Covid-19: la vaccination ralentit déjà chez les moins de 50 ans en France

Une personne attendant de recevoir une dose de vaccin contre le Covid-19 à Romainville (Seine-Saint-Denis) le 8 juin 2021. - Olivier Morin
Des rendez-vous qui ne trouvent pas preneurs, des centres de vaccination de plus en plus désertés. La campagne de vaccination contre le Covid-19 ralentit de semaine en semaine en France. Preuve en est, le nombre de première injections quotidiennes: 235.541 doses administrées ces dernières 24 heures selon Santé Publique France. Un chiffre bien en deçà de ceux observés à la fin mai où plus de 450.000 primo-injections en moyenne étaient quotidiennement effectuées.
En visite jeudi matin dans les Landes où sévit le variant Delta, le Premier ministre a alerté sur la baisse des rendez-vous de vaccination.
"Les prises de rendez-vous sont en décélération, on vaccine 200.000 personnes par jour, c’est trop peu, on doit faire beaucoup mieux", a lancé Jean Castex, "je veux le redire devant les Français, ayez peur du virus, n’ayez surtout pas peur du vaccin!"
Les septuagénaires font office de bons élèves
Au premier abord, ce ralentissement de la vaccination peut sembler logique. La très grande majorité des personnes ayant pu bénéficier en priorité du sérum présentent désormais un schéma vaccinal complet ou attendent de recevoir leur deuxième injection.
L'outil Vaccin Tracker conçu par Guillaume Rozier, qui permet notamment de suivre la campagne de vaccination par tranches d'âge, relève qu'au 21 juin 2021 ce sont 88% des 70-74 ans et 89,1% des 75-79 qui sont partiellement vaccinés (ils étaient respectivement 82,4% et 85,3% un mois plus tôt, le 21 mai 2021). Les septuagénaires sont en effet la catégorie où la proportion de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin est la plus élevée.
Viennent ensuite les plus de 80 ans avec 78,7% de personnes partiellement vaccinés puis les sexagénaires: 74,4% de primo-vaccinés chez les 60-64 ans et 77,8% chez les 65-69 ans. Un plateau se dessine depuis la fin mai/début juin pour ces tranches d'âge, notamment pour les plus de 80 ans.
La vaccination ralentit déjà chez les - de 50 ans
C'est surtout chez les Français de moins de 50 ans que le bât blesse. La vaccination n'ayant été autorisée que bien plus tard pour les 18-49 ans, il aurait semblé évident d'observer une augmentation soudaine de prises de rendez-vous à compter du 31 mai. Sauf qu'il n'en est rien.
A titre d'exemple: 16,2% des quadragénaires (40-49 ans) étaient primo-vaccinés le 10 mai, soit trois semaines avant l'ouverture de la vaccination à toute la population adulte. Au 31 mai ils étaient 37%, et au 21 juin ils sont 53,4%. La vaccination était donc plus rapide pour cette tranche d'âge avant même que celle-ci puisse officiellement en bénéficier.
S'agissant des trentenaires, ils étaient 10,8% au 10 mai à avoir reçu une dose de vaccin contre le coronavirus, 26,6% au 31 mai et 42,5% au 21 juin. Là encore la progression est moins forte qu'avant l'élargissement de la vaccination. Et le constat et le même pour les 18-29 ans.
La faute au calendrier?
Faut-il y voir les prémices d'un plateau "bas" pour les 18-49 ans? Difficile actuellement de l'affirmer car plusieurs facteurs entrent en jeu. Déjà le calendrier a quelque peu été bouleversé avec la semi-ouverture à la vaccination le 12 mai dernier: il était dès lors possible pour les Français non-prioritaires de se faire vacciner mais seulement pour des doses n'ayant pas trouvé preneur et disponibles sous 24 heures. Une possibilité favorisée notamment par la fonctionnalité ChronoDose, et qui explique en partie cette forte hausse de la vaccination au mois de mai.
D'autres éléments sont à prendre en considération, notamment la situation sanitaire qui s'améliore de jour en jour et qui peut donc freiner certains à se faire vacciner, n'y voyant pas ou plus d'utilité.
"Les gens veulent aussi avoir leur deuxième dose avant de partir en vacances ou faire celle-ci sur leur lieu de villégiature", ajoute pour BFMTV.com Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la Fédération des médecins de France, "l'idée de dire 'première et deuxième dose dans le même centre' cela en a freiné quelques-uns avant les vacances de cet été".
Le médecin généraliste estime qu'il aurait fallu "adapter" la vaccination à l'approche de la saison estivale: "Les grandes agglomérations et les centres de vaccination vont progressivement se vider de leurs populations qui vont se répartir dans les campagnes, à la mer à la montagne etc.".
L'immunité collective pas encore atteinte
Davantage mobiles que leurs aînés, les Français de moins de 50 ans ont donc pu préférer reporter leur vaccination à la rentrée ainsi que celle de leurs enfants. Si l'ouverture de la vaccination pour les adolescents pouvait espérer redonner un coup de boost à la campagne vaccinale, elle se voit confrontée au calendrier scolaire.
"En ce moment les adolescents ont le baccalauréat, le brevet ou ont encore cours", poursuit Jean-Paul Hamon qui confie avoir proposé à son centre de vaccination d'élargir les horaires "pour qu'on vaccine les jeunes le soir, on pourrait aussi vacciner davantage les samedi et dimanche, cela aurait été l'une des solutions mais là on est le 25 juin et les vacances commencent le 8 juillet."
Le gouvernement vise la barre des 40 millions de primo-vaccinés à la fin de l'été, dont 85% des adultes atteints de "comorbidités" ou âgés de plus de 50 ans, et 35 millions de "schémas complets" d'ici fin août. Selon les dernières données du ministère de la Santé, 32.913.322 Français ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 (soit 48,8% de la population totale) et 20.124.046 présentent un schéma vaccinal complet (29,8% de la population totale).
Le minimum d'immunité collective - soit 60% de la population vaccinée - n'est pas encore atteint, d'autant que cette proportion pourrait ne pas suffire en raison de la contagiosité accrue des variants.
Jean-Paul Hamon estime cependant que les objectifs fixés par l'exécutif sont tout à fait "réalisables", à condition de ne pas se relâcher: "il faut continuer à vacciner tout l'été, vacciner, ne pas s'arrêter... L'épidémie n'est pas terminée."