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"Ça aurait dû être fait depuis longtemps": l'enseignante suspendue pour la minute de silence pour Gaza ne regrette pas

Une épreuve de baccalauréat en juin 2017 dans un lycée parisien (photo d'illustration)

Une épreuve de baccalauréat en juin 2017 dans un lycée parisien (photo d'illustration) - Martin Bureau-AFP

Une professeure de physique-chimie d'un lycée de l'Yonne est suspendue depuis le 31 mars pour avoir organisé une minute de silence en classe pour les victimes des bombardements israéliens à Gaza. Elle explique ne pas regretter cette action.

Depuis le 31 mars, une professeure du lycée Janot/Curie de Sens (Yonne) est suspendue pour avoir organisé une minute de silence "en hommage aux victimes de Gaza". Si elle déplore sa sanction, elle explique auprès de nos confrères de France 3 ne pas regretter cette action.

"Je pense que c'est quelque chose qui aurait dû être fait par l'Éducation nationale depuis longtemps", affirme la professeure de physique-chimie qui souhaite rester anonyme. "Ne réagissant pas, il est normal que les professeurs, en voulant aider les élèves et parler de ce qu'il se passe là-bas, finissent par prendre des initiatives".

"Je sais que je ne suis pas la première à souffrir de ce type de sanction, et que je ne serai probablement pas la dernière", abonde-t-elle tout en se réjouissant du soutien qui lui est apporté.

Cette affaire "permet aussi de rappeler la situation qui est terrible là-bas. Ça contraste énormément avec le silence et les sanctions du rectorat", estime-t-elle.

Manquement au "respect de neutralité" selon le rectorat

Le rectorat de Dijon a décidé de suspendre la professeure "par mesure conservatoire". Une procédure disciplinaire a également été engagée à son encontre. Il lui est reproché par une "initiative personnelle" d'avoir bafoué son "respect de neutralité". "Un devoir pour les fonctionnaires, inscrit dans leur statut, et tout manquement à cette obligation déclenche une procédure disciplinaire", a précisé le rectorat à BFMTV.

Les branches Éducation des syndicats FO, CGT et Sud sont montés au créneau pour défendre l'enseignante. Ils affirment que ce sont "des élèves" qui ont demandé à l'enseignante de respecter cette minute de silence. Ce qu'elle a accepté "à la fin de son cours" "avec les élèves qui le souhaitaient", soulignent les syndicats, en dénonçant une "suspension brutale" et "arbitraire".

"On est très attachés à la laïcité, au fait de ne pas exprimer d'opinions politiques auprès des élèves", assure le secrétaire du SNUDI-FO 89, Lucas Romain, auprès de France 3. "Là, ce n'est pas le cas: c'est une démarche de solidarité envers le peuple palestinien qui se fait massacrer".

Des élèves du lycée Janot-Curie ont également manifesté leur soutien. "Je trouve que c'est un peu exagéré et pas très éthique de la suspendre", déclare une lycéenne à nos confrères. Quand une autre estime que "ce n'est pas vraiment politique, ce n'est pas comme si elle prenait parti", "c'est un événement qui touche tout le monde".

"Des gens de droite comme de gauche peuvent trouver que ce qui se passe à Gaza est inadmissible", abonde une élève.

Juliette Brossault