"Vous êtes sérieux, là?": Hulot crée la surprise en direct sur France Inter

L'influence des lobbies dans les décisions relatives à l'environnement aurait achevée de convaincre Nicolas Hulot de démissionner - Jean-Francois MONIER / AFP
Nicolas Hulot a provoqué la stupeur ce mardi martin, en annonçant sa démission de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, en direct sur France inter, face à des intervieweurs éberlués.
Quelques minutes après le début de l'interview menée par Nicolas Demorand et Léa Salamé, l'ex-animateur d'Ushuaïa concède qu'il se sent "seul à la manoeuvre" au gouvernement pour lutter contre "la tragédie climatique". Nicolas Demorand lui demande alors s'il va rester dans ses fonctions.
Nicolas Hulot devient soudain solennel: "Je vais prendre pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l'illusion que ma présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur sur ces enjeux-là et donc je prends la décision de quitter le gouvernement."
Le ministre n'avait "absolument pas prévenu!"
"Vous êtes sérieux, là?", lui lance la coprésentatrice Léa Salamé, avec une expression totalement éberluée. La journaliste précise à l'attention des auditeurs que le ministre n'avait "absolument pas prévenu" qu'il allait annoncer sa démission "bien au contraire".
Dans la suite de l'interview, le ministre démissionnaire confirme qu'il n'avait mis personne au courant, ni le président Emmanuel Macron, ni le Premier ministre Edouard Philippe, pas même son entourage. ""C'est une décision entre moi et moi", assure l'ex-animateur d'Ushuaïa qui, fut au début de sa carrière journaliste pour France Inter.
Sur BFMTV, l'éditorialiste de la radio Thomas Legrand a confirmé à quel point l'annonce du ministre avait pris de court ses intervieweurs. "Il avait décidé de démissionner et d'annoncer sa démission dans quelque temps mais en rentrant dans le studio, il a visiblement changé d'avis", a-t-il témoigné, en ajoutant que ses collaborateurs, qui l'accompagnaient pour cette interview, "se sont un peu décomposés".
"Le moment de radio le plus fort que j'ai vécu"
C'est sans doute pour moi le moment de radio le plus fort que j'ai vécu", raconte Léa Salamé dans une vidéo partagée par France inter à l'issue de l'interview. "Vous avez un homme qui dit 'sincèrement, je ne peux pas continuer, je suis trop seul, je n'y arrive pas'. Et c'est totalement sincère." "Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas unique", ajoute à son tour Nicolas Demorand. "Moi, je n'ai pas le souvenir d'une démission de cette nature."
"C'est vrai qu'on avait senti quelque chose de particulier, de différent, une colère froide", se souvient Léa Salamé. "Mais à aucun moment on a senti qu'il allait nous annoncer sa démission".
"Nous avions prévu de lui demander s'il souhaitait rester à son poste en fin d'interview. Quand on a vu un Nicolas Hulot au bord des larmes, la voix sourde et le visage fermé, on a décidé de remonter la question", poursuit Léa Salamé. "Et là, quelle ne fut pas notre surprise!"