Comment sont fouillés les visiteurs qui entrent dans les prisons?

Un agent de sécurité ouvre la porte de la salle de visite pour les familles du nouveau pénitencier de Nantes, dans l'ouest de la France, le 10 mai 2012. - Frank Perry - AFP
Vers 9h45 mardi, Michaël Chiolo, détenu radicalisé de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne), a attaqué deux surveillants pénitentiaires à l'aide d'un couteau en céramique. Les premières hypothèses soulèvent la possibilité que ce soit sa femme, en visite dans une unité de vie familiale de l'établissement, qui le lui ait apporté. Elle a aidé son mari à agresser le personnel de la prison lors de l'attaque.
"Toutes les personnes qui rentrent en détention passent sous un portique métallique (...) Si ce portique sonne, les personnes doivent enlever les objets métalliques, jusqu'à ce que le portique ne sonne plus. S'il continue à sonner, les personnes peuvent faire l'objet d'une fouille. Si la personne ne souhaite pas faire l'objet d'une fouille, elle ne rentre pas en détention", explique mercredi la ministre de la Justice Nicole Belloubet, sur RMC.
"Législativement, on ne peut pas fouiller un visiteur"
Le système actuel des fouilles est défini par l'article 57 du code pénitentiaire qui explique que "les fouilles intégrales ne sont possibles que si les fouilles par palpation ou l'utilisation des moyens de détection électronique sont insuffisantes". Mais il s'applique surtout aux détenus, le cadre législatif concernant les visiteurs reste flou.
"Législativement, on ne peut pas fouiller un visiteur", explique Yoan Karar, secrétaire général adjoint du Syndicat National Pénitentiaire Force ouvrière, sur RMC mercredi, "le visiteur passe en-dessous du portique, effectivement s'il sonne on propose la palpation, si la personne refuse, elle est dans son droit, et on ne peut pas, nous, à notre niveau, forcer la personne à être fouillée". En cas de refus, l'entrée est interdite. En revanche, "si le portique ne sonne pas, nous n'avons pas lieu de fouiller", continue Yoan Karar.
Des objets dangereux non métalliques
"La plupart des armes elles sont en céramique", explique le syndicaliste. "On peut aussi parler de produits stupéfiants, d'explosifs que le portique ne détecte pas". Cela pourrait être la raison pour laquelle la femme de Michaël Chiolo n'a pas été fouillée, et aurait pu faire pénétrer le couteau en céramique dans la prison.
La ministre de la Justice Nicole Belloubet a déclaré avoir "demandé une inspection pour voir à chaque moment où sont les failles de notre système, et pour prendre les mesures qui s'imposent (...) Il ne me semble pas pensable que l'on puisse entrer en détention avec des objets qui ne puissent pas être détectés".