Covid-19: tout le monde peut-il déjà recevoir sa 4e dose de vaccin?
Alors que près de 80.000 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés ces dernières 24 heures, Gilles Pialoux a appelé ce vendredi sur BFMTV-RMC les Français à "ne pas attendre qu'il y ait des contraintes" pour porter à nouveau le masque et prendre rendez-vous pour une dose de rappel du vaccin.
"On est dans une situation qui est complexe mais avec des armes qui sont différentes d'avant", a déclaré le chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris, venu pour l'occasion masqué sur le plateau de BFMTV.
Pourtant, la quatrième dose de vaccin, qui correspond en fait à une seconde dose de rappel vaccinal, n'est officiellement ouverte qu'aux Français âgés de plus de 60 ans, ainsi qu'à tous les patients immunodéprimés et les plus de 80 ans. C'est pourquoi lorsque vous souhaitez prendre rendez-vous sur Doctolib pour une dose de rappel, ce message apparaît:
"Il est recommandé de recevoir une seconde dose de rappel 6 mois après la dernière injection ou infection si cette dernière a eu lieu moins de 3 mois après la première dose de rappel pour les plus de 60 ans ; 3 mois après la première dose de rappel pour les plus de 80 ans ou immunodéprimés."
Pour autant, tout le monde peut-il anticiper et se faire vacciner comme le préconisait ce vendredi matin Gilles Pialoux?
Hors recommandations, pas de vaccin
Parmi les professionnels que BFMTV.com a appelés ce vendredi, Virginie, pharmacienne dans le 6e arrondissement de Paris, affirme "suivre scrupuleusement les recommandations".
Une ligne qui est également celle adoptée par Victor D'Abreu, propriétaire d'un cabinet infirmier à Paris. Celui-ci explique:
"Des gens un peu stressés sont déjà venus me voir pour se faire vacciner. Mais je leur ai dit qu'ils n'étaient pas éligibles pour le moment. Il y a un intérêt médical à la vaccination. On ne le fait pas juste par plaisir", rappelle l'infirmier.
C'est pourquoi il demande systématiquement une ordonnance pour ceux qui n'entrent pas dans les recommandations des autorités sanitaires.
Au cas par cas
Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président d’honneur de la Fédération des Médecins de France (FMF) rejoint les propos de Gilles Pialoux. Pour lui, il faut raisonner au cas par cas.
"Il n'y a pas de contre-indication a vacciner les personnes qui ne sont pas à risque. Nous ne sommes pas dans un cas de pénurie de vaccins. Certes il faut prioriser les personnes de plus de 60 ans et celles atteintes de comorbidité, mais si quelqu'un qui ne présente pas ce profil souhaite se faire vacciner et que c'est possible, alors il faut le faire", estime-t-il auprès de BFMTV.com.
Alors que l'arrivée d'une 7e vague se concrétise en France, faut-il anticiper les vaccinations ou s'en tenir aux recommandations actuelles de la Haute autorité de santé? Signe de l'existence d'une zone grise sur le sujet, la divergence de point de vue entre le président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, et Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui représente environ 75% des professionnels.
Le premier se montre favorable à l'administration de la dose de rappel à tous les Français. "Ce que je dis c'est ne jetez pas les doses. Avec un flacon on peut faire cinq à six injections. S'il en reste, autant appeler quelqu'un qui veut se faire vacciner pour lui injecter".
Philippe Besset, lui, a une vision bien différente. "Les autorités de santé ne se sont pas positionnées. S’il y a des gens qui viennent, on leur demande de passer d'abord par la case médecin pour se procurer une ordonnance".
Et de concéder: "Même si je pense légitime que la Haute autorité de santé bouge sur son avis. Je suis d’accord qu’avec le variant BA.5 la question d'un élargissement de la deuxième dose de rappel se pose".
La 4e dose ne prend pas
Ouverte depuis plusieurs semaines aux plus de 60 ans, la deuxième dose de rappel contre le Covid-19 ne convainc pas, avec des taux de vaccination tournant autour de 20% dans cette population particulièrement fragile.
Au 13 juin, parmi les 60-79 ans, 8,6% avaient reçu une seconde dose de rappel et 29,1% de ceux qui y étaient éligibles l’avaient effectivement reçue. Parmi les 80 ans et plus, la couverture vaccinale de cette seconde dose était de 21,5%, et 29,2% de ceux qui étaient éligibles à cette date l’avaient reçue.
Une faible couverture qui s'explique par des oublis, un manque de communication, et une certaine lassitude. Mais face à un rebond épidémique, plusieurs voix s'élèvent pour plus de réactivité face au rebond épidémique tandis que la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon a plaidé l'efficacité des mesures actuelles.