Seulement 17% de réfractaires à la vaccination chez les 18-25 ans, d'après un sondage

Photo d'illustration. - Joseph Prezioso © 2019 AFP
Le gouvernement n'a cessé de le claironner ces derniers jours. Depuis la mi-juillet, sous-entendu dans la bouche des membres de l'exécutif depuis l'allocution du président de la République le 12 juillet - lors de laquelle celui-ci a notamment annoncé l'extension du pass sanitaire, approuvée dimanche par le Parlement - on assisterait à un "engouement" nouveau autour de la campagne de vaccination anti-Covid-19.
Il n'y a pas à finasser cependant. Le tour de vis a bien entraîné une relance profonde du rythme de la vaccination. Ainsi, le 13 juillet, 1,7 million de Français prenaient un premier rendez-vous, comme l'annonçait Doctolib. Quant à Jean Castex, mercredi sur le plateau de TF1, il promettait "cinq millions" de créneaux supplémentaires d'ici la fin du mois.
Au premier rang de cette ruée vers les aiguilles: les jeunes. Mais combien sont-ils, au juste, à se faire vacciner? Comment vivent-ils cette campagne, dopée par la menace de restrictions pour les personnes qui ne seraient pas porteuses du pass sanitaire? Quel est leur degré réel d'adhésion? Surtout, combien sont-ils à se situer en marge de cet enthousiasme relatif, et pourquoi?
Ce sont les questions auxquelles l'institut Ipsos a cherché des réponses à travers l'étude conduite auprès de 1000 jeunes majeurs, âgés de 18 à 25 ans, interrogés entre les 15 et 22 juillet par internet, dont les enseignements ont été rendus publics samedi et diffusés par Le Parisien dimanche. Il y apparaît que les jeunes ont pris ou prennent largement le chemin de la vaccination désormais, tandis qu'un segment de 17% de rétifs se dessine. Un ensemble réduit, mais qui présente ses arguments: et ceux-ci sont d'ordre divers.
33% des sondés sautent le pas à cause de l'extension du pass sanitaire
Si l'on commence par prendre l'ensemble de ce panel représentatif de cette classe d'âge de 18 à 25 ans au sein de la population française, on s'aperçoit que 51% de ces jeunes majeurs ont déjà reçu au moins une dose si ce n'est deux; dans le détail, 30% d'entre eux sont complètement vaccinés. À cette courte mais incontestable majorité absolue, on ajoute 32% d'individus sur le point de la rejoindre: ils sont ainsi 17% à avoir pris rendez-vous et 15% à "envisager" de sauter le pas.
Quant à la spontanéité de la démarche, on note que 33% des sondés déclarent s'être décidés à en passer par la piqûre devant la prespective d'une application élargie du pass sanitaire.
"Ça montre qu’une bonne partie de jeunes n’étaient pas anti-vaccins, mais plutôt attentistes. Ils ont fait le pari d’attendre sachant qu’ils sont moins à risque que les autres, et qu’ils ont parfois des doutes sur son efficacité et son possible danger", a décrypté Etienne Mercier, directeur du pôle "opinion et santé" d'Ipsos auprès du Parisien.
Dès jeudi, en duplex sur notre antenne, la médecin généraliste Marie Msika-Razon ne disait pas autre chose:
"Les gens qui viennent maintenant sont plutôt des gens qui ne se sentaient jusqu'ici pas très concernés car ils n'étaient pas à risque et pensaient qu'ils pouvaient remettre leur vaccination à une date ultérieure et qui, avec les nouvelles mesures, se rendent compte d'un impact important sur leur vie."
D'ailleurs, 52% du panel a pris position contre ladite extension du pass sanitaire. Et 42% des réfractaires jugent même que la campagne de vaccination poursuit un but liberticide plutôt que de protection sanitaire.
Obstacles concrets, doutes rationnels ou soupçons: les arguments des opposants
Ils sont donc 17% à reprendre la formulation proposée par Ipsos: "Je ne prendrai pas de rendez-vous car je ne veux pas me faire vacciner." On relève 16% de "non" dus à des difficultés d'ordre pratique: 7% arguent d'une inscription "trop compliquée", aux délais "trop longs", 6% n'ont "pas le temps", et 3% vivent trop loin des structures de vaccination. Il y a aussi 10% de "politiques" selon lesquels se faire vacciner reviendrait à soutenir un Emmanuel Macron qu'ils réprouvent.
D'autres avancent un argumentaire nettement plus sceptique: 17% des jeunes adultes ne comptant pas se faire vacciner ne "croient pas à ce qu'on dit de la gravité" du virus. 25% assurent carrément que le vaccin "est plus dangereux" que la maladie qu'il combat. Enfin, 9% de ce peloton dit croire que la vaccination sert à "implanter des micropuces pour nous contrôler".
Marge de progression, marge de protection
En fait, la grande majorité de ces dubitatifs se cimente autour d'une rhétorique n'ayant rien de complotiste: 70% d'entre eux "considère que l'on n'a pas assez de recul sur le vaccin".
"Cela veut dire qu’avec des explications, cette population peut basculer. Plus le temps va passer, plus ils seront rassurés et cela jouera en faveur de la vaccination, à condition bien sûr qu’il n’y ait pas de scandale sanitaire lié aux vaccins", a développé Étienne Mercier dans les colonnes du quotidien francilien.
