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Santé

"Un tournant": il y a cinq ans, un premier patient mourait du Covid-19 en France

Un soignant déplace le corps d'un patient décédé du Covid-19 dans la chambre mortuaire de l'hôpital Bichat Claude Bernard, à Paris, le 29 janvier 2021

Un soignant déplace le corps d'un patient décédé du Covid-19 dans la chambre mortuaire de l'hôpital Bichat Claude Bernard, à Paris, le 29 janvier 2021 - JOEL SAGET © 2019 AFP

En février 2020, un touriste chinois âgé de 80 ans devenait la première victime du Covid-19 en France. Le chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat, le Dr Yazdan Yazdanpanah, raconte ce "tournant".

C'était il y a cinq ans. Dans la nuit du 14 au 15 février 2020, une personne mourrait des suites du Covid-19 en France pour la première fois. Il s'agissait d'un touriste chinois de 80 ans, l'un des trois premiers malades diagnostiqués dans le pays. Auprès de Libération, le Dr Yazdan Yazdanpanah, chef de service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat, où ce patient était hospitalisé, se souvient.

Les scientifiques avaient reçu des alertes de Wuhan, en Chine, où les premiers cas ont été recensés. "Quand les premiers cas de Covid sont arrivés en France, je n'ai pas été surpris", raconte alors Yazdan Yazdanpanah.

"Des alertes, on en reçoit tout le temps (...). Rien qu'en ce moment, à l'ANRS Maladies infectieuses émergentes, nous suivons cinq épidémies et ce n'est pas toujours facile de faire la part des choses", dit-il, reconnaissant toutefois qu'il "sous-estimait la proportion que l'épidémie y prendrait".

"Son décès a été très difficile à vivre"

La fille de ce patient de 80 ans était également hospitalisée à l'hôpital Bichat en même temps que son père. "Je m'attendais à ce que des personnes qui avaient voyagé en Chine se déclarent en France", explique Yazdan Yazdanpanah. Le médecin connaissait les virus de type Sras pour "avoir soigné des patients au CHU de Lille" lors de l'épidémie de 2003.

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Lorsque ces premiers malades du Covid-19 sont pris en charge le 24 janvier 2020, ils sont hospitalisés et isolés pour éviter la contamination. C'est de cet isolement que le Dr Yazdan Yazdanpanah se souvient particulièrement.

"Son décès a été très difficile à vivre. Toute l’équipe avait fait tout son possible pour le sauver. C’était le premier mort de cette maladie en France et cela a marqué un tournant" raconte-t-il à Libération.

"On ressentait l'impuissance et la tristesse de le voir décéder dans l’isolement. Sa fille était hospitalisée dans le même hôpital, mais elle n’a pas pu être près de lui. C'est très dur de mourir dans de telles conditions", décrit-il, estimant que cela a été "un grand problème de cette pandémie".

Plus de sept millions de morts

Pour ce médecin, une des difficultés a été de comprendre "que la maladie ne se transmettait pas seulement au moment où la personne infectée était symptomatique, mais à partir de deux à trois jours avant".

"C'est une différence majeure avec le virus du Sras et cela change complètement le potentiel de propagation de l'épidémie", affirme-t-il.

Il raconte que les scientifiques ont eu la certitude de la transmission du virus même en l’absence de symptômes au mois de mars seulement. "C'est là qu'on a eu une vraie prise de conscience de l'ampleur potentielle de l'épidémie. Le comprendre plus tôt aurait probablement changé des choses", juge-t-il.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de sept millions de personnes en sont mortes du Covid-19 dans le monde. Un chiffre très sûrement sous-estimé. En France, l'organisme recense 168.000 décès.

Salomé Robles