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Brésil: ce que l'on sait des violents incendies qui ravagent l'Amazonie

Depuis le début du mois de juillet la forêt amazonienne est frappée par de violents incendies. Ces feux, qui ont empiré ces derniers jours, menacent de façon dramatique le "poumon de la planète".

Depuis plusieurs semaines la forêt amazonienne est en proie à de violents incendies. Une situation dramatique pour le "poumon de la planète", qui a vu les feux empirer ces derniers jours notamment au Brésil, pays qui possède 60% de sa surface.

Sur les réseaux sociaux, des images montrant des pans entiers de forêt dévorés par les flammes circulent, provoquant émoi et consternation. S'il n'est pas possible d'évaluer pour l'heure l'étendue des dégâts, on sait par ailleurs que les incendies touchent plusieurs régions comme l'Etat de Rondonia, celui d'Amazonas, de Roraima ou encore l'Etat du Mato Grosso.

Une hausse des incendies alarmante

Les feux de forêt ont nettement augmenté en 2019 au Brésil comparé aux deux années passées. La hausse a été particulièrement alarmante dans les Etats occupés en totalité ou partiellement par la forêt amazonienne, comme celui du Mato Grosso (dans le centre-ouest), avec 13.682 départs de feu, soit une hausse de 87% par rapport à toute l'année 2018.

Ces incendies sont notamment provoqués par les défrichements par brûlis utilisés pour transformer des aires forestières en zones de culture et d'élevage ou pour nettoyer des zones déjà déforestées. Une pratique interdite à cette période de l'année et malgré tout très utilisée.

Sao Paulo plongée dans le noir

Lundi les habitants de Sao Paulo ont été plongés dans le noir en pleine journée du fait des fumées liées aux feux de forêt - qui se trouvent pourtant à des milliers de kilomètres de là, comme l'écrit sur Twitter une journaliste spécialiste du Brésil. En cause notamment, les vents violents qui ont attiré la fumée jusqu'à la mégapole, située au sud-est du pays.

De nombreux internautes ont notamment partagé des clichés de la ville plongée dans l'obscurité pendant environ une heure. Plus largement, ces importants incendies ont été relayés sur Twitter, devenant la première tendance mondiale mercredi avec le hashtag #PrayforAmazonia.

Le gouvernement vivement critiqué

Selon l'Institut national de recherche spatiale (INPE), la déforestation en juillet a été quasiment quatre fois supérieure à l'année dernière lors du même mois. Depuis janvier 2019, 72.843 départs de feu ont été enregistrés dans le pays, contre 39.759 sur toute l'année 2018 soit une augmentation de 83%.

Des chiffres remis en cause par le président brésilien Jair Bolsonaro, cible d'une avalanche de critiques des scientifiques. Ce dernier a insinué mercredi que des ONG pourraient avoir provoqué ces feux, afin "d'attirer l'attention" sur la suspension par Brasilia des financements alloués à la préservation de la forêt amazonienne.

  • "Il pourrait s'agir, oui, il pourrait, mais je ne l'affirme pas, d'actions criminelles de ces 'ONGéistes' pour attirer l'attention contre ma personne, contre le gouvernement brésilien. C'est la guerre à laquelle nous sommes confrontés", a lancé le chef de l'État, sans pour autant étayer ses accusations.

Les ONG recevaient entre autres 40% de subventions venues de l'étranger et suspendues en partie, ainsi que des financements publics, eux aussi stoppés par le gouvernement climato-sceptique.

La progression de la déforestation en cause

Selon le chercheur de l'Institut de recherche environnementale sur l'Amazonie (IPAM) Paulo Moutinho, la hausse du nombre d'incendies en Amazonie brésilienne est avant tout causée par la progression de la déforestation. En effet ce dernier remet en cause l'argument du gouvernement, qui soutient que cette augmentation du nombre d'incendies est due à la sécheresse, habituelle en cette période de l'année.

"En 2019 nous n'avons pas une sécheresse aussi sévère que lors des années précédentes, or il y une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n'est pas du tout le facteur prédominant. S'il y avait eu plus de sécheresse, cela aurait été bien pire", explique-t-il.

Interrogé, le ministre brésilien de l'Environnement Rocardo Salles a expliqué que "le gouvernement a mobilisé tous les effectifs des secouristes et tous les avions (...) qui sont désormais à pied d'oeuvre avec tous les gouvernements régionaux".

En Amérique du Sud, le Brésil est le pays le plus touché par les feux de forêt en 2019, suivi par le Venezuela (26.453) et la Bolivie (16.101). 

Manon Fossat