"Des conditions favorables pour l’été": les projections rassurantes de l'Institut Pasteur pour les prochains mois de l'épidémie

Une terrasse de restaurant à Arcachon le 19 mai 2021 - MEHDI FEDOUACH © 2019 AFP
Pas de reprise épidémique cet été? L'Institut Pasteur a publié samedi une mise à jour de ses projections concernant la situation sanitaire en France cet été. Fin avril, les différents scénarios publiés par la fondation laissaient la place à une "remontée importante des hospitalisations" en cas de levée trop rapide des mesures de freinage. Mais alors qu'il y a un mois, le pire des scénarios donnait entre 2000 et 3000 admissions par jour en août pour des cas de Covid-19, cette fois il est question de 1000 hospitalisations maximum par jour.
"L’accélération de la décrue de l’épidémie et de la vaccination observée ces dernières semaines nous place dans des conditions favorables pour l’été", écrivent les chercheurs, soulignant toutefois que "pour éviter un risque de rebond épidémique cet été, il est préférable que la décrue actuelle des infections et hospitalisations soit maintenue pendant encore quelques semaines et que le rythme actuel de vaccination soit maintenu ou augmenté".
Le variant britannique et la vaccination sous surveillance
La fondation a planché sur deux scénarios, évaluant pour l'un une reprise de l'épidémie à partir du 19 mai (jour de la réouverture des terrasses et de nombreux lieux culturels), pour l'autre à partir du 9 juin (réouverture des cafés et restaurants en intérieur, couvre-feu à 23h...). Pour chacun de ces scénarios, différentes hypothèses sont déclinées: un variant britannique 60% plus transmissible que la souche, ce même variant seulement 40% plus contagieux, un rythme de vaccination de 700.000 doses par jour, ou de 500.000. Le plus pessimiste des scénarios est celui associant la plus grosse contagion du variant britannique au plus faible rythme de vaccination.
Ainsi, "dans le scénario de référence où le variant B.1.1.7 est 60% plus transmissible que le virus historique, on pourrait s’attendre à une remontée substantielle des hospitalisations si on revenait dès le 19 mai aux conditions de transmission mesurées durant l’été 2020", explique l'étude. "Le passage du rythme de 500.000 doses à 700.000 doses distribuées par jour pourrait réduire de façon importante l’intensité de la reprise", écrivent-ils encore.

Cela dit, dans tous les scénarios explorés s'il y a un rebond épidémique, "ce rebond resterait plus petit que la 3ème vague", précisent les chercheurs.
Selon eux, la situation cet été sera en revanche "plus incertaine" si, après l'étape de déconfinement du 19 mai, les taux de transmission repartent à la hausse. Près d'une semaine après la réouverture des terrasses, le nombre de nouvelles hospitalisations quotidiennes est toujours en baisse, selon les dernières données du ministère de la Santé.
La campagne vaccinale connait, elle, une véritable accélération depuis le début du mois de mai, avec des pics à plus de 650.000 doses injectées en une journée, mais la barre des 700.000 injections quotidiennes n'a pas encore été atteinte.
Des hypothèses à vérifier dans le temps
Si ces projections pour l'été semblent rassurantes, l'Institut Pasteur souligne dans ses recherches que "ces scénarios ne sont pas des prévisions. Les trajectoires décrites dépendent des hypothèses faites; si les hypothèses ne se réalisent pas, la dynamique observée pourra être différente des projections". Elles pourraient donc subir d'autres mises à jour.
Parmi les inconnues qui pourraient faire varier les scénarios actuels: l'absence de prise en compte de l'émergence d'autres variants (indien, brésilien...) qui "pourraient partiellement échapper à la protection conférée par l’infection naturelle ou la vaccination", mais aussi la durée de l'immunité conférée à la suite d'une infection. Les chercheurs précisent également que la situation pourrait différer d'une région à une autre.
Enfin, cette baisse épidémique envisagée pour cet été ne garantit pas la fin de la crise sanitaire, car "l’automne et l’hiver sont plus propices à la transmission de SARS-CoV-2 que l’été. Le fait que le virus circule peu durant l’été n’écarte donc pas le risque de reprise cet automne. Pour limiter ce risque, il est important de maintenir l’effort de vaccination cet été et s’assurer qu’on atteigne un niveau de couverture vaccinale élevé à la rentrée", explique l'Institut Pasteur.
