Le Covid-19 possiblement issu d'un laboratoire? L'Académie de médecine se défend après un rapport controversé

Un agent de laboratoire analyse des tests anti-Covid en Angleterre (illustration) - JUSTIN TALLIS / AFP
Au cœur d'une "polémique" non désirée, l'Académie nationale de médecine prend la parole. Dans un communiqué partagé à la presse ce jeudi 3 avril, l'organisme de référence a souhaité répondre aux "réactions suscitées par la publication de son rapport" portant -entre autres- sur les origines du Covid-19.
Le rapport en question, "De l'origine du SARS-CoV-2 aux risques de zoonoses et de manipulations dangereuses de virus", a été présenté aux journalistes mercredi 2 avril à l'occasion d'une conférence de presse. L'une des thématiques centrales était la question du point d'origine de la pandémie.
"Cinq ans après le début de la pandémie, l'origine du virus reste toujours une énigme. L'hypothèse de l'origine naturelle reste opposée à celle d'un virus modifié qui se serait échappé du laboratoire du Wuhan en Chine, un laboratoire spécialiste des recherches sur les coronavirus", a déclaré en préambule la virologue Christine Rouzioux, une membre de l'académie.
Il était bien précisé que la question de l'origine du virus n'était pas tranchée, mais que l'existence d'un "faisceau de faits et d'arguments" pourrait davantage accréditer la thèse d'une fuite volontaire ou involontaire d'un laboratoire. Un point qui a suscité des réactions au sein de la communauté scientifique.
"Ce rapport est indigent scientifiquement", a commenté auprès de l'Agence France presse Florence Débarre, une chercheuse du CNRS, auteure d'une étude publiée en septembre 2024 visant à identifier l'intermédiaire ayant transmis le SARS-CoV-2 à l'Homme.
Florence Débarre a estimé le rapport de l'Académie de médecine proche du "propos de comptoir complotiste" et "indigne de l'institution qui le publie".
"Ceux qui soutiennent la thèse de l'accident ne sont pas des complotistes. Ils cherchent simplement la vérité, il y a eu des millions de morts, il faut avoir des réponses", avait déclaré pendant la conférence de presse le biologiste Patrick Berche, sans toutefois s'arrêter à une hypothèse ou à l'autre.
"L'Académie ne prétend pas clore un débat scientifique toujours en cours"
Après avoir essuyé ces critiques, et avoir reçu une vague de soutiens de la part de la véritable complosphère, l'Académie de médecine a donc décidé de clarifier ses propos dans ce message.
"L’Académie nationale de médecine tient à rappeler l’esprit et la méthodologie ayant guidé ses travaux et que ce rapport ne prétend pas clore un débat scientifique toujours en cours", ajoutant:
"L’essentiel du rapport porte sur des recommandations concernant la surveillance épidémiologique des zoonoses et la prévention des risques de manipulations dangereuses de virus en laboratoire. Le rapport souligne l’importance de la sensibilisation aux responsabilités scientifiques et éthiques des chercheurs face aux problèmes de biosécurité et aux questions liées aux recherches à risque", comme l'indiquait BFMTV le 2 avril.
Sur la forme, l'institution "regrette" d'avoir fait l'objet de critiques au sein de la communauté scientifique pour avoir fait part de ces éléments, "plutôt que d'un débat scientifique constructif".