BFMTV
Santé

Clusters, variant Delta... l'ouverture des discothèques en sursis?

placeholder video
Plusieurs clusters ont été identifiés depuis la réouverture des discothèques le 9 juillet dernier et certaines défaillances dans le respect des mesures sanitaires y sont pointées du doigt.

Depuis le 9 juillet dernier, les noctambules profitent de la réouverture des boîtes de nuit. Mais face à la propagation du variant Delta, qui représente désormais plus de quatre cas positifs sur cinq sur le territoire, et l'identification de plusieurs clusters en discothèque, des voix s'élèvent pour interroger la pertinence de cette réouverture.

Actuellement, pour accéder aux pistes de danse, il faut disposer du pass sanitaire, soit pouvoir présenter un schéma vaccinal complet, ou être muni d'être test PCR ou antigénique, réalisé moins de 48 heures avant sa venue. Une troisième option existe pour les personnes ayant contracté le virus: la production d'un document attestant d'un rétablissement datant de plus de 15 jours, et de moins de six mois.

Trois clusters identifiés en discothèque

Ce système de contrôle et le sérieux de son application sont au coeur des interrogations, alors que trois clusters ont été identifiés depuis la réouverture des boîtes de nuit.

Au Discopolis de Charmes, dans les Vosges, "un cluster au variant indien (Delta) a été détecté parmi les habitants du secteur", ont indiqué vendredi la préfecture et de l'Agence régionale de Santé (ARS) du Grand Est. Au total, au moins 44 personnes ont été testées positives et 1000 cas contact ont été identifiés. Ce chiffre pourrait même représenter plusieurs milliers de personnes, alors que la discothèque accueillait plus de 1000 fêtards à chaque soirée. Les personnes touchées ont été contaminées au cours de trois soirées, les 13, 16 et 17 juillet.

Si le gérant du Discopolis, Fabien Sanchez, affirme avoir respecté les mesures sanitaires en vigueur, il concède à notre micro "un dysfonctionnement au niveau du pass sanitaire et des personnes testées".

"Le pass sanitaire n'empêche pas la propagation du virus, donc c'est très délicat à gérer. On suspecte un départ sur un pass sanitaire", a-t-il ajouté, précisant avoir fermé les portes de l'établissement, le temps que le "contact tracing" soit effectué par l'ARS.

Même cas de figure dans le Doubs, à Mathay, où 85 personnes ont été testées positives après également trois soirées les 13, 16 et 17 juillet au Cario Club, a annoncé l'ARS Bougogne Franche-Comté ce vendredi. D'après la préfecture du Doubs, l'établissement a fermé ses portes.

Début juillet, après trois soirées techno organisées au Hangar FL, à Bordeaux, 81 personnes ont été testées positives, alors que le respect des contrôles sanitaires ont été mis en doute par des témoins sur les réseaux sociaux.

"C'est l'argent qui passe avant tout"

Un employé de discothèque, qui témoigne anonymement sur BFMTV, atteste de ces défaillances et du laxisme de certains gérants de boîtes de nuit. "On était plusieurs cas positifs, les responsables ne les ont pas déclarés pour ne pas fermer. C'est l'argent qui passe avant tout (...) Ils font entrer, entrer jusqu'à ce qu'ils soient serrés comme des sardines", affirme-t-il.

Ce dernier affirme avoir contracté le variant Delta sur son lieu de travail. "Je suis passé par des phases très compliquées, ils ont failli me mettre en coma artificiel à cause du travail", confie-t-il.

Pour tenter de mieux filtrer les entrées, le syndicat patronal Umih nuit, s'est dit "favorable à une validité de 12 heures" pour les test PCR et antigéniques.

"Aujourd'hui, nous pensons que le test PCR ou antigénique de 48 heures, c'est peut-être insuffisant, c'est trop long: avec ce variant Delta, vous pouvez être en forme le lundi et malade le mardi. Nous voulons proposer de passer la validité de ce test, dans les discothèques, à 12 heures", a indiqué ce vendredi à l'Agence France-Presse (AFP) Thierry Fontaine, président du syndicat.

D'après lui, cette nouvelle mesure "poussera les jeunes à se faire vacciner". "Ils vont se dire, 'se faire trifouiller les narines toutes les 12 heures pour aller en boîte, ça va être l'enfer'", a-t-il ajouté. Si Thierry Fontaine s'est dit "inquiet" face à la multiplication des clusters, il s'oppose à toute fermeture. "Si nous fermons, cela va booster les fêtes privées et donc accélérer les contaminations", a-t-il affirmé.

Les discothèques, un lieu "dangereux"

Du côté des scientifiques, l'heure est à la mise en garde. Le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, interrogé vendredi sur notre antenne, a estimé qu'il était "dangereux" en termes épidémiques de fréquenter les boîtes de nuit.

"Tant que le pass sanitaire n'est pas complètement mis en place, je dirais 'faisons attention' parce que c'est un lieu de clusters", a estimé le spécialiste. "Si le pass sanitaire est mis en place, si les enfants répondent à ce qui est contenu dans le pass sanitaire, la venue en discothèque est possible en disant 'on fait attention'", a-t-il poursuivi, estimant que les boîtes de nuit étaient des "endroit(s) à risque".
Fanny Rocher