BFMTV
Palestine

"Gaza est un mouroir, pour ne pas dire un cimetière": Jean-Noël Barrot dénonce une situation "insoutenable" dans l'enclave

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le 19 novembre 2024 à Varsovie en Pologne

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le 19 novembre 2024 à Varsovie en Pologne - Wojtek RADWANSKI / AFP

Au lendemain de l'arrivée des aides humanitaires à Gaza, permis après la levée du blocus d'Israël, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé "une situation "insoutenable" dans cette région devenue un "mouroir".

Alors que l'armée israélienne intensifie son offensive à Gaza, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé au micro de France Inter, ce mardi 20 mai, une situation "insoutenable" comparant la région, fortement touchée par une crise humanitaire, à "un cimetière".

"La situation est insoutenable parce que la violence aveugle et le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière", a alerté le ministre.

"Cela doit cesser parce que chacun s'en rend compte, c'est une atteinte profonde à la dignité de la personne humaine, c'est une violation absolue de toutes les règles du droit international et c’est contraire à la sécurité d’Israël, à laquelle la France est attachée, car qui sème la violence, récolte la violence", a affirmé Jean-Noël Barrot.

"Tout cela doit cesser"

Après un blocus de l'aide alimentaire pendant plus de deux mois dans la bande de Gaza, le bureau du Premier ministre israélien avait annoncé dimanche soir qu'Israël allait autoriser la reprise "limitée" de l'aide dans l'enclave palestinienne. Une aide "totalement insuffisante" pour Jean-Noël Barrot.

"Tout cela doit cesser, on ne peut pas détourner les yeux de la souffrance des Gazaouis, il faut que cette aide soit immédiate, massive et sans aucune entrave", a-t-il déclaré à France Inter.

Selon un rapport de l'Unicef publié le 12 mai, 71.000 enfants et plus de 17.000 mères auront besoin d’une prise en charge urgente contre la malnutrition aiguë, notamment à cause du blocus humanitaire.

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères est également revenu sur les sanctions prises par la France à l'égard des colons israéliens en Cisjordanie et sur une potentielle suspension d'un accord d'association entre Israël et l'Union européenne.

"Ces accords comportent une dimension politique et une dimension commerciale, donc ni Israël ni l'Union européenne n'ont intérêt à y mettre fin, mais la situation des civils [à Gaza] nous oblige à avancer d'un cran supplémentaire", a-t-il expliqué.

"Déterminés" à reconnaître l'État palestinien

Jean-Noël Barrot a rappelé que l'objectif du gouvernement, depuis le 7-Octobre, est de "désarmer le Hamas et libérer les otages", mais aussi "la sécurité d'Israël". "On ne peut pas laisser en héritage aux enfants de Gaza la violence et la haine. C'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'État de Palestine", a ajouté le ministre, affirmant qu'il y travaillait "activement".

Dans cette perspective, lundi, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont condamné fermement les "actions scandaleuses" du gouvernement israélien à Gaza. Une déclaration conjointe qui n'a pas plu au Premier ministre israélien Benjamin Netanayahu, qui a estimé que les réactions internationales de ces trois pays étaient une "récompense" au Hamas.

Pour le ministre français, "l'attitude du gouvernement israélien hypothèque la sécurité à l'avenir du peuple israélien". "Nous soutenons les voix qui, en Israël et ailleurs, appellent le gouvernement israélien à la raison", a assuré Jean-Noël Barrot.

L'attaque terroriste du Hamas du 7-Octobre, qui a tué au moins 1.200 personnes, a déclenché ces représailles israéliennes, qui ont fait au moins 53.486 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Ce mardi, la Défense civile de la bande de Gaza a annoncé la mort de 44 personnes après de nouveaux bombardements sur le territoire palestinien en guerre.

Orlane Edouard