L'Ordre des médecins dénonce le "fichage" en hôpitaux des gilets jaunes blessés en manifestations

Un manifestant évacué lors de la mobilisation des gilets jaunes, le 22 décembre 2018. - Sébastien Salom-Gomis - AFP
Depuis le 13 avril, plusieurs médecins se sont indignés sur les réseaux sociaux d'un appel à signaler tous les manifestants gilets jaunes qu’ils recevaient aux urgences, pour que leur nom soit renseigné dans la base SI-VIC, un logiciel mis en place après les attentats du 13 novembre 2015 et qui avait pour but de faciliter l'identification des victimes d'attentat.
S'exprimant pour Franceinfo, le docteur Gérald Kierzek, urgentiste à l'Hôtel-Dieu de Paris, a estimé que ce fichage relevait de "la délation" et que le fichier SI-VIC était "détourné".
Vendredi, le Conseil national de l'Ordre des médecins a alors indiqué avoir saisi le ministère de la Santé et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) concernant l'utilisation de ce fichier "dans le contexte du mouvement social dit des gilets jaunes.
Alerté notamment par des médecins "responsables de départements d'information médicale ou de services d'urgence", l'organisme déontologique dit partager "les interrogations de ces médecins au regard du secret médical".
Une plainte déposée par un gilet jaune blessé
Un gilet jaune, blessé le 9 février dernier, a par ailleurs porté plainte vendredi pour "collecte illicite de données à caractère personnel" et "violation du secret professionnel", a annoncé son avocat à l'AFP. Ce manifestant de 30 ans avait eu la main arrachée par une grenade GLI-F4.
Le jeune homme estime que le fichier SI-VIC a été détourné de sa finalité, avec "pour objectif de créer une liste de personnes militantes". Il fait valoir que son nom a "très certainement" été enregistré dans ce fichier sans son accord et que les médecins ont donc potentiellement violé "le secret professionnel" en dévoilant le nom d'un de leurs patients, militant de la cause des gilets jaunes.
"Certains événements politiques comme le mouvement des gilets jaunes révèlent que des administrateurs, des hauts fonctionnaires, peuvent se comporter comme des voyous en violant la loi et en faisant du fichage discriminatoire à raison de l'appartenance politique, et plus odieux encore, au sein même des hôpitaux publics sur des blessés dont certains gravement mutilés", a commenté auprès de l'AFP Arié Alimi, l'avocat du gilet jaune.