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Comment s'est déroulé le sauvetage des œuvres d'art de Notre-Dame, en plein brasier

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Sous les morceaux de bois incandescents, Laurent Prades, le régisseur du patrimoine de Notre-Dame de Paris, est l'un des premiers à avoir pénétré dans l'édifice en feu lundi soir. Sa mission: sauver les oeuvres majeures conservées dans la cathédrale.

L’ensemble de la charpente a été détruite, la toiture est sinistrée, une partie de la voûte s’est effondrée… Le brasier de la cathédrale Notre-Dame de Paris a laissé place à une scène de désolation. Mais grâce au "plan d’urgence de sauvetage des œuvres" établi il y a un peu plus d’un an à la demande du ministre de la Culture, une douzaine d’œuvres considérées comme majeures et d'autres objets d'art ont pu être extraits de l’édifice en feu et sauvés.

"Grâce au travail des pompiers, on a pu sauver d'autres œuvres à l'intérieur de la cathédrale, tant que celle-ci était accessible", rapporte à Europe 1 Laurent Prades, le régisseur du patrimoine de Notre-Dame de Paris.

"Des morceaux de bois incandescents tombaient"

Il est l’un des premiers à avoir pénétré dans le monument lundi soir, alors que la charpente était dévorée par les flammes. Equipé d’un casque de pompier, Laurent Prades a suivi les équipes à travers la fumée jusqu’aux œuvres qui devaient être extraites en priorité.

Une épreuve pour le moins saisissante: "Il y avait des morceaux de bois incandescents qui tombaient un peu partout, des voûtes du chœur, de la nef… C'était très impressionnant. Quand on redécouvre la cathédrale dans cet état, on a une grosse boule au ventre. Voir la nef jonchée de poutres calcinées, de voir les voûtes percées, de voir le ciel depuis le sol de la nef…", décrit le régisseur, qui a su garder son sang-froid face à "l’urgence" de la situation.

Le plan de sauvetage a permis de ne perdre aucune œuvre majeure, assure Laurent Prades, hormis "l’autel à la croisée des transepts, puisqu’une grande partie de la charpente et de la flèche s’est effondrée dessus". Ce monumental bloc de bronze mis en place en 1989 par le cardinal Lustiger a été "écrasé par la pression", précise-t-il. Le régisseur du patrimoine de Notre-Dame se réjouit par ailleurs que les trois rosaces - des vitraux de 13 mètres de diamètre qui représentent les fleurs du paradis - n’aient pas été touchées.

De nombreuses oeuvres sauvées

Il en va de même pour l’orgue. Laurent Prades a pu retourner sur les lieux une fois l’incendie éteint pour "repérer les dégâts". L'instrument "n'a absolument pas été touché. Il est rempli de suie, et il faudra intégralement déposer les 8000 tuyaux, et tout nettoyer. Mais il n'a pas été brûlé ou mouillé", détaille-t-il.

Si de nombreux trésors ont pu être sauvés, la structure de la cathédrale présente de nombreux stigmates, rendant complexe la question de sa reconstruction. Plusieurs analyses et expertises seront nécessaires pour savoir quelle trace l'incendie laissera dans le bâtiment. Emmanuel Macron a en tout cas affiché un objectif ambitieux: rebâtir ce joyau de l'architecture gothique en 5 ans.

Ambre Lepoivre