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Coronavirus: pourquoi Bordeaux, Marseille et la Guadeloupe inquiètent les autorités

Un drive pour accéder à un test de dépistage au covid-19 à Bordeaux (Gironde).

Un drive pour accéder à un test de dépistage au covid-19 à Bordeaux (Gironde). - MEHDI FEDOUACH / AFP

Sur ces trois territoires français, le taux d'incidence du virus est très élevé, et continue d'augmenter. Les autorités s'inquiètent d'une deuxième vague.

Constatant "une évolution préoccupante des contaminations" à Marseille, Bordeaux et en Guadeloupe, le Premier ministre Jean Castex a annoncé vendredi que des "mesures complémentaires" seront annoncées ce lundi pour ces zones, afin de freiner la propagation du Covid-19. Ces nouvelles mesures seront proposées par les préfets "après avoir mené les concertations locales nécessaires".

Ces trois territoires font partie des 42 "zones de circulation active du virus" en France. Il s'agit de zones où on retrouve un "taux d’incidence supérieur à 50 pour 100.000 habitants et une dynamique épidémique défavorable", selon le ministère de la Santé.

· Bordeaux "en alerte rouge"

"L'épidémie s'emballe", écrivait vendredi l'Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, notant 147 hospitalisations, soit 65 de plus en une semaine. Le taux de positivité (pourcentage de personnes testées positives sur le total des dépistages) a été multiplié par 3,5 en un mois dans la région, avec d'importantes disparités: l'ARS note 1,8% de positivité dans la Creuse et 8,3% en Gironde. Ce dernier chiffre est de loin le plus élevé de la région, notamment à cause de la forte population de Bordeaux.

En Nouvelle-Aquitaine, "le nombre de patients hospitalisés pour Covid-19 a presque doublé en 10 jours, passant de 85 patients le 31 août à 147 patients le 8 septembre. Cette tendance impacte particulièrement le CHU de Bordeaux" avec 68 hospitalisations au 9 septembre, dont 21 en réanimation, écrit l'ARS.

Bordeaux concentre ainsi les deux tiers des personnes en réanimation de la région (33), et presque la moitié des hospitalisés (147). "Bordeaux, en alerte rouge, grille tous les compteurs, on a décompté 272 cas pour 100.000 habitants", écrivait Ouest-France vendredi.

Pour Jean-Luc Gleyze, président du département de la Gironde, les mesures à venir devront se concentrer sur la métropole bordelaise: "De toute évidence le taux d'incidence est plus élevé en métropole qu'il ne l'est sur le reste du territoire, donc je crois qu'il faut que [la préfète] porte son attention sur la partie métropolitaine", déclare-t-il sur BFMTV.

Les rassemblements publics de personnes sont dans le viseur de la préfecture, comme ceux dans le cercle privé. "La plupart de la circulation du virus se produit soit en milieu privé soit en milieu professionnel", explique Jean-Luc Gleyze. Des mesures visant la restauration (fermeture plus tôt, contrôles sur le respect des gestes barrières...) pourraient aussi être dévoilées.

· À Marseille, les chiffres grimpent toujours

Le département des Bouches-du-Rhône a été le premier à remettre en place des mesures assez strictes dès fin août, devant une propagation importante du coronavirus, notamment en demandant la fermeture des restaurants, débits de boissons et les commerces d’alimentation générale tous les jours de 00h30 à 6h00.

Mais le virus continue de circuler. Entre le 1er et le 8 septembre, le taux d'incidence est passé de 168,8 dans le département, à 186,7 et trente personnes ont été admises en réanimation (de 33 lits à 63 occupés), selon les chiffres de l'ARS. Sur les sept derniers jours, il est de 198,4, d'après les données de la plateforme Géodes.

À Marseille, le taux d'incidence "flambe à 280, et même à 360 chez les 20-40 ans", rapporte La Dépêche mercredi dernier. Pour rappel, le taux actuel d'incidence au niveau national est de 76,1.

Le président de la région Sud PACA Renaud Muselier a proposé pour endiguer l'épidémie la fermerture des plages et parcs dès 20 heures, l'interdiction des fêtes de mariage ou encore la limitation du nombre de participants aux enterrements. Plutôt que de refuser "l'accès à l'espace balnéaire", la maire de Marseille Michèle Rubirola souhaite, elle, d'interdire les rassemblements publics "sans distanciation physique", et alerte contre "des décisions mortifères", notamment pour le secteur de la restauration.

· La Guadeloupe "en pleine bouffée épidémique"

"Là on est en pleine bouffée épidémique, donc quelque chose qui ressemble à une deuxième vague, qui pour nous est largement supérieure à la première", a déclaré dimanche sur BFMTV Bruno Jarrige, réanimateur, directeur médical de la crise Covid en Guadeloupe. "Et c'est d'autant plus difficile que la Guadeloupe n'est pas confinée, et que contrairement à la première vague, on a beaucoup de soignants touchés par le Covid".

D'après les données de l'ARS Guadeloupe diffusées ce samedi, le nombre de cas a baissé la semaine dernière, mais "la circulation du virus reste très active sur notre territoire". Mais la Guadeloupe reste bien au-dessus du seuil d'alerte national, avec un taux d'incidence de 210,41 pour 100.000 habitants, et un taux de positivité de 21,31%.

"Ce que l'on voit aujourd'hui en Guadeloupe, dans tous les cas, c'est l'augmentation du nombre de cas contacts à travers les rassemblements familiaux et amicaux. L'idée aujourd'hui c'est de travailler sur ces rassemblements pour en limiter le nombre", déclare Alexandre Rochatte, préfet de Guadeloupe, sur BFMTV.

En attendant le plan d'action proposé ce lundi, le préfet a annoncé ce samedi que les établissements recevant du public, comme les bars et les restaurants, ne pouvaient plus en accueillir "à compter de 22 heures en semaine (du dimanche soir au mercredi soir) et à compter de minuit du jeudi soir au samedi soir inclus".

Dès dimanche, les établissements recevant du public type "gymnases, piscines, palais des sports, hippodromes", les salles d'expositions permanentes, de foires, polyvalentes ou des fêtes (sauf salle de spectacle et cinémas) ont également fermé leur accès au public.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV