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Les soignants sceptiques sur la possibilité de vacciner les plus de 70 ans dès ce week-end

Vaccination contre le Covid-19 au vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, près de Paris, le 23 mars 2021

Vaccination contre le Covid-19 au vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, près de Paris, le 23 mars 2021 - Alain JOCARD © 2019 AFP

Alors que seulement la moitié des plus de 75 ans a été vaccinée, les médecins et pharmaciens contactés par BFMTV sont sceptiques sur les capacités à vacciner plus de personnes rapidement.

Emmanuel Macron a appelé mardi à une augmentation de la cadence sur les injections, en élargissant la cible à tous les plus de 70 ans dès ce samedi. "On va ouvrir la vaccination aux 70-75 ans", a-t-il declaré, alors qu'elle est actuellement proposée seulement aux plus de 75 ans ou à partir de 50 ans pour les personnes souffrant de comorbidités.

Mais cette population, qui fera donc partie des publics cibles dès demain, devra sûrement attendre un peu avant d'avoir le droit à une injection. Dans les lieux de vaccination - centres, pharmacies ou chez les médecins -, la liste d'attente est parfois encore longue, et le manque de doses se fait sentir.

Pas assez de doses

"J'ai vacciné hier, je vais vacciner aujourd'hui, et après je n'ai plus rien", explique à BFMTV.com Renaud Nadjahi, président de l’URPS Pharmaciens d’Ile de France. "Non seulement je ne vaccinerai pas samedi dans mon officine, mais sûrement pas non plus toute la semaine prochaine", en attendant l'arrivée de nouvelles doses.

Il souligne que les distributions dans les pharmacies depuis la mi-mars ont été faibles, et que la semaine dernière, il n'a pas pu passer de commandes. D'autre part, les pharmaciens et médecins de ville vaccinent avec le sérum d'AstraZeneca, dont la diffusion a été suspendue quelques jours la semaine dernière, après le signalement de cas de coagulation sanguine.

Même son de cloche du côté du médecin généraliste Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML, qui a appris qu'il n'aurait droit qu'à un flacon la semaine prochaine. "Habituellement on en avait trois, ça nous ramène à la situation au début de la vaccination", déplore-t-il auprès de BFMTV.com. La vaccination chez les médecins généralistes avait déjà été ralentie début mars quand, par manque de doses disponibles, ils n'avaient pu commander pendant une semaine.

"Aujourd’hui les médecins généralistes sont freinés dans leur élan par un approvisionnement insuffisant", abonde, dans un communiqué publié mercredi, le syndicat de médecins généralistes MG France. "Les dotations de vaccin AstraZeneca ne permettent pas de déployer une offre de vaccination répondant aux besoins exprimés par la population".

Seulement 50% des plus de 75 ans vaccinés

"Je pense que ce sera très compliqué d'avoir un rendez-vous parce qu'il y a très peu de vaccins", abonde sur notre antenne Sylvie Nogue, pharmacienne. Avec les doses qu'elle a actuellement, "nous pouvons vacciner 20 personnes, et nous avons une liste d'attente qui est d'au moins 70 personnes".

Car si l'exécutif ouvre la vaccination à d'autres tranches de la population ce samedi, les personnes précédemment visées n'ont pas toutes reçu leur vaccin. "La moitié seulement des personnes de plus de 75 ans a été vaccinée", expliquait mercredi sur RTL l'infectiologue et membre du Comité vaccin Covid-19 Odile Launay, ajoutant également qu'on "n'est qu'à la moitié des soignants vaccinés".

"On avait déjà une petite liste d'attente des personnes de plus de 75 ans à vacciner, donc on prend les personnes dans l'ordre d'inscription" explique sur BFMTV Odile Barry, directrice de la cellule de crise de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). "Donc d'ici le milieu / fin de semaine prochaine on pourra vacciner les personnes de plus de 70 ans."

Face à ces obstacles, les déclarations du président français, qui appelait mardi à engager une "course de vitesse" et à vacciner "matin, midi et soir", s'apparentent plus à un coup de communication qu'à une réalité, pour les professionnels de santé interrogés par BFMTV.

Comment accélérer la vaccination?

Pour mettre un coup de fouet à cette campagne vaccinale, Renaud Nadjahi propose que les pharmaciens et médecins se voient également confier des doses des vaccins ARN - Pfizer et Moderna - pour le moment uniquement fournies aux centres de vaccination. Une demande également soutenue par le syndicat MG France.

L'arrivée du sérum Johnson & Johnson le mois prochain devrait - s'il n'y a aucun problème de livraison - accélérer la campagne vaccinale. Promesse d'un élargissement du nombre de lieux de vaccination, la Haute Autorité de la Santé a annoncé vendredi dans un avis autoriser les vétérinaires et dentistes à vacciner contre le Covid-19. Une recommandation qui doit encore être entérinée formellement par le gouvernement.

10,26% de la population française a pour le moment reçu au moins une dose de vaccin, selon les dernières publications de CovidTracker ce vendredi, 3,81% a reçu les deux doses.

Les nouvelles personnes faisant partie des publics prioritaires pour la vaccination peuvent dès maintenant prendre rendez-vous en se rendant sur Sante.fr, ou en appelant le 0 800 009 110.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV