3e, en français et en maths, soit elle propose un dispositif mixte, avec des groupes de besoin ponctuels sur une partie des horaires, avec un accompagnement à la méthodologie en vue de mieux préparer le brevet. La première option a déjà du plomb dans l'aile car elle n'est pas financée.

Dans une note à destination des chefs d'établissement, le ministère précisait en mars 2024 les contours du dispositif, considéré par les enseignants comme "un tri entre les élèves". L'objectif préconisé est de limiter à "une quinzaine d'élèves" les groupes comportant "un nombre important d'élèves en difficulté".

"Ces groupes peuvent porter sur différents aspects", comme par exemple "une partie du programme" ou encore "des compétences plus transversales" telles que "la capacité à se concentrer, à mémoriser ou à organiser son travail". Ils doivent se faire sur les cases horaires prévues pour les cours de mathématiques ou de français.

Un déploiement loin d'être effectif dans tous les collèges

Preuve que l'organisation n'a rien d'évidente: presque deux mois après la rentrée scolaire, leur déploiement dans les classes est loin d'être effectif partout. "Les groupes de besoin sur ces savoirs fondamentaux sont en train d'être mis en place", défend cependant la ministre sur France info.

En juillet dernier, Nicole Belloubet, utilisait exactement les mêmes termes, assurant que le déploiement des groupes de niveau seraient prêts pour le mois de septembre dans "la souplesse".

Les contours de la mesure controversée avaient bien été détaillés au Journal official en mars dernier. Elle devait d'abord "entrer en vigueur à compter de la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième" avant de concerner "à compter de la rentrée scolaire 2025", "les classes de quatrième et de troisième".

Le brevet obligatoire pour passer en seconde, pas cette année

Mais plusieurs points clefs du choc des savoirs lancée par Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale, semblent sur pause depuis des mois, entraînant donc le flou sur cette mesure. Le tout sur fond de réductions de postes de professeurs dans le budget 2025, sous forte pression financière.

Un exemple avec la volonté de Gabriel Attal de conditionner le passage en seconde à la réussite du brevet des collèges qui n'aura pas lieu pour le diplôme à l'été 2025.

"Pour le moment, nous sommes sur l'accompagnement de tous les élèves vers la réussite", avance ainsi Anne Genetet, tout en jugeant l'idée "extrêmement intéressante".

Pas de quoi refroidir cependant la ministre qui promet bien "un acte 2 du choc des savoirs". Les mesures promises pour l'acte 1 sont pourtant loin d'être toutes déployés. Le dispositif d'une "scolarité aménagée" pour les collégiens en difficulté est au point mort. Même chose pour "la prescription" de stages de réussite pendant les vacances ou la nouvelle épreuve de mathématiques pour le brevet.

Marie-Pierre Bourgeois