Agnès Buzyn assure qu'"il n'y a en aucun cas de fichage" des gilets jaunes à l'hôpital

Les gilets jaunes blessés lors des manifestations ont-ils été fichés à leur arrivée à l’hôpital? La polémique enfle depuis des révélations du Canard Enchaîné. Mi-avril, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) et l’Agence régionale de la santé (ARS) ont été mis en cause sur l'utilisation du système d'information pour le suivi des victimes (SI-VIC) dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. Une information qui a conduit l'un des manifestants concernés, blessé à Paris lors de la manifestation du 9 février, à porter plainte pour fichage "illicite".
Au micro de France Info jeudi, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a rejeté toute accusation de "fichage" des gilets jaunes.
"Il n'y a en aucun cas de fichage, je me fiche de savoir si ce sont des manifestants, des forces de l'ordre, des journalistes ou des passants", a-t-elle lancé rappelant que la SI-VIC est "un système purement administratif qui permet de repérer les victimes et de mieux les orienter".
"Dérive inacceptable"
Le fichier permet de "renseigner les familles pour leur dire si la personne qu'ils cherchent est vivante ou décédée, si elle est hospitalisée ou ressortie. Ce sont les seules informations qui figurent", a-t-elle assuré, réagissant aux nouvelles accusations formulées par une centaine de médecins dans une tribune incriminante.
Dans les colonnes de l’Express, ils ont appelé mercredi à un "arrêt immédiat" du "fichage" par les autorités sanitaires des personnes blessées lors des mouvements sociaux, pointant une "dérive inacceptable" dans l'extension de cette pratique à des gilets jaunes lors de certaines manifestations. Depuis le début du mouvement il y a cinq mois, le fichier SI-VIC est "détourné par l'administration hospitalière et les agences régionales de santé (ARS)", notamment à Paris et en Île-de-France, accusent les signataires de cette tribune.
"L'existence même d'un fichier parallèle renseigné après sélection de nos patients pour n'y entrer que les gilets jaunes est parfaitement antidéontologique", s'alarment ces médecins.
"Nous sommes face à l'institutionnalisation d'une dérive inacceptable: le fichage de patients à des fins possibles d'exploitations politiques ou judiciaires. Cette dérive constitue une faute pénalement répréhensible", fustigent encore les signataires qui entendent répondre à des "demandes illégales" par un "devoir de désobéissance éthique". Ils réclament "l'ouverture d'une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur l'utilisation dévoyée du logiciel SI-VIC".
Enquête en cours
Face à de telles accusations, la ministre de la Santé leur renvoie la balle.
"S'il y a eu des dérives, cette dérive a eu lieu à l'Assistance publique des hôpitaux de Paris, dans un hôpital, c'est ce qui a entraîné un émoi. J'ai demandé une enquête, j'attends les résultats de cette enquête, mais cela ne concerne en rien le ministère de la Santé, qui fort heureusement demande aux soignants toujours la même chose: de soigner tout le monde, avec la même déontologie."
L'AP-HP a reconnu que le fichier nominatif SI-VIC avait parfois inclus "de manière inappropriée" des précisions de nature médicale - comme le fait que telle ou telle victime a été blessée par un tir de LBD ou un coup de matraque - une pratique qu'elle a dit vouloir "corriger".