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Santé

Fin de vie: le rapport sur la loi Leonetti remis à François Hollande

Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie en 2005 et co-auteur du rapport pour la modifier.

Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie en 2005 et co-auteur du rapport pour la modifier. - François Guillot - AFP

Les députés Jean Leonetti et Alain Claeys remettent ce vendredi un rapport sur la fin de vie à François Hollande. Parmi les idées fortes: la promotion de "la sédation profonde et continue" et une meilleure prise en compte des volontés des patients.

Une "sédation profonde et continue" en toute fin de vie permettant aux gens de "partir doucement et sans souffrance", voilà ce que défend le député UMP Jean Leonetti dans le rapport visant à améliorer la loi qui porte son nom. Le document, qui doit être remis à François Hollande ce vendredi, a été digé conjointement avec le député PS Alain Claeys. Le chef de l'Etat avait promis d'améliorer la loi Leonetti pendant sa campagne électorale en 2012. 

Le gouvernement insiste depuis l'été dernier sur la nécessité d'une démarche consensuelle autour de ce sujet qui continue à diviser la société. La loi Leonetti, qui régit la fin de vie depuis 2005, interdit déjà l'acharnement thérapeutique et autorise l'arrêt des traitements lorsqu'ils sont jugés "disproportionnés". Mais elle reste globalement mal comprise et mal appliquée par les médecins. 

La sédation profonde et continue

"Sur la toute fin de vie, l'on peut arriver à un consensus: il faut permettre aux gens de partir doucement et sans souffrance" a déclaré jeudi Jean Leonnetti dans un entretien donné à L'Obs. Parmi les nouveautés, le député a cité la possibilité de proposer aux personnes en fin de vie "une sédation profonde et continue", évitant les "stop ou encore" pratiqués dans certains services de soins palliatifs.

"J'ai vu des patients qui demandaient des sédations, on les endormait, puis on les réveillait pour être sûrs qu'ils voulaient mourir", relate ainsi le sociologue Philippe Bataille qui a passé six mois dans des services de soins palliatifs, interrogé en parallèle dans L'Obs.

Pour le député, la sédation "profonde et continue" constitue "une énorme avancée" car "il y a dix ans, parler de sédation profonde était impossible". Mais il reste opposé au suicide assisté - autorisé en Suisse - ainsi qu'à l'euthanasie active, légale en Belgique. "Je pense qu'à partir du moment où on lève un interdit, on ouvre la voie à de plus en plus de transgressions", a-t-il jugé.

Mieux tenir compte des souhaits des patients

Il souhaite par ailleurs que les "directives anticipées" par lesquelles une personne exprime ses souhaits pour sa fin de vie deviennent à l'avenir "plus contraignantes". Créées par la loi de 2005, ces directives, valables trois ans, sont mal connues du grand public et n'ont pas de valeur contraignante pour le médecin.

"Oui, on meurt mal aujourd'hui en France et ce n'est pas acceptable", reconnaît le député qui souligne qu'en France, "notre culture médicale est trop orientée vers le fait de sauver et guérir et insuffisamment vers le soulagement et l'accompagnement", comme c'est le cas, selon lui, en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

Ses auteurs souhaitent que ce texte serve de base à une proposition de loi qui pourrait être discutée au Parlement l'an prochain.

A. D. avec AFP