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Covid-19: avec 200.000 nouveaux cas en 24h, les experts partagés sur l'idée d'un retour du masque obligatoire

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La 7e vague de Covid-19 continue de gagner du terrain en France. De quoi pousser certains professionnels de santé à exiger le retour du masque. Le gouvernement préfère pour l'instant en appeler à la responsabilité de chacun.

2 ans, 5 mois et 11 jours après l'arrivée officielle du Covid-19 sur le territoire français, l'épidémie continue d'imposer son tempo dans l'Hexagone. La France doit actuellement faire face à une 7e vague épidémique, avec des nouvelles contaminations qui s'envolent. Selon les derniers chiffrés publiés par Santé Publique France, 206.554 nouveaux cas positifs ont été détectés au cours des dernières 24h mardi 6 juillet.

"Nous connaissons actuellement une 7e vague de Covid-19. Les sous-variants d'Omicron BA.4 et BA.5 provoquent une résurgence épidémique sur l'ensemble du territoire national", a déclaré à l'Assemblée nationale mardi François Braun, nouveau ministre de la Santé.

Retour du masque dans la métropole niçoise

De quoi pousser le gouvernement à réintroduire des mesures de restriction, telles que l'obligation du port du masque dans les transports? Pour l'instant, l'exécutif se borne à émettre de simples recommandations, comme l'a fait Élisabeth Borne le 28 juin, invitant les Français à remettre le masque dans les lieux clos.

Mais pour certains spécialistes, l'invitation seule ne suffit plus. Il est désormais temps de passer à des mesures coercitives. Pour Alain Ducardonnet, médecin et consultant santé BFMTV, réimposer le masque au moins dans les transports aurait un double avantage. Protéger de BA.4 et BA.5, les deux derniers sous-variants d'Omicron, qui prennent rapidement le dessus dans les enquêtes flashs menées par les organes de santé publique, et qui sont encore plus contagieux que leurs prédécesseurs. Mais également faire passer un message pédagogique.

"Les gestes barrières, qui ont été un peu oubliés, vont pouvoir revenir en première ligne", assure-t-il.

"Il (le masque, ndlr) a été retiré il y a deux mois alors que personne ne le réclamait. Les gens étaient habitués à le porter. Je ne dis pas que toute cette augmentation est liée au non-port du masque, mais il y a un certain relâchement", abonde Robert Sebbag, infectiologue à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière.

Signe de cette pression qui monte autour du port du masque, le maire de Nice Christian Estrosi a annoncé ce mercredi sur RTL qu'il venait de signer un arrêté réimposant à partir de lundi prochain le masque dans les bus et tramways de la métropole niçoise. Et assure qu'au rythme actuel des contaminations, le gouvernement sera bientôt poussé à prendre une mesure similaire à l'échelle nationale.

L'importance de responsabilier les Français

François Braun a en tout cas affirmé ce mardi face aux députés que "la stratégie du gouvernement est claire pour limiter l'impact de cette nouvelle vague. (...) Il nous faut retrouver les bons réflexes. Nous pourrions légiférer sans cesse. Nous souhaitons plutôt que chacun puisse être réactif". L'exécutif compte donc pour l'instant sur le bon sens des Français.

Une position qui trouve un écho chez une partie de la communauté scientifique, jugeant primordial de responsabiliser les citoyens. Pour Bruno Lina, membre du conseil scientifique et professeur de virologie au CHU de Lyon, la décision de réimposer le masque dans les transports "ne doit pas tomber du ciel".

"Aujourd'hui, on fait face à une 7e vague épidémique. Il est probable qu'il y en ait une 8e. On ne va pas avoir en permanence des injonctions. C'est une question d'exemple, de comportement civique. Il n'y a pas forcément l'obligation de passer par une loi, une injonction ministérielle, pour appliquer des mesures", juge-t-il.

Des modélisations de plus en plus difficiles?

Didier Jaffre, directeur de l'Agence régionale de santé Occitanie, martèle l'importance de communiquer aux Français les différents gestes barrières, pour qu'ils redeviennent leur quotidien. Se laver les mains, porter un masque dans les lieux clos, ou encore respecter les mesures de distanciation sociale.

Il se montre même optimiste sur le civisme de ses concitoyens, notamment au vu de ce qu'il a pu observer en prenant l'avion en début de semaine. Alors que le masque n'y est plus obligatoire dans les vols intérieurs et vers les destinations qui ne l'imposent plus, ce directeur d'ARS assure que sur son vol, "la plupart portait le masque".

En se basant sur les retours d'expériences à l'étranger, notamment sur la situation au Portugal, qui a dû faire face à une arrivée précoce de nombreux cas liés au variant BA.5, les modélisations réalisées en France avancent que le pic de cette 7e vague devrait être atteint d'ici à la fin du mois de juillet.

Mais Bruno Lina met en garde ceux qui sont certains d'observer un relâchement d'ici à la fin du mois. "Un modèle se construit avec des informations, et aujourd'hui, certaines informations sont devenues complexes à interpréter, du fait de l'immunité collective, du fait que certaines personnes perdent cette immunité...".

Jules Fresard