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Centres itinérants, communication, tombolas: les pistes pour booster la vaccination d'ici la rentrée

Un centre de vaccination sans prise de rendez-vous tenu par la Croix rouge place de la République à Paris, le 29 juin 2021.

Un centre de vaccination sans prise de rendez-vous tenu par la Croix rouge place de la République à Paris, le 29 juin 2021. - Martin Bureau

Le début des vacances d'été et les craintes autour d'une potentielle nouvelle vague de l'épidémie représentent un nouveau défi pour l'exécutif: celui de poursuivre la vaccination dans le pays malgré la mobilité - et parfois la réticence - des Français.

Shopping et sérum. Olivier Véran doit se rendre ce vendredi après-midi dans un centre commercial à Villeneuve-la-Garenne, dans les Hauts-de-Seine. Le ministre de la Santé effectue ce déplacement pour "échanger avec les acteurs présents sur les opérations qui ont été mises en œuvre sur le territoire afin de permettre aux habitants d’accéder à la vaccination".

Cet accès à la vaccination est aujourd'hui l'angle d'attaque du gouvernement et des autorités sanitaires afin d'assurer un rythme soutenu pour la campagne vaccinale tout au long de la saison estivale.

"Nous devons continuer 'd’aller vers' la population, surtout les plus défavorisés, particulièrement touchés par cette épidémie. Il faut donc vacciner dans les cités, aller à la rencontre de ceux qui n’iraient pas spontanément dans un centre", avance le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy chez nos confrères du Parisien.

Avec 50,6% de la population totale primo-vaccinée et 34,5% présentant un schéma vaccinal complet, l'immunité collective est encore loin d'être atteinte pour espérer empêcher une éventuelle nouvelle vague à la rentrée. L'exécutif le sait: la vaccination contre le Covid-19 ne doit pas s'arrêter au cours de l'été. Et tous les moyens sont bons pour y parvenir.

• La vaccination mobile et sans rendez-vous

Fin juin, Valérie Pécresse, alors candidate à sa réélection en Île-de-France, avait promis sur France Info des centres de vaccination itinérants dans les départements ruraux de sa région: "Il faut aller vers les populations qui n'ont pas un accès direct à la vaccination et se disent que finalement tout est terminé".

Une initiative déjà menée dans d'autres régions du pays comme en Occitanie ou en Nouvelle-Aquitaine où des bus de vaccination circulent avec des flacons du vaccin Pfizer/BioNTech depuis jeudi dans le département des Landes, touché en premier par le variant Delta.

Après plusieurs semaines compliquées pour prendre rendez-vous, les doses ne manquent plus à l'appel. Il est désormais facile de mettre la main rapidement sur un créneau pour recevoir sa première injection. En outre, de nombreux centres de vaccinations sont désormais accessibles à la population sans rendez-vous préalable, à l'instar de celui qui a ouvert cette semaine place de la République à Paris, destiné notamment aux livreurs, particulièrement exposés au virus.

L'objectif reste inchangé: que le vaccin aille à la rencontre des gens et plus seulement l'inverse. Si les personnes non-vaccinées ne parviennent pas à trouver un moment pour se faire piquer par les soignants, à eux de s'adapter à leur planning. De plus en plus de centres commerciaux et grandes surfaces proposent désormais à leurs clients de se faire vacciner sur les parkings ou dans les couloirs de leurs enseignes.

• Des opérations sur les lieux de vacances

Le gouvernement avait écarté dans un premier temps - pour des raisons logistiques - la possibilité pour les Français de recevoir leur deuxième injection dans un autre centre de vaccination que celui où ils ont reçu leur première dose.

La possibilité de "prendre sa deuxième dose dans un autre endroit où on va aller passer ses vacances [...] doit être l'exception", en cas d'"impératif", pour ne pas entraîner une "désorganisation", avait déclaré le ministère de la Santé.

L'exception demeure valable, mais Olivier Véran, tout en rappelant qu'il ne fallait pas surcharger les centres locaux, a estimé mardi que "personne ne doit être freiné dans sa vaccination parce qu'il serait mobile pendant l'été".

Le ministère de la Santé, lors d'un point d'information sur les vaccins ce mardi, a également fait savoir que dans certaines régions, les Agences régionales de santé et les territoires ont prévu des dispositifs exceptionnels de vaccination de type barnum sur les lieux estivaux très fréquentés. Des drives seront également mis en place, ou encore des lieux de vaccination sur des aires d'autoroute.

L'assouplissement du délai entre les deux injections pour un vaccin ARN - entre 21 et 49 jours après la première dose contre 42 initialement - vise aussi à inciter les Français à se faire vacciner avant leur départ et après leur retour de vacances

Parallèlement à la vaccination, Jean-François Delfraissy considère dans le Parisien que la faible circulation actuelle du virus sur le territoire constitue une opportunité pour la stratégie du tester-tracer-isoler, notamment dans les stations balnéaires. Selon le président du Conseil scientifique, il faut "dépister les vacanciers sur les plages".

• Pour les jeunes, des cadeaux ou un pass sanitaire revu

Pour motiver les hésitants, certaines municipalités ont pris des initiatives plus inattendues. À Argenteuil, la municipalité a lancé une tombola du 1er au 31 juillet pour les 18-25 ans: s'ils attestent avoir été vaccinés au cours de cette période, ils peuvent remporter des lots allant de places de cinéma à des week-ends en Europe d'une valeur de 500 euros.

Même chose du côté de la métropole de Nîmes qui souhaite accélérer la cadence auprès des jeunes en leur proposant des abonnements pour les transports en commun ou des places de concert.

Des idées bienvenues, mais inutiles pour Catherine Hill. Interrogée par nos confères de La Dépêche, l'épidémiologiste juge que l'instauration du pass sanitaire suffira à motiver les jeunes à se faire vacciner: "Ils ont compris que s'ils voulaient sortir en discothèques cet été ou partir en vacances à l'étranger, ils devaient se faire vacciner. Chez nous, contrairement aux Etats-Unis, la vaccination est gratuite. Nous n'avons pas besoin de leur offrir des cadeaux ou de l'argent pour les convaincre".

Faudrait-il dès lors étendre le champ d'application du pass sanitaire? Le Premier ministre Jean Castex n'a pas écarté cette possibilité, dans un courrier adressé jeudi aux chefs de groupes parlementaires et aux associations d'élus.

• La pédagogie et la sensibilisation avant la contrainte?

Le chef du gouvernement a également déclaré souhaiter "que le débat sur l'obligation vaccinale puisse être posé" notamment pour les soignants ou "plus largement". De là à rendre obligatoire la vaccination à tous les Français? Dominique Le Guludec, la présidente du collège de la Haute autorité de Santé, a estimé ce vendredi matin sur BFMTV-RMC qu'"il faudra (l') envisager" si la couverture vaccinale stagne.

Difficile de dire si cette potentielle obligation de la vaccination ainsi que la fin du remboursement des tests dits "de confort", pourrrait motiver certains à se faire vacciner dès maintenant.

"C'est notre responsabilité de ne pas montrer du doigt ceux qui hésitent, mais au contraire de les accompagner, de leur expliquer à la fois leur intérêt pour eux-mêmes et pour les autres", soulignait mercredi Jean-François Delfraissy sur France Inter.

L'approche pédagogique doit donc se poursuivre selon le président du Conseil scientifique, mais prendre une autre ampleur pour sensibiliser davantage la population. Une ligne suivie par l'Agence régionale de Santé de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui a lancé une campagne de sensibilisation pour inciter et convaincre la population à recourir à la vaccination, à grand renfort d'images évoquant la liberté retrouvée. "Oui le vaccin peut avoir des effets désirables", peut-on y lire.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV