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Ebola: vaccin, sérums... le point sur les traitements médicaux en cours

Une affiche de prévention contre Ebola, le 24 août 2014 à Abidjan.

Une affiche de prévention contre Ebola, le 24 août 2014 à Abidjan. - Sia Kambou - AFP

Quarante ans après la découverte du virus Ebola, les scientifiques accélèrent la cadence pour contrer l'épidémie qui sévit en Afrique de l'Ouest. Essais plus courts, utilisation exceptionnelle de traitements en cours d'évaluation: quelles sont les réponse médicales mises en place?

Le virus Ebola est un virus mortel très contagieux pour lequel il n’existe aucun remède à ce jour. De 30 à 90% des personnes infectées en meurent. Partout dans le monde, la communauté scientifique s’active donc pour trouver une réponse rapide à l'épidémie qui a déjà fait plus de 2.400 morts depuis le début de l'année. Mais, malgré l’accélération des essais, aucun traitement ne sera disponible avant fin 2014. Vaccins, sérums, traitements: où en est-on?

Les vaccins

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), a soumis 8 traitements et 2 vaccins à 200 experts chargés de les développer. On dispose de très peu de données sur l’un des deux vaccins, dénommé VSV-EBO, mais des essais sont en cours.

L'autre, le ChAd3, utilise un virus du rhume des chimpanzés pour transporter des fragments d’Ebola chez le sujet vacciné. L’organisme doit ainsi apprendre à reconnaître l’infection et à s’en défendre. Ce vaccin a été testé sur des singes qui ont développé une immunité "durable". Puis une première personne a été vaccinée la semaine dernière aux Etats-Unis. Jean-François Delfraissy, directeur de l'Institut de Microbiologie et des Maladies Infectieuses, confiait au site spécialisé le Généraliste que "20 autres sujets vont recevoir le vaccin aux US, 30 en Angleterre, 20 au Mali et 15 en Gambie".

Les tests humains constituent la première des trois phases du processus de validation. Une fois le vaccin au point se posera la question de sa production en masse.

Les sérums

Les sérums sont des traitements à base de plasma de convalescents. Il s’agit de récupérer du sang de personnes guéries d’Ebola afin de transférer les anticorps qui ont permis de lutter contre le virus à une personne atteinte.

La semaine dernière, l’état du Dr Rick Sacra, contaminé au Libéria, s’est amélioré après deux transfusions de plasma du Dr Kent Brantly, guéri fin août. Lui-même avait été transfusé avec le sang d’un adolescent guéri. Il avait en outre bénéficié du traitement ZMapp. Ce médicament est un sérum mis au point à partir d’anticorps de souris clonés. Fabriqué par biotechnologie, son élaboration est très longue et sa fiabilité n’est pas de 100%. Les stocks de ZMapp sont désormais épuisés, mais quelques centaines de doses supplémentaires pourraient être fournies d’ici fin 2014.

Parmi les difficultés empêchant la diffusion massive des sérums: les conditions de fiabilité extrêmes dans lesquelles ces transfusions sanguines doivent être réalisées afin d’éviter la transmission d’autres virus comme le VIH. Pour récupérer le sang des personnes guéries il faudra mettre en place des infrastructures adaptées sur place.

Les médicaments antiviraux

Il existe plusieurs antiviraux. Une société canadienne planche sur le TKM-Ebola et attendrait le feu vert pour son utilisation sur des malades. Le GBV006 a été testé sur des souris mais aucune demande d'essais sur l'homme n'a encore été faite. L'AVI-7537 a été efficace entre 60 et 80% sur des singes et testé sur des humains sains, mais le laboratoire aurait de quoi traiter "deux dizaines de patients".

Le favipiravir, ou T-705, est un antiviral japonais homologué pour la grippe. Deux études publiées au printemps dernier (voir ici et ici) ont montré que cette molécule a été efficace contre Ebola sur des souris, mais elle n'a pas été testée sur l'homme. Toyama Chemical assure disposer de "réserves suffisantes pour plus de 20.000 personnes". Son administration sous forme de comprimés est un atout dans des zones aux infrastructures médicales limitées.

Dans combien de temps?

De petites quantités de traitements seront disponibles d’ici la fin de l’année grâce à des procédures accélérées. Mais, dans des circonstances normales, l’évaluation de ces traitements devrait prendre jusqu’à 10 ans. Quant aux vaccins, 10 à 15.000 doses, réservées en priorité aux soignants, pourraient être produites d'ici novembre si les résultats sont probants.

Dans un premier temps, l'effort doit se concentrer sur la qualité de la prise en charge. Selon l'Inserm de meilleures conditions d'hygiène, des traitements antibiotiques appropriés, une hydratation suffisante et une bonne alimentation permettraient de réduite la létalité de 50% à 20 ou 25%.

Aurélie Delmas