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Surveillants poignardés à Condé-sur-Sarthe: "Il y a eu une défaillance", admet Edouard Philippe

Edouard Philippe, le 6 mars 2019 sur BFMTV.

Edouard Philippe, le 6 mars 2019 sur BFMTV. - Capture BFMTV

Invité spécial de "19h Ruth Elkrief" ce mercredi soir, Edouard Philippe est revenu sur les questions sécuritaires et notamment l'attaque des surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe, survenue mardi. Il reconnaît qu'il y a eu une "défaillance", éventuellement à la fouille des visiteurs.

"Il y a eu une défaillance" à la prison de Condé-sur-Sarthe où deux surveillants ont été agressés, a reconnu ce mercredi soir Edouard Philippe, invité spécial de "19h Ruth Elkrief". Pour le Premier ministre, le principal écueil réside dans la fouille des visiteurs de prison: le couteau en céramique qui a servi à attaquer les surveillants aurait pu être introduit de l'extérieur par la compagne du détenu, venue lui rendre visite.

"Cette défaillance aurait pu être tragique, il faut la comprendre et la corriger. La Garde des sceaux a immédiatement lancé une enquête pour connaître cette défaillance et en tirer les enseignements", assure-t-il. "A Condé-sur-Sarthe, il y a manifestement eu une défaillance dans la fouille, principalement dans la fouille des visiteurs. Nous allons faire en sorte que le niveau de fouille puisse être élevé de façon à ce que ces défaillances ne se reproduisent plus", poursuit Edouard Philippe.

"On est en train de rattraper un retard"

Le Premier ministre rappelle qu'un projet de loi "vient d'être adopté" et renforce déjà la capacité de fouiller les détenus. Mais s'agissant des visiteurs, il n'existe pas encore de mécanisme permettant de garantir le plus haut niveau de sécurité. "Je suis partisan de la fouille des visiteurs de sorte que l'introduction d'armes ne puisse pas intervenir", précise-t-il.

Alors que les agressions de surveillants pénitentiaires se succèdent, les syndicats réclament de leur côté plus de moyens de protection et de défense. "On n'a qu'un sifflet et une clé", raille Frédéric Eko du syndicat FO Pénitentiaire. "On est en train de rattraper un retard et de doter les prisons de moyens massifs supplémentaires pour être a la hauteur des enjeux", répond Edouard Philippe. Concrètement, il affirme que le ministère de la Justice a des "plans de construction de prisons, des plans d’équipement en matériel et des plans de recrutement".

Et d'ajouter: "Nous créons aussi rapidement des quartiers étanches pour accueillir ceux qui sont identifiés comme radicalisés. Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. Je prends ces sujets au sérieux car la menace est réelle. Il n'y a pas un jour qui passe sans qu’on œuvre pour la sécurité des Français et nous faisons tout pour donner les moyens à ceux qui livrent ces combats."

Les jihadistes jugés dans le pays où ils ont été arrêtés

Concernant la sécurité des Français se pose également la question du rapatriement des jihadistes interpellés en Syrie ou en Irak. Le Premier ministre atteste que la doctrine de la France consiste à les faire juger là où ils ont été arrêtés.

"Les Français qui partent sur zone de combat sont des combattants contre la France. (Ils) ont commis des crimes en Irak ou en Syrie, (ils) ont vocation à être jugés et punis là-bas", affirme-t-il tout en réitérant sa ferme opposition à la peine de mort. "Nous ne faisons revenir personne", a-t-il insisté.

Toutefois, cette doctrine pourrait être contournée si une déstabilisation des forces en présence - les Forces démocratiques syriennes - était constatée et que ce changement faisait courir un risque de "dispersion et de libération des jihadistes interpellés". 

Ambre Lepoivre