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Société

Ecocide, féminicide, retraite... Les mots qui ont marqué les médias en 2019

Marche contre les violences faites aux femmes à Paris, le 23 novembre 2019

Marche contre les violences faites aux femmes à Paris, le 23 novembre 2019 - DOMINIQUE FAGET / AFP

En 2019, les Français ont exprimé leurs vives préoccupations au sujet du réchauffement climatique et des violences faites aux femmes mais aussi sur leur avenir, avec des mots qui ont trouvé un large écho dans la presse. En voici le palmarès.

Après "infox", "fracture", "happycratie" ou encore "illectronisme" en 2018, de nouveaux mots ont monopolisé les Unes des médias en 2019. Comme chaque année depuis 11 ans, Jeanne Bordeau, qui se présente comme une "styliste du langage", recense les termes les plus employés dans la presse, permettant ainsi de dresser un portrait de l'année écoulée. Un palmarès qu'elle décrypte dans colonnes du Parisien ce samedi.

En 2019, les sujets de société, comme l'écologie ou les violences faites aux femmes, et les catastrophes, dont l'incendie qui a dévasté la cathédrale Notre-Dame de Paris, ont été au coeur de l'actualité et ont chacun développé leur propre champ lexical.

Le climat au centre des préoccupations

Sous l'impulsion de "Greta Thunberg", élue personnalité de l'année par le magazine Time, et de millions de jeunes anonymes à travers le monde, souvent qualifiés de "génération climat", "l'urgence climatique" a régulièrement fait la Une de la presse cette année. La maison d'édition britannique Oxford Dictionnaries a d'ailleurs élu cette expression comme celle reflétant le mieux "l'humeur ou les préoccupations" de 2019, rapporte le quotidien.

Dans la lutte pour la protection de l'environnement, 2019 a par ailleurs popularisé le mot "écocide", avec la tentative échouée du Parti socialiste de faire condamner le "crime d’écocide" dans le droit pénal français, révèle Jeanne Bordeau.

"C'est la première année que je relève des mots comme stress hydrique, mégafeu ou lèpre des oliviers, en plus des inondations, des algues qui envahissent les côtes... La nature se rebelle, elle nous chasse", confie la linguiste.

Les femmes montent au front contre les violences conjugales

Après l'avènement du mouvement #MeToo, les femmes ont été nombreuses à se mobiliser cette année contre la centaine de "féminicides" recensés en France, notamment lors de marches contre les "violences sexuelles et sexistes" menées par le collectif "#NousToutes". Des préoccupations prises au sérieux par la secrétaire chargée de l'Egalité entre les Femmes et les Hommes "Marlène Schiappa" qui a lancé un "Grenelle des violences conjugales", dont les premières conclusions ont été dévoilées fin novembre.

L'incendie de Notre-Dame, actualité la plus commentée sur Twitter

Le 15 avril, la France était en émoi face aux images dramatiques de "l'incendie" qui a ravagé la toiture de la cathédrale "Notre-Dame" de Paris. L'événement, relayé par tous les journaux français mais aussi à l'étranger, est d'ailleurs devenu l'actualité la plus commentée sur Twitter en 2019. D'autres catastrophes ont par ailleurs fait la Une des médias dans le courant de l'année, avec en tête, l'incendie de l'usine "Lubrizol" fin septembre à Rouen ou encore celui de la "forêt amazonienne" au Brésil au mois d'août.

Un contexte social tendu

"Précarité", "pauvreté", "malêtre", "colère", "ras-le-bol", "désobéissance civile", "mobilisations massives", "grèves"... Un an après l'avènement du mouvement des gilets jaunes et alors que le gouvernement, de plus en plus désigné comme "l'exécutif", est vivement critiqué pour sa "réforme des retraites", les Français expriment de vives inquiétudes sur leur avenir, note Jeanne Bordeau. "Avocats", "enseignants", personnels de "l'hôpital public", "paysans"... toutes les professions semblent gagnées par ce climat de "haute tension".

"Les lignes se brouillent, on sent une délégitimation des pouvoirs représentatifs. Les notions de pouvoir et d'autorité sont vidées de leur substance", explique Jeanne Bordeau au Parisien.
Mélanie Rostagnat