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Centres commerciaux, fan-zones: la vaccination va à la rencontre de nouveaux publics

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Depuis quelques jours, personnels de santé, ARS, préfectures multiplient les initiatives pour encourager une vaccination qui s'essoufle. Ainsi, des centres commerciaux proposent désormais des centres de vaccination, ainsi qu'une fan-zone.

L'histoire ne le dit pas, mais on parierait volontiers que lundi soir, à Poissy, les piqûres de Seferovic et Gavranovic, buteurs suisses contre les Bleus, ont été plus douloureuses que l'aiguille du soignant. Dans cette fan-zone des Yvelines, en marge du match, les autorités avaient déployé un centre de vaccination.

"Je suis venu voir le match. La semaine dernière, j’étais venu et j’avais été très surpris de voir qu’ici on pouvait se faire vacciner. Du coup, je suis venu à la fois pour le match et me faire vacciner", a témoigné l'un des spectateurs devant les caméras de BFMTV.

Mais c'est surtout sur la force d'attraction des galeries marchandes que mise désormais une campagne de vaccination qui va decrescendo depuis plusieurs jours. Ainsi, on peut recevoir sa première ou sa deuxième dose de Pfizer dans le centre commercial des Ulis, dans l'Essonne. Et ce sans rendez-vous: il suffit de pouvoir présenter sa carte vitale et une pièce d'identité.

"Vacciner les personnes un peu éloignées du soin"

"Je faisais mes courses et j’ai trouvé ça plus facile que de prendre rendez-vous dans un centre", raconte une cliente. Une mère de trois enfants y a vu une vertu très pratique: "C’est compliqué de prendre des rendez-vous pour trois à suivre sur Doctolib et là on vient, je fais un tir groupé pour tout le monde."

Julien Galli, directeur de la délégation ARS de l'Essonne a dévoilé le sens profond de la démarche. "Je crois qu’on a un vrai enjeu de vacciner les plus jeunes notamment avec la progression du variant Delta, et puis vacciner les personnes un peu éloignées du soin, qui n’ont pas encore fait la démarche de vaccination", explique-t-il.

Cet atelier médical peut servir jusqu'à 200 personnes dans la journée et devrait prolonger son activité - les mercredi, vendredi et samedi, jours de forte affluence - jusqu'au 4 septembre.

Un cadre plus informel

On est en tout cas loin de l'initiative isolée. France Bleu Normandie note ainsi que le Centre hospitalier Avranches-Granville a aligné ses seringues et piqué quelques épaules vendredi dans le magasin Leclerc d'Yquelon, dans la Manche.

En face des usagers, qui n'ont pas, là non plus, besoin d'un rendez-vous, un médecin pour la consultation préalable et deux infirmières pour les inoculations. Le côté informel séduit.

"On préfère le faire ici plutôt qu'entouré de blouses blanches", fait valoir un couple qui y a vu un moyen de faciliter sa vie de restaurateurs. "Quand la vaccination a été ouverte pour notre âge, les restaurants aussi ont rouvert. On était débordé et trouver un rendez-vous était compliqué."

Dans le nord de la Lorraine, les personnels de santé de l'hôpital Saint-Avold et le groupe SOS Santé ont également pourvu en doses Pfizer le centre commercial B'Est de Farébersviller samedi dernier. Avant la mi-journée, 150 injections - dont "pas mal de jeunes" selon une infirmière sur place - avaient été réalisées. Un succès qui n'a rien d'étonnant quand on sait que les organisateurs visaient le premier jour des soldes. De nouvelles dates sont d'ailleurs prévues au même endroit mercredi, ainsi que samedi et dimanche.

S'adapter aux jeunes et aux actifs

Les employés d'Auchan se sont également activé samedi pour aménager un centre de vaccination similaire dans les couloirs de l'enseigne Aushopping de Semécourt, en Moselle, signale Le Républicain Lorrain. L'opération avait cette fois été pensée conjointement par l'ARS et la préfecture.

"Il s’agit d’adapter la campagne de vaccination aux plus jeunes et aux actifs. Nous avons déjà élargi les horaires des centres de vaccination et proposé des journées sans rendez-vous. Nous expérimentons désormais la vaccination 'hors les murs', au plus près des gens et de leurs habitudes", a expliqué Parvine Lacombe, directrice de cabinet du préfet, au média local.

Celle-ci a d'ailleurs relevé que c'est la mauvaise fortune actuelle de la campagne da vaccination lorsqu'elle joue sur son terrain qui permet ce redéploiement de personnel dans le magasin car "certains créneaux ne sont pas pourvus dans les centres de vaccination".

Tombola ou influenceurs?

Certains vont plus loin. À Nîmes, dans le Gard, sous condition de s'inscrire avant le 18 juillet, et de s'être vu administrer au moins une dose de vaccin, on peut rêver s'adjuger un prix d'une tombola destinée aux 18-25 ans.

"C’est vrai que ce côté un peu traumatisant des confinements fait qu’on doit réfléchir différemment, aller sur des terrains inconnus. On est un peu précurseurs", détaille Arnaud Julien, conseiller du président de la Métropole.

Mais les jeunes Nîmois ne sont pas tous convaincus. "Je trouve ça malsain de promouvoir le vaccin avec une tombola. Un vaccin c’est sérieux", rembarre Nolan. Samuel, 18 ans, et pour sa part déjà vacciné, nourrit d'autres vues sur la question:

"C’est peut-être plus important de passer par les influenceurs, qui pourront toucher plus de monde qu’une tombola. Je sais qu’avec les concerts c’est nécessaire. On en a parlé avec les copains et du coup on est un groupe qui se vaccine. On s’influence".

21,7 millions de Français pleinement vaccinés

Ces réserves n'altèrent pas le fond du message. Les options pour se vacciner n'ont jamais été si nombreuses et s'étendent encore. Ce mardi matin, sur France Info, le ministre de la Santé Olivier Véran a insisté: "On a toujours dit que la vaccination ne serait pas obligatoire, elle ne l’est dans aucun pays. Mais on vaccine partout, il y a 1500 centres en France, et si vous vous décidez ce matin, vous avez toutes les chances d’être vacciné dans le quart d’heure."

Lundi 28 juin au soir, environ 33,5 millions de Français avaient reçu au moins une dose de vaccin et 21,7 millions étaient pleinement vaccinés.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV