Covid-19: pourquoi la décrue épidémique se fait-elle attendre en France?

Lundi, les autorités sanitaires françaises ont recensé 393 décès en lien avec une infection au Covid-19 dans les hôpitaux français. Un record depuis le début de la cinquième vague en novembre. Et qui soulève une interrogation. Qu'est-il arrivé à la décrue épidémique annoncée en fin de semaine dernière?
Des hospitalisations en hausse
Jeudi 20 janvier, lors d'une conférence de presse dédiée au calendrier d'allégement des mesures sanitaires, le Premier ministre Jean Castex déclarait que "la vague liée au variant Delta est partout en net reflux". Quant à "la vague provoquée par le variant Omicron", elle "commence à marquer le pas dans les régions où ce variant avait frappé en premier, à la fin décembre".
Les chiffres viennent quelque peu nuancer ces annonces. En plus de la très forte mortalité annoncée lundi, les hospitalisations en lien avec le Covid-19 sont à la hausse, de 17% par rapport à la semaine dernière. Des chiffres qui peuvent être expliqués par le nombre record de nouvelles contaminations. On prélève en moyenne 352.318 cas positifs au Covid-19 par jour, un chiffre là aussi en hausse de 22% par rapport à la semaine précédente.
Rapportés à l'échelle européenne, ces chiffres sont encore plus stupéfiants. Seul le Danemark dépasse la France en terme de nouveaux cas quotidiens pour 1 million d'habitants sur sept jours. Dans l'Hexagone, uniquement les chiffres des admissions en réanimation sont en baisse.
Plusieurs pistes d'explications
Pour le cardiologue Alain Ducardonnet, consultant santé pour BFMTV, plusieurs pistes d'explications peuvent être avancées.
D'abord, de grandes disparités régionales. Les chiffres "augmentent beaucoup dans le sud-est, ce qui tire la courbe française. Mais on voit qu'en Île-de-France, la descente du nombre de cas et d'incidence continue à se faire" avance le médecin.
Les chiffres présents sur le site CovidTracker viennent confirmer ces propos. Le "R effectif", qui établit le nombre de personnes qu'un malade va contaminer, est supérieur à 1 quand l'épidémie monte, inférieur à 1 quand elle régresse. En Île-de-France, ce R effectif est de 0,84. En région Nouvelle-Aquitaine, il est de 1,18.
Ensuite, un relâchement au niveau des gestes barrières. "On a abandonné relativement tôt les gestes barrières, et l'horizon de février, où on va alléger les mesures de restrictions, favorise le fait que l'utilisation du masque, du gel, même la circulation des personnes, n'a pas beaucoup changé ces derniers temps", avance Alain Ducardonnet.
Il y a également les enfants et la rentrée scolaire. À la fin des vacances de Noël, le gouvernement avait dévoilé sa stratégie pour garder les établissements ouverts, reposant sur la réalisation de trois tests pour les enfants lors de la découverte d'un cas positif dans leur classe.
Un élément qui ne semble pas avoir permis d'empêcher la contamination des adultes par leur enfant. Alors que le taux d'incidence était d'abord extrêmement fort chez les moins de 15 ans, c'est chez les 30-44 ans, soit la classe d'âge des parents, que les chiffres ont ensuite augmenté, analyse Alain Ducardonnet.
Enfin, un possible rôle joué par l'un des sous-variants d'Omicron, BA.2, majoritaire au Danemark et qui pourrait expliquer l'envolée des contaminations dans le royaume scandinave. Sa présence est déjà attestée en France.
Autant d'éléments pouvant venir expliquer un retard dans l'arrivée d'une véritable décrue épidémique.